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Pour le FMI, la Chine et l’Amérique vont sauver la croissance en 2005

jeudi 14 avril 2005, par nassim

Le FMI prévoit que l’activité planétaire progresserait de 4,3% cette année et de 4,4% en 2006. Toujours selon le FMI, la Chine et l’Amérique vont sauver la croissance en 2005.

L’économie internationale tourne rond.

Siège du FMI, Washington DC.

Pour la deuxième fois consécutive, l’ensemble des pays de la planète enregistrera en 2005 un rythme d’expansion sensiblement supérieur à la tendance de ces trente dernières années. En dépit de la flambée du pétrole et malgré le tsunami qui a fait 140 000 morts, sans compter les 15 000 disparus, le Fonds monétaire international (FMI) a maintenu ses prévisions et les a même légèrement relevées pour 2004 par rapport à son diagnostic de l’automne précédent. L’an dernier, la production économique mondiale s’est finalement accrue de 5,1%, un progrès sans précédent depuis trois décennies ; elle devrait encore s’accroître de 4,3% en 2005 et de 4,4% en 2006.

En présentant ces chiffres, l’économiste en chef du FMI, Raghuram Rajan, s’est montré particulièrement satisfait de la performance de l’Afrique subsaharienne, la meilleure depuis une décennie, note-t-il. Cette dernière se trouve exactement dans la moyenne internationale. Il en va de même de l’Amérique latine.

Cette expansion globalement ultrarapide n’en reste pas moins très déséquilibrée. Deux régions restent à l’écart, le Japon et l’Europe de la zone euro, qui n’ont pas confirmé les espoirs mis en eux. L’Euroland n’a progressé que de 2% l’an dernier et 2005 s’annonce sur de moins bons augures (à peine 1,6%). La France s’en tire un peu mieux, mais le 2% qu’annoncent les experts internationaux en 2005 est dans l’extrême bas de la fourchette de prévision du gouvernement Raffarin. « Les ménages européens semblent inquiets des conséquences des réformes sur l’emploi et sur les pensions, et consomment trop peu », constate Raghuram Rajan. Il considère que la Banque centrale européenne ne devrait exclure aucune possibilité et ne pas refuser a priori d’abaisser son taux directeur, actuellement de 2%.

On ne saurait pourtant se méprendre sur les véritables remèdes pour redonner du dynamisme à l’Europe. Bien plus qu’un réglage monétaire plus favorable, les pays européens ont besoin de se réformer en profondeur pour redevenir plus compétitif. « L’Europe ne saurait débattre d’une extension de la semaine de 35 heures, lorsque des call centers partout dans le monde aident les entreprises à travailler 24 heures dans une journée », ironise l’économiste en chef du FMI. Tout aussi assassine, cette remarque : « Avec sa production potentielle (sous-entendu très insuffisante), l’Europe ne peut se permettre son Etat providence actuel. »

La véritable originalité de cette phase de reprise mondiale, spectaculaire à bien des égards, tient à la place de plus en plus importante qu’y occupent les économies émergentes. L’emballement de la croissance chinoise (9,5% en 2004) et dans une moindre mesure de l’Inde (7,3%) est à l’origine de l’hypervolatilité des prix des matières premières et du pétrole. Or ces pressions ne sont pas près de disparaître si l’on songe que la Chine devrait multiplier par quinze le nombre de ses immatriculations d’automobile au cours des vingt-cinq prochaines années, note le FMI.

Plutôt que de se plaindre du pétrole cher qui pénaliserait la reprise, comme on se complaît à le dire en France, on ferait mieux de regarder quel doit être le vrai « prix économique du pétrole », compte tenu des réserves et de l’environnement. Raghuram Rajan ne ménage pas ses avertissements à l’égard des Etats-Unis, dont « les prix pétroliers sont trop faibles et insuffisamment taxés ».

Chacun des grands blocs se trouve soumis à des défis spécifiques considérables : contrairement à son voisin chinois, l’Inde souffre d’un manque d’investissements et d’épargne, qui se manifeste à travers le déficit de ses finances publiques très inquiétant (10% de son PIB).

Quant aux Etats-Unis, leur dynamisme et leur flexibilité les mettent dans une situation aux antipodes de l’Europe. Et pourtant le déficit extérieur et l’insuffisance d’épargne des Américains posent un risque au moins aussi grave que l’instabilité des produits de base. Ces déséquilibres doivent aussi être examinés dans une perspective de long terme : il serait nécessaire que les pays à la population vieillissante comme l’Europe et les Etats-Unis dégagent une capacité nette d’épargne à l’égard des pays en développement. Or c’est exactement l’inverse auquel on assiste, regrette le FMI, les flux de capitaux se dirigeant actuellement du sud vers le nord. La coopération économique internationale a décidément de beaux jours devant elle.

Par Jean-Pierre Robin, lefigaro.fr