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Privatisation des entreprises publiques économiques

mardi 21 décembre 2004, par Hassiba

En Algérie, le gouvernement lance une offre de privatisation sur l’ensemble des entités économiques constituant le secteur public dont la valeur du marché est estimée, selon Yahia Hamlaoui, ministre délégué auprès du chef du gouvernement, chargé de la Participation et de la Promotion des investissements, à 800 milliards de dinars.

Le ministre a annoncé qu’un ensemble de 942 entreprises publiques, affichées sur le site Internet de son département le 9 février dernier, est destiné à la privatisation. La liste des entreprises n’est, cependant, pas exhaustive. La privatisation des entreprises du secteur public économique touche, en effet, l’ensemble du secteur qui compte en son sein 1280 entités.

A l’instar des trois entreprises (dites stratégiques) Sonatrach, Sonelgaz et la SNTF, la privatisation du Groupe presse et communication n’est pas à l’ordre du jour. En indiquant les noms des entreprises à ne pas privatiser, le ministre montre facilement ainsi que tout le reste du secteur public est destiné à la vente totale ou partielle au profit des investisseurs nationaux et étrangers ou encore aux salariés de l’entreprise concernée.

« Quand je parle de privatisation, il s’agit d’entreprises qui sont affiliées aux SGP (Sociétés de gestion des participations de l’Etat, ndlr) », a affirmé hier, comme pour mieux délimiter le champ d’action, M. Hamlaoui lors de l’émission hebdomadaire de la Chaîne III « Questions de l’heure ». La précision vient à point nommé au moment où l’on est encore à s’interroger sur la privatisation des banques. Ces dernières sont-elles concernées par ce programme de privatisation ? Pour le ministre, « les banques font l’objet d’un autre dispositif ». « Les banques ne sont pas dans les SGP », a-t-il répondu à la question des journalistes, tout en précisant que le dossier en question est pris en charge par le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou. Invité à donner de plus amples explications sur l’élargissement du programme des privatisations, le ministre a affirmé s’en tenir aux déclarations faites jusque-là sur la libéralisation du secteur des hydrocarbures et considère, pour ce qui est de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF), que le projet de sa privatisation nécessite d’abord « un diagnostic », lequel « sera examiné en temps opportun ».

604 manifestations d’intérêt
M. Hamlaoui a affirmé avoir recensé 604 manifestations d’intérêt pour des prises de participation au niveau de 311 entreprises publiques, dont 49% sont exprimées par des nationaux, 37% par des étrangers et 13 à 14% par des travailleurs salariés. La composition par secteur de ces manifestations d’intérêt est la suivante : 13 à 14% dans l’agroalimentaire, 4% dans le BTPH, 25% dans la mécanique-électricité, 25% dans le machinisme, 13% dans les services, 17% dans les ex-EPL et les activités manufacturières. Pour l’orateur, l’on assiste à « un frémissement du marché au niveau de la privatisation ». Toutes les manifestations d’intérêt ne sont pas forcément concrétisables. Il affirme, à ce propos, qu’elles sont « contrastées ». En tout cas, pour le maître d’œuvre du chantier des privatisations, il y a une certitude : « A la fin 2004, on dépassera le nombre de 100 entreprises privatisées, négociées et concrétisées. » Mais aucun nom de groupes étrangers ou d’opérateurs nationaux ne sera divulgué.

Interrogé sur le sort des entreprises qui n’auront pas trouvé de repreneurs, le ministre, visiblement gêné de prévoir un tel scénario, a préféré avoir cette réponse : « Je ne sais pas ; le marché ne s’est pas encore exprimé. » La dissolution peut-être ? Rien n’est évident en fait. Justifiant le recours à la privatisation comme mode de revitalisation d’un secteur public économique de plus en plus agonisant, le ministre ne manquera pas de souligner que la part de marché du secteur public est en train d’être laminée, passant de 24 à 13%. Il rejettera dans la foulée le mot « bradage » des entités publiques.

Comme pour mieux se défendre contre ceux qui ne cessent de prévenir contre le bradage des entreprises publiques, M. Hamlaoui a cru utile et nécessaire de rappeler que toute décision de privatisation passe successivement par les canaux du conseil d’administration de l’entreprise concernée, de son assemblée générale, de la SGP, du ministère, avant d’atterrir au niveau du Conseil des participations de l’Etat (CPE). Le ministre identifie ceux qui accusent de bradage de « vouloir freiner la privatisation ». Cependant, il invitera l’opinion à retenir que la privatisation n’est pas « un acte volontariste ». Selon lui, celle-là « dépendra de la demande et de la fiabilité des projets industriels ». D’après lui, « 2005-2006 sera capitale », même s’il ne veut pas se déterminer quant aux délais de marché de la privatisation.

Par A. Benyahia, El Watan