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Quand la pollution fait grossir

jeudi 14 avril 2005, par nassim

Et si la qualité de l’air que l’on respire faisait grossir ? C’est la conclusion d’une étude très sérieuse menée par des chercheurs en nutrition humaine basés à Nancy.

Les travaux ont montré que l’air vicié injecté à des souris faisait enfler les rongeurs. La pollution viendrait donc s’ajouter aux autres facteurs connus de l’obésité comme la sédentarité et l’effet de "snacking".

Test sur des souris

La pollution pourrait

La pollution serait un facteur de prise de poids.

faire grossir en bloquant la sortie des lipides des cellules adipeuses : c’est ce que laisse entendre une étude menée par des chercheurs en nutrition humaine de l’Ecole nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires (ENSAIA-INPL) à Nancy. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont injecté chez des souris un certain nombre de polluants de la vie quotidienne : des gaz d’échappements, d’usines d’incinération et de barbecues, mais aussi des dioxines. Ils ont utilisé des concentrations à peu près égales à celles auxquelles nous sommes exposés.

Quinze jours plus tard, les souris sont passées sur la balance. Et elles se sont arrondies, explique Luc Méjean, professeur à l’ENSAIA-INPL : "Nos souris, qui pèsent en général de l’ordre de 25 grammes, ont pris dans ce laps de temps un gramme de plus que leurs collègues qui n’étaient pas polluées. Ca fait une proportion relativement importante. Si on la rapporte à un homme de 70 kilos, cela correspond à une prise de poids de 2 à 3 kilos".

Un facteur jamais envisagé

Explication des chercheurs : les polluants empêchent les lipides qui sont entrés dans les cellules graisseuses de ressortir par la suite. Ils ferment à clé les portes de sortie. Les lipides ne peuvent plus être utilisés par l’organisme entre les repas, ils sont piégés dans la graisse. Les souris grossissent. Précision importante du professeur Méjean : "La dose de polluants administrée était 100 fois plus faible qu’une dose toxique mais équivalente à une exposition qu’on peut trouver à 100 mètres d’une autoroute".

Il va maintenant falloir vérifier cette hypothèse chez l’homme. Selon les chercheurs responsables de l’étude, la pollution pourrait expliquer en partie la progression de l’obésité. C’est un facteur qui n’avait jamais été envisagé. Outre un éventuel facteur d’obésité, ces molécules béta bloquantes peuvent expliquer la montée des allergies et de l’asthme, souligne encore l’étude.

Par Carole Laporte-Many, rtl.fr