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Relance du processus de privatisation

dimanche 21 novembre 2004, par Hassiba

Le gouvernement d’Ahmed Ouyahia a-t-il enfin réussi à défricher le dossier de la privatisation des entreprises publiques économiques des multiples obstacles empêchant la concrétisation d’une telle option qui pourrait avoir des conséquences douloureuses sur le plan social ô combien nécessaire compte tenu que ces dernières ont longtemps bénéficié des finances publiques pour leur sauvegarde au détriment d’autres priorités d’ordre socioéconomique.

Dès lors une question s’impose : Faut-il comprendre que ce même Exécutif a pris la ferme volonté d’en finir avec cet épineux dossier qui pèse lourdement sur les deniers de l’Etat ? Ou a-t-il fini par admettre que le processus de privatisation était jusque-là un échec probant pour continuer à se cacher la face et laisser entretenir le doute sur le bien-fondé d’une telle option ?

Celle-ci, décidée et approuvée par les deux chambres législatives, en 1995, a, en fait, débouché sur de piètres résultats. En clair, le processus de privatisation entamé depuis une dizaine d’années a donné lieu à seulement deux cas de privatisation : le groupe sidérurgique d’El Hadjar, repris par l’indien Ispat, et l’entreprise d’engrais et détergents Enad, reprise par l’allemand Henkel. De plus, les relations financières entre les banques publiques et les entreprises publiques n’ont cessé de se détériorer malgré les injonctions des pouvoirs publics ordonnant aux institutions fiduciaires d’accorder encore des créances à des sociétés moribondes qui, sous d’autres cieux où la logique économique est de mise, auraient eu vite fait de mettre la clé sous le paillasson.

En fait, on a surtout évité ce cas de figure pour des raisons que personne n’ignore : la fronde des travailleurs touchés et leurs faire-valoir par la voie de leur syndicat devenant difficiles à gérer. Mais comment sortir de cette impasse ? Une tentative d’aborder le dossier des privatisations avec plus de perspicacité a eu lieu avec l’idée de faire un profond constat sur l’état des lieux. C’est ainsi que les statistiques officielles rapportent que, sur l’ensemble des entités économiques, 263 entreprises sont considérées comme durablement déstructurées et déficitaires, alors que le nombre de celles dites « insuffisamment performantes » avoisinerait les 600. Ce qui démontre l’urgence de trouver une solution radicale pour remettre sur les rails les entreprises dites solvables ou de passer à la fermeture pure et simple des autres en espérant leur trouver un partenaire et dans le cas contraire les céder totalement. De telles perspectives ne sont pas sans susciter une levée de boucliers de la part du partenaire social. Ce à quoi le chef du gouvernement vient de répondre lors de son intervention à propos des décisions prises et concernant la relance du processus de privatisation. Se voulant rassurant à l’égard des partenaires sociaux, Ahmed Ouyahia a affirmé que « toute offre d’investissement doit être bénéfique pour l’économie nationale et pour le Trésor public, préservant les postes d’emploi et en créant d’autres ». Cela dit, on ne peut que s’associer à cette optique tant que celle-ci demeure du domaine du réalisable. Mais il reste que de nombreuses entreprises risquent de ne pas trouver preneur. Et c’est sur ce cas de figure que devrait se pencher dès à présent le gouvernement. Des courants pensent déjà à leur cession symbolique, une éventualité qui ne fait pas l’unanimité au sein de la classe des décideurs. Mais tôt ou tard, le besoin de trancher sonnera aux portes car l’économie de marché ne saurait s’accommoder d’actifs dormants.

Par Ziad Abdelhadi, La Tribune