Ségolène Royal investie par les socialistes

Sur ce choix en soi personne n’a rien à redire. Même les plus concernés, c’est-à-dire les deux concurrents de Royal, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, n’ont pas remis en cause la décision des militants du PS. Mais au-delà du haut degré de démocratie qui a accompagné la campagne d’une forme inédite menée au sein du parti de Hollande, et au-delà du choix indiscutable des socialistes français, la question qui mérite d’être posée est certainement celle de savoir si cette décision était la meilleure.

De l’avis de tous les observateurs, les faiblesse majeures de Ségolène Royal se situent au niveau de son discours qui « chasse » à droite et sur le plan de la politique extérieure dans lequel elle manifeste des insuffisances certaines. Avec ces faiblesses, il sera fort difficile à la candidate du PS de résister à au candidat de l’UMP qu’il soit Nicolas Sarkozy, Dominique De Villepin et même Jacques Chirac. Sachant que, a priori, la lutte pour l’Elysée devra concerner les deux grands partis français, le fait de désigner Ségolène Royal pour affronter le candidat de l’UMP pourrait, de prime abord, se révéler une erreur stratégique d’envergure qui donnerait toutes ses chances au parti de Sarkozy.

Par ailleurs, force est de reconnaître que le parti socialiste a marqué une évolution positive certaine, tant dans la manière de désigner ses candidats, ce qui, en soi, peut être considéré comme une véritable leçon de démocratie, que dans celle de concevoir ces derniers (ce qui ne manquera certainement pas de donner des idées au sein de l’UMP). Néanmoins, il serait intéressant de savoir si les électeurs français dans leur ensemble vont suivre, s’ils acceptent, en quelque sorte, l’invitation qui leur est faite par les socialistes afin de tourner la page des dinosaures et celles des éléphants, s’ils acceptent, enfin, de relever le défi lancé par les militants du PS pour déraciner les anciennes conceptions, creuses et figées, quant au choix de ceux qui doivent présider à la conduite de la France.

En d’autres termes, le défi socialiste lancé aujourd’hui, par le choix de Ségolène Royal, au reste des Français est celui, tout simplement, d’être moins conservateurs, d’être plus « légers », d’être plus détachés d’une image trop archaïque de la réalité. Les Français, trop attachés au système social le plus lourd d’Europe, ont beaucoup de raisons pour rejeter le libéralisme sauvage proposé par Sarkozy, mais ces mêmes Français, trop récalcitrants aux changements d’envergure, comme ce fut le cas lors du rejet de la Constitution européenne, ont aussi beaucoup de raisons pour ne pas jouer la carte de Ségolène Royal.

Synthèse de Kahina, algerie-dz.com
D’après le Quotidien d’Oran