Accueil > ECONOMIE > Services informatiques : le défi européen face à la croissance de l’Asie

Services informatiques : le défi européen face à la croissance de l’Asie

vendredi 25 mars 2005, par Hassiba

Selon les spécialistes, l’industrie informatique européenne doit saisir l’opportunité offerte par la croissance du marché asiatique en adaptant ses produits à la demande locale.

Alors qu’il se remet tout juste de la crise du début des années 2000, le marché européen de l’informatique est confronté à un nouveau défi : la montée en puissance de la région Asie-Pacifique.

Selon un rapport du cabinet KPMG Consulting (intitulé "Convergence Gathers Pace"), le marché asiatique devrait connaître cette année un taux de croissance de 7%, contre 4% en Europe.

En 2004, l’Asie aurait dépensé 650 milliards de dollars en logiciels, matériels, solutions informatiques et services de communication ; chiffre qui devrait passer à 800 milliards en 2007. La région enregistre une forte croissance du nombre d’usagers de la téléphonie mobile (10 millions de nouveaux abonnés par mois) et des investissements dans les réseaux de communication haut débit. Enfin, la convergence de la téléphonie fixe et mobile, d’une part, et de la voix et des données, d’autre part, est déjà bien engagée. Cette tendance devrait se poursuivre, affirme KPMG.

Mais c’est l’externalisation des services informatiques qui donne un vrai coup de fouet, notamment à l’Inde et à la Chine. Ces pays doivent toutefois faire face à certains défis dans ce domaine, principalement en raison de deux facteurs : la hausse des coûts ainsi que la nécessité pour les prestataires de services d’offrir plus de valeur ajoutée aux clients et de dispenser des services à plus forte marge - au-delà des seuls centres d’appels et autres prestations de base.

L’Asie ne se contentera plus d’activités à faible valeur
« On baisse les coûts en externalisant vers l’Asie-Pacifique. Or on constate que cela ne suffit pas au marché asiatique. Ce qu’ils veulent, c’est progresser dans la chaîne de valeur », indique Crispin O’Brien, directeur de la technologie chez KPMG.

La concurrence féroce des entreprises informatiques asiatiques ne doit cependant pas faire oublier aux sociétés européennes que cette région représente une opportunité pour y vendre des produits technologiques grand public.

« Le défi consiste à comprendre ce que veulent les consommateurs », prévient Crispin O’Brien. « Nokia et Vodafone ont appris qu’il ne suffisait pas d’avoir une offre de produits à l’international. Les produits doivent être adaptés à chaque marché. »

Concernant la croissance du marché informatique européen, le rapport 2005 de l’European Information Technology Observatory (EITO) prévoit également qu’elle devrait augmenter de 4% en 2005, contre 3,3% en 2004 et 0,9% en 2003.

Le Royaume-Uni devancera de peu le reste de l’Europe et les États-Unis, avec une croissance prévisionnelle de 4,6% en 2005 contre 3,9% aux États-Unis.

Malgré ces prévisions optimistes, les cabinets d’analyses Ovum et Indepen Consulting notent que les investissements européens en matière de technologie accusent toujours du retard.

Si cette tendance se poursuit, les niveaux de productivité en Europe pourraient tomber en deçà de ceux des États-Unis et même de certains pays asiatiques. En outre, ces faibles niveaux d’investissement pourraient pénaliser le Vieux Continent en termes de concurrence à l’international, de menaces sur l’emploi et de croissance du marché, conluent-ils.

Par Sylvia Carr
Silicon.com