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Sonelgaz s’explique sur les coupures de courant

lundi 1er août 2005, par Samir

Noureddine Boutarfa, PDG de Sonelgaz, a mis l’accent sur les agressions constantes que subit le réseau du géant algérien de l’électricité : constructions anarchiques, travaux endommageant les câbles souterrains et absence des services de contrôle, etc.

Noureddine Boutarfa, PDG de Sonelgaz.

M. Boutarfa (patron de Sonelgaz), au cours d’une conférence de presse organisée hier, a indiqué qu’il n’y aura pas en principe de coupures d’électricité à l’échelle du territoire national par manque d’énergie au cours du mois d’août, une période de forte demande. Les moyens de production actuels de Sonelgaz, a-t-il ajouté (une capacité de 6 700 MW à fin 2004), peuvent faire face à des pics de la demande, soit 5 200 MW enregistrée en juillet. Une comparaison entre le pic de juillet de l’année dernière et celui de 2004 montre un important écart : 520 MW de plus que le mois dernier, soit l’équivalent de la consommation d’Alger et de Boumerdès. La différence n’était que de 172 MW entre le pic de juillet 2004 et celui de juillet 2003. Pour dire que la demande est exacerbée cet été.

Par ailleurs, dans les prochains jours, une tranche de la centrale électrique d’Arzew, une autre de celle de Skikda seront réceptionnées. Ce qui permettra de parer à un pic de la demande beaucoup plus important. Mais les réseaux d’alimentation en électricité vont-ils suivre cette hausse de la demande ? C’est moins sûr. Les réseaux d’alimentation de la population en électricité ne sont pas à l’abri d’une défaillance. “Des incidents ne sont pas à exclure au mois d’août”, a laissé entendre le P-DG de Sonelgaz. Autrement dit, des coupures d’électricité ne sont pas à écarter à l’échelle du territoire national. Car ces réseaux sont sensibles à la pollution, aux multiples agressions et à une demande plus forte, résume le P-DG de la compagnie nationale.

Sonelgaz s’attache à les éviter, du moins à ce qu’elles durent le moins de temps possible. Le patron de Sonelgaz a fait valoir que la compagnie nationale a réussi tout de même à assurer la disponibilité continue de l’énergie sur tout le territoire national sans problème ces deux dernières années, en dépit des contraintes de l’environnement. Mais pour sécuriser totalement les réseaux de Sonelgaz, c’est-à-dire zéro coupure ou très peu de coupures à l’échelle du territoire national, il faudra investir 10 milliards de dollars supplémentaires. L’Algérie n’a pas les moyens financiers pour réaliser un système d’alimentation hypersécurisé, a soutenu le P-DG de Sonelgaz.

La climatisation à l’origine d’une forte tension de la demande
Outre la pollution, il y a en été une progression de la demande qui n’a pas été prévue en raison de la généralisation de la climatisation. Les ménages sont en train de s’équiper massivement de climatiseurs. Ce qui tire fortement la demande. La croissance de la demande est de plus de 10% due principalement à la climatisation en été (croissance de 6%/an prévue). “La demande en été est en train de s’approcher de celle de l’hiver : un pic de 5 200 MW en juillet, un pic de 5 400 MW l’hiver dernier. Cette tendance est observée dans des pays européens comme l’Espagne et la France”, a relevé M. Boutarfa. À moyen terme, Sonelgaz pourra mieux souffler. Avec la mise en service totale de la centrale de Skikda de 825 MW en 2006, de Berrouaghia de 500 MW en 2007, Hadjeret Ennous au Centre de 1 200 MW en 2008, il n’y aura pas de problème de manque d’énergie.

Sonelgaz prévoit même une capacité de réserve pour pouvoir assurer aisément l’entretien des installations industrielles. Sonelgaz met aussi le paquet sur la réhabilitation et le développement des réseaux de transport et de distribution durant son plan de modernisation 2005-2009 (investissement de 7,1 milliards de dollars dans l’électricité d’ici à 2009 : 2 dans le transport, 2,7 dans la distribution). Par ailleurs, une dorsale de 400 kilovolts permettant le transfert de grandes quantités d’électricité d’Est en Ouest sera achevée en 2008.

L’interconnexion avec le Maroc et la Tunisie avec des lignes de 400 KV sera bouclée également en 2008, permettant le recours aux réseaux voisins en cas d’incidents et surtout d’exporter de l’électricité vers le Maroc et la Tunisie, voire l’Europe en attendant l’achèvement de la boucle euroméditerranéenne en 2010. L’Algérie sera alors intégrée au réseau européen d’électricité.
À noter que le patron de Sonelgaz a révélé que les factures d’électricité seront bien plus chères concernant les industriels et les commerçants, sans doute à partir de l’an prochain, pour les obliger à adopter des solutions économisant l’énergie.

Par Liberté