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Textile : Les industriels américains veulent revenir aux quotas

vendredi 25 mars 2005, par Hassiba

L’industrie textile américaine a engagé une bataille pour tenter de limiter les importations chinoises. Elle veut obtenir de son gouvernement l’instauration de barrières tarifaires d’urgence.

Les Etats-Unis ont, en effet, le droit de décider unilatéralement des quotas en cas de danger pour une activité, selon des clauses de l’accord commercial conclu en 2001 avec la Chine pour appuyer son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

"Depuis le 1er janvier, la Chine est libre d’inonder le marché avec tout le textile qu’elle peut produire, explique Cass Johnson, président du Conseil national des organisations du textile. Les dommages se produisent actuellement. Nous ne pouvons pas attendre, il y a urgence."

L’industrie textile américaine emploie 673 000 personnes ; 374 000 emplois ont déjà été supprimés depuis 2001. Selon le département américain du commerce, les importations de textile venant de Chine ont augmenté de 34 % en janvier.

Concurrence déloyale, soutiennent les fabricants : Pékin sous-évalue sa devise, finance ses entreprises avec des crédits bonifiés et tolère des conditions de travail qui seraient inimaginables aux Etats-Unis, disent-ils.

L’ambition finale des industriels est de revenir à l’Accord multifibre arrivé à échéance le 31 décembre 2004, qui limitait les exportations chinoises. Ils espèrent rallier assez de pays pour amener l’OMC à le remettre en place jusqu’en 2008.

"Ce n’est pas une question importante seulement pour l’industrie américaine, mais pour les producteurs de textile dans le monde entier, martèle Lloyd Wood, porte-parole de la Coalition des industriels américains pour l’action commerciale. Si vous demandez à un ouvrier s’il veut perdre son travail en 2005 ou en 2008, la réponse est assez facile à trouver. Je ne pense pas que le monde a intérêt à voir les économies de dizaines de pays déstabilisées."

De telles propositions ne font pas l’unanimité. Ainsi, pour Laura Jones, directeur d’USA-ITA, l’Association des importateurs de textiles et de vêtements, réintroduire des restrictions à l’importation via l’OMC "n’a aucune chance d’aboutir".

Sous la pression, le gouvernement américain met cependant en place un nouveau système permettant de mesurer en temps réel, aux frontières, les importations de textile. Ce système sera opérationnel début avril.

L’administration aura alors des arguments incontestables pour accepter ou refuser de mettre en place des quotas. Mais Washington se montre prudent, tenant à préserver ses relations avec Pékin.

Par Eric Leser, www.lemonde.fr