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Textile chinois : Pascal Lamy tempère

mardi 17 mai 2005, par nassim

L’ancien commissaire européen au commerce et unique candidat à la présidence de l’OMC, le français Pascal Lamy, estime que les règles de l’OMC devaient prévaloir dans la crise du textile qui oppose la Chine aux Etats-Unis et à l’Union européenne.

Pascal Lamy rappelle les règles de l’OMC.

"Les règles existent, l’essentiel maintenant c’est que les ajustements se fassent à l’intérieur des règles qui existent", a déclaré l’ex-commissaire européen du Commerce, lors de la présentation du XIXe rapport Cyclope sur les échanges mondiaux. Les Etats-Unis et l’Union européenne subissent de plein fouet un déferlement de textiles chinois à bas prix depuis la suppression, le 1er janvier, des quotas sur ces produits. "Ce qui est en train de se passer n’est pas quelque chose de soudain et d’imprévisible", a souligné Pascal Lamy, qui a rappelé que les règles de l’OMC avaient été "négociées par les partenaires". "Quand on regarde les déclarations ici ou là - au Nord, au Sud, à l’Est et à l’Ouest - on se prend parfois à rêver que telle ou telle déclaration se fasse avec une meilleure connaissance de ces règles", a-t-il dit.

Il a cependant déploré qu’une "grande partie" des exportations chinoises ait été réalisée "au détriment d’exportations d’autres pays en voie de développement". Il a notamment cité le Pakistan, le Bangladesh, le Sri Lanka, l’île Maurice, la Turquie et d’autres pays méditerranéens. "La disparition des quotas de textiles a changé la donne du commerce international de ces produits", a expliqué Pascal Lamy, qui a souligné le caractère "dérogatoire" de la clause de sauvegarde "spécifique" à la Chine prévue par l’OMC.

"Cette clause permet aux pays importateurs dans un certain nombre de conditions qui sont spécifiées dans cette clause de prendre des mesures de sauvegarde qui ne visent que la Chine."

MANDELSON VEUT AGIR POUR LES TEE-SHIRTS ET LE LIN

Depuis la fin des quotas, les importations en Europe de produits "made in China" ont augmenté dans des proportions parfois phénoménales (+534% pour les pull-overs au premier trimestre, +413% pour les pantalons pour hommes). Face à cet afflux, sept Etats membres de l’UE, dont la France, ont réclamé la mise en oeuvre de "mesures de sauvegarde" pour limiter ce déferlement. Les Etats-Unis envisagent pour leur part le rétablissement de quotas.

La Commission européenne a ouvert le 29 avril une enquête sur l’impact de la hausse des importations de neuf catégories de textiles, qui ont dépassé le seuil d’alerte fixé par l’Union européenne depuis la suppression des quotas le 1er janvier 2005. Le commissaire européen au Commerce extérieur, Peter Mandelson, a proposé mardi d’ouvrir des négociations formelles avec la Chine pour enrayer la hausse des importations de deux de ces neuf produits, les T-Shirts et le lin à tisser.

Dans un communiqué, Peter Mandelson, dont la proposition doit être entérinée par tous les commissaires et recueillir l’approbation d’une majorité qualifiée d’Etats membres de l’Union européenne. Si l’enquête ouverte par l’UE conclut que l’industrie textile européenne est affectée par cette hausse brutale, l’UE peut demander à Pékin des consultations formelles pour limiter les exportations et, si ces négociations échouent, réimposer des quotas d’importation.

Source : reuters