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Textiles : la tension monte entre l’UE et la Chine

mardi 26 avril 2005, par Hassiba

Le conflit naissant entre l’Union européenne et la Chine est entré dans une phase d’escalade, avec l’annonce officielle de l’ouverture d’enquêtes par la Commission européenne, la demande d’une procédure d’urgence par la France et une mise en garde très sèche de Pékin sur le risque de détérioration des relations bilatérales.

La Commission européenne a confirmé mardi que

Une boutique de vêtements importés de Chine, à Madrid.

les enquêtes détaillées sur neuf produits textiles chinois importés dans l’UE pourraient commencer officiellement le 29 avril, lançant ainsi une procédure qui pourrait conduire au déclenchement des clauses de sauvegarde prévues dans les accords d’adhésion de la Chine à l’OMC. Bruxelles a par ailleurs confirmé avoir reçu la demande française d’un recours à la procédure d’urgence permettant de courcircuiter la phase des consultations informelles avec Pékin et de plafonner rapidement les entrées de produits chinois sur le marché communautaire. La Commission va examiner cette demande, a simplement déclaré Claude Veron Reville, porte-parole du commissaire européen pour le Commerce Peter Mandelson.

De Hong Kong, où il se trouvait en transit, le commissaire a renouvelé son appel aux Chinois pour qu’ils autolimitent leurs exportations, qui se sont envolées de manière spectaculaire après la disparition, le 1er janvier 2005, des derniers quotas encadrant les échanges internationaux dans ce secteur.

"Il est dans l’intérêt de la Chine elle-même de prendre les dispositions nécessaires pour éviter des mesures de sauvegarde formelles", a affirmé M. Mandelson, qui a privilégié dès l’origine le dialogue avec Pékin sur ce dossier sensible.

Auparavant, le gouvernement chinois avait renouvelé sa mise en garde aux Européens sur les conséquences qu’aurait une action unilatérale de Bruxelles. "Nous espérons que l’UE est consciente de l’impact négatif", avait déclaré le porte-parole du ministère du Commerce, Chong Quan, ajoutant : "Nous espérons que l’UE s’abstiendra d’influencer le commerce bilatéral en agissant unilatéralement".

Ce contentieux entre Chinois et Européens, premier accroc sérieux depuis l’entrée de la Chine à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) en novembre 2001, risque en effet de déborder le seul cadre des échanges textiles.

"C’est un premier grand test de l’attitude de la Chine depuis son adhésion à l’OMC. La Chine doit se comporter de manière responsable", a jugé le ministre délégué aux affaires étrangères du Luxembourg, Nicolas Schmit, dont le pays préside actuellement l’UE.

Pour un diplomate bruxellois, "les Chinois ont besoin de comprendre que l’Europe n’est pas un ventre mou". Il relève que Pékin fait ainsi fortement pression sur l’UE pour se voir décerner le statut d’économie de marché mais semble accepter sans problème le refus des Etats-Unis d’accéder à la même demande.

A cette dimension politique s’ajoute le problème des taux de change, la compétitivité de la Chine étant dopée par la sous-évaluation de sa devise, le yuan.

"Nous attendons des Chinois qu’ils regardent le problème textile sous l’aspect volume mais aussi sur le volet taux de change", explique ce diplomate.

En visite à Bruxelles mardi, Jean Arthuis, président de la commission des finances du Sénat français, évaluait entre 30 et 40% l’avantage prix donné à la Chine par le rattachement de sa monnaie au dollar américain.

L’ancien commissaire européen à la concurrence Mario Monti s’est de son côté élevé contre le procès instruit un peu vite contre Bruxelles dans certaines capitales nationales.

"La plupart des actions à mettre en place lorsque vous savez que vous disposez de dix ans pour un réajustement, (ce sont) des actions au niveau national", a-t-il dit.

L’élimination des quotas à l’origine de bouleversements majeurs dans les échanges textiles était acquise en 1995, les différents acteurs ayant disposé d’une période de transition de 10 ans pour s’y préparer, rappelle-t-on.

Source : AFP