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Tifra (Tigzirt ) : Un village oublié

mardi 30 mars 2004, par Hassiba

Quarante-deux ans après l’indépendance, les villageois de Tifra continuent d’emprunter des pistes ouvertes par la Section administrative spécialisée française (SAS) datant de l’époque coloniale.

“Après des décennies de patience, d’espérance et d’attente, vous restez le seul recours à qui nous lançons le SOS d’un village ignoré et enclavé depuis l’indépendance. Il s’agit de Tifra, à 8 km au sud de Tigzirt, chef-lieu de daïra.”
Ne voyant rien venir de la part de la “houkouma”, les habitants de ce petit hameau de 4 500 âmes ont décidé de saisir par écrit le wali de Tizi Ouzou.

“S’agissant du devoir de libération de notre patrie, ce village a sacrifié ses meilleurs enfants pour que vive l’Algérie indépendante que l’on croyait prospère, plus équitable, développée et où la misère serait bannie à jamais. Malheureusement, nous continuons à emprunter les pistes ouvertes par la Section administrative spécilaisée française, ouverte à l’époque à des fins militaires, pataugeant dans la boue en hiver et respirant des nuages de poussière en été.”

Le constat dressé par les habitants de Tifra est alarmant. Les populations rurales condamnées à l’exode s’installent dans les périphéries des villages, dans l’espoir d’une vie plus clémente.
Les jeunes sont au chômage. Ils ne font qu’errer du matin au soir. “La grande majorité des responsables locaux ne se sont occupés que de leurs intérêts personnels au détriment de ces populations que l’on essaye de faire patienter avec de fausses promesses, et ce, depuis l’indépendance”, dira M. Ali Ledjkane, membre du comité du village.

Sur un autre plan, les villageois font face à une pénurie d’eau potable, été comme hiver. “des sommes faramineuses ont été englouties dans l’AEP, sans pour autant permettre aux citoyens d’accéder à l’eau courante, qui est un droit ! Les autorités locales ne se manifestent malheureusement que suite à un mouvement de contestation de la population.” et d’ajouter : “Il est regrettable de rappeler que ce village qui constituait le phare du savoir et de la connaissance se retrouve aujourd’hui à la traîne du progrès et de la modernité (...) le colonialisme, dans sa stratégie de pacification, a jugé nécessaire de construire une école dans ce village pour rallier à sa cause cette population frondeuse et rebelle.

La génération ayant fréquenté cette école a servi à l’encadrement des premiers noyaux de la révolution armée.” Dans une correspondance adressée au wali de Tizi Ouzou, les habitants de Tifra sollicitent l’aide de l’administration pour trouver des solutions appropriées aux problèmes posés et donner la possibilité aux jeunes et universitaires d’apporter leur contribution au développement de leur région.

A. Tahraoui, Liberté