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Vaste programme américain sur la génétique du cancer

mardi 5 avril 2005, par Hassiba

Après la cartographie du génome humain, c’est au séquençage de l’ADN de milliers d’échantillons de tumeurs humaines que vont s’attaquer les scientifiques américains.

Baptisé Human Cancer Genome Project (Projet génome cancer humain), l’entreprise devrait largement dépasser en ampleur le Projet génome humain, indique le New York Times du lundi 28 mars. D’un coût estimé à environ 1,35 milliard de dollars sur neuf ans, le projet permettrait la constitution d’une banque de données sur les mutations génétiques impliquées dans les différents types de cancers.

La démarche des scientifiques sera d’identifier les modifications présentes dans l’ADN des cellules cancéreuses en les comparant au code génétique des cellules normales. Certaines mutations de l’ADN tumoral font l’objet d’une transmission des parents à leurs enfants, mais la plupart sont acquises, sachant que nous pouvons être exposés à différents agents cancérogènes (radiations, virus, produits chimiques, etc.). L’anomalie génétique que constitue la mutation va entraîner la production d’une protéine elle-même anormale et être à l’origine d’un cancer.

LIMITATIONS FINANCIÈRES
Cependant, plusieurs mutations peuvent être en cause. Un cancer peut aussi résulter de l’inactivation d’un gène lorsqu’une substance se combine à l’ADN cellulaire sans qu’il y ait de mutation, un phénomène décrit sous le nom de changement épigénétique. Mutation et changement épigénétique peuvent enfin se combiner dans les mécanismes de cancérogenèse.

Le Projet génome cancer humain, présenté en février à l’Institut national du cancer (NCI), a été élaboré par un groupe de scientifiques dirigé par Eric Lander, directeur de l’Institut Broad de Cambridge (Massachusetts), et Leland Hartwell, président du centre de recherche sur le cancer Fred-Hutchinson à Seattle et colauréat du prix Nobel de médecine (2001). Parmi les principaux rédacteurs du projet, figure Harold Varmus, lui aussi colauréat du prix Nobel de médecine (1989) et ancien directeur des Instituts nationaux de la santé (NIH). Devenu président du centre du cancer du Mémorial Sloan-Kettering à New York, Harold Varmus estime que le projet pourrait "complètement modifier notre manière d’aborder le cancer."

Deux des instituts regroupés au sein des NIH devraient prendre une part prépondérante dans le financement du projet : l’Institut national du cancer et l’Institut national de recherche sur le génome humain. Au moment où le gouvernement américain serre la vis sur bon nombre de budgets, le Congrès devrait être sollicité, mais aussi l’industrie pharmaceutique, selon Eric Lander.

Ces limitations financières ont conduit les auteurs du projet à circonscrire leurs ambitions. Pas question d’entreprendre le séquençage de l’ensemble de l’ADN tumoral. Les recherches porteront sur 250 échantillons de chacun des 50 principaux types de cancers, soit un total de 12 500 échantillons. Le budget de 1,35 milliard de dollars table sur une chute des coûts de séquençage au dixième de leur montant actuel au cours des prochaines années.

Par Paul Benkimoun, lemonde.fr