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Mortalité maternelle et infantile : le Maroc après la Tunisie et avant l’Algérie

samedi 9 avril 2005, par nassim

La mortalité maternelle et infantile reste inquiétante en Afrique du Nord : Algérie, Tunisie et Maroc.

Inacceptable. Chaque année plus d’un demi-million de femmes meurent au cours de la grossesse et des suites de l’accouchement alors que 10,6 millions d’enfants perdent la vie. 40% d’entre eux décèdent pendant le mois qui suit leur mise au monde. Ces chiffres alarmants ont été dévoilés par l’OMS, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé qui coïncide avec le 7 avril de chaque année et qui est consacrée cette année à la promotion de la santé de la mère et de l’enfant.

Au Maroc, le taux de mortalité maternelle est relativement bas par rapport à d’autres pays en développement. Il est estimé à 227 pour 100000 naissances, selon les résultats de l’enquête sur la population et la santé familiale 2003-2004 publiée par le ministère de la Santé à l’occasion de la Journée mondiale de la santé. Ce taux a été enregistré durant la période 1995 - 2003. Le ministère assure cependant que ce chiffre n’a pas changé en comparaison avec l’Enquête PAPCHILD, réalisée en 1997 ayant révélé un taux estimé à 228 pour 100000 naissances vivantes. Ce taux est variable néanmoins selon le lieu de résidence. En milieu urbain, il est de 187 pour 100000 naissances alors qu’en milieu rural il grimpe pour atteindre 267 décès sur 100 000 naissances. Un taux qui reflète une amère réalité : l’absence de structures d’accueil adéquates et de personnels compétents pouvant assister les femmes en couches dans le milieu rural et notamment dans les régions enclavées.

Selon le rapport 2005 de l’OMS sur la santé, le taux de décès parmi les enfants marocains âgés de moins de 5 ans était en 2003 de 3,9%. Actuellement, ils se situerait selon la même organisation entre 3,2% et 4,5%. Comparé aux taux de pays voisins sur la liste alphabétique des Etats membres de l’OMS (Monaco avec 0,4% et Mozambique avec15,8%), le Maroc est plutôt bon élève. Comparé à certains pays arabes, il est sur un d’égalité que l’Egypte et un peu mieux que l’Algérie avec ses 4,1%. La Tunisie n’enregistre pour sa part que 2,4 décès sur 100 naissances.

Si le Maroc est arrivé à limiter le nombre des décès des enfants en bas âge, c’est grâce à plusieurs facteurs, à savoir la vaccination contre les maladies infantiles, l’encouragement des consultations prénatales et l’assistance des femmes au moment de l’accouchement.

Le Programme Élargi de Vaccinations mis en place par le ministère de la Santé stipule que les enfants doivent recevoir le vaccin du BCG contre la tuberculose, trois doses de DTPer, contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche, trois doses du vaccin contre la polio et le vaccin contre la rougeole. A un an, les enfants doivent avoir reçu tous ces vaccins. Dernièrement, le Maroc a joint à son programme la vaccination contre l’Hépatite B et contre la rubéole.

Selon l’enquête sur la population et la santé familiale 2003-2004, presque neuf enfants sur 10 (89 %) des enfants de 12 à 23 mois ont été complètement vaccinés et seulement 1,4 % des enfants n’ont reçu aucun de ces vaccins. La couverture vaccinale varie selon le milieu de résidence : 94 % en milieu urbain contre 84 % en milieu rural. L’OMDH appelle à la garantie de la sécurité des professeurs, des étudiants et des fonctionnaires. La promotion de la vaccination fait que le Maroc a éradiqué la poliomyélite depuis 1988 et la diphtérie depuis 1992.

Ce programme de vaccination est complété par le renforcement de la lutte contre les maladies diarrhéiques et les infections respiratoires aiguës. Mais pas seulement, les consultations prénatales, qui précédent 69 % des naissances (selon l’enquête) permettent de dépister et de traiter à temps des maladies qui peuvent être fatales pour la mère et pour l’enfant. Mais là aussi le milieu urbain est favorisé. Seulement 48% des femmes en milieu rural ont consulté au moins une fois un professionnel de santé contre 85% des citadines.

Ce suivi médical est couronné par l’assistance à l’accouchement qui concerne désormais 63 % des naissances. Selon l’Enquête sur la santé de la mère et de l’enfant réalisée en1997, le pourcentage des femmes assistées en couches n’était que de 56%, soit une augmentation de presque 13 %. En ville, les femmes sont assistées à 85 % par du personnel médical contre 40 % en milieu rural.

Par Fatima Moho, liberation.press.ma