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Approvisionner le citoyen en viande à des prix corrects

Entretien avec le directeur au ministère de l’Agriculture et du développement rural

vendredi 19 mars 2004, par Hassiba

Bouguedour, directeur au ministère de l’Agriculture et du développement rural (Madr), reconnaît que les prix actuellement pratiqués pour la viande locale sont des prix « plafond », mais rassure que le souci du ministère est de continuer de voir le citoyen approvisionné régulièrement en viande à des prix « corrects ».

Dans un entretien mardi avec l’Aps, le directeur des services vétérinaires a indiqué que le citoyen subit la désorganisation du marché local qui ne répond à aucune règle d’économie de marché.

La viande a été le premier produit dont le prix a été libéré, a-t-il dit, affirmant que son prix fonctionne selon une bourse « informelle », avec beaucoup d’intermédiaires (maquignons).
Il incombe cette flambée des prix à deux facteurs : la fuite du cheptel vers les pays voisins et la rétention. Les éleveurs, en raison de l’abondance de l’alimentation, préfèrent garder leurs troupeaux et les engraisser. Tout en tolérant l’exportation de la viande, ce responsable plaide en parallèle pour un renforcement des contrôles aux frontières pour protéger le cheptel local. « Qu’on exporte de manière légale, c’est permis, mais qu’on sache quels sont les effectifs qui sont vendus », a-t-il dit.
Revenant sur les prix élevés de la viande, notamment ovine, très appréciée par le consommateur algérien, le responsable rappelle qu’il existe des palliatifs pour influer sur les prix à la baisse.

Outre la filière viande blanche, dont les prix sont, selon ce responsable « abordables », le ministère étudie la possibilité d’importer de la viande fraîche à partir de l’Europe, la crise de la vache folle étant « réglée ». A ce propos, il souligne que les services concernés planchent actuellement sur les nouvelles techniques de réfrigération sous vide permettant de mettre sur le marché de la viande fraîche. Par ailleurs, des importateurs privés s’apprêtent à importer d’Argentine et d’Uruguay de la viande ovine congelée.

Elle sera disponible sur les étals d’ici la mi-avril et sera vendue au consommateur au prix compétitif de 300 da à 350 da le kg, a ajouté M. Bouguedour, précisant que l’abattage de l’animal se fait selon le rite musulman (par des sacrificateurs égyptiens vivant sur place).
En outre, le marché continuera à être approvisionné en viande congelée, qui est d’un grand apport pour le marché local et s’est avérée très hygiénique, pour preuve aucune « intoxication » n’a été signalée. Selon ce responsable, vétérinaire de formation, le citoyen se méfie du congelé pour des raisons qui tiennent plus aux habitudes culinaires.

« Sous d’autres cieux, a-t-il affirmé, le surgelé est entré dans les mœurs depuis longtemps ». « L’Algérien est un des rares au monde à consommer régulièrement frais », a-t-il ajouté. Sur la chaîne de froid, il a assuré que les services compétents ont les moyens de vérifier et contrôlé la bonne qualité de la viande de l’abattage jusqu’au consommateur. Les bateaux sont dotés d’un « mouchard » qui donne le tracé de la température durant tout le voyage et signalera toute rupture du froid.

Ils sont ensuite transposés dans des camions frigorifiques (moins 18 degrés). De même, les points de vente sont tous approvisionnés en congélateurs. Pour ce responsable, le vrai problème ne réside pas dans la rareté du produit, rappelant que la production de viandes peut largement satisfaire les besoins nationaux, mais cela tient au facteur de l’inexistence d’un marché local organisé, qui fait du consommateur la victime.

« Un marché local bien réglementé influera sur les prix. Quand on aura un système qui permet d’éviter les intermédiaires, les prix seront stabilisés », a-t-il conclut.

La Nouvelle République