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Des ex-travailleurs de Khalifa Airways brisent la loi du silence

dimanche 4 avril 2004, par Hassiba

Les représentants du collectif composé de près de 250 travailleurs de l’ex-compagnie privée de transport aérien Khalifa Airways retiennent difficilement leurs colères.

Pour cause, « depuis que la compagnie est mise sous séquestre judiciaire, on ne voit rien venir. Nos droits sont bafoués. On n’a été ni indemnisé encore moins bénéficié d’un emploi pour subvenir aux besoins de nos familles. » « Suite à l’arrêt des activités de Khalifa Airways et sa mise en voie de liquidation, nous, les techniciens de la maintenance, les techniciens de la navigation aérienne et autres cadres spécialistes dans le domaine aérien, faisons quotidiennement face aux affres du chômage qui ont une incidence directe et dramatique sur nos familles », explique des représentants du collectif.

Nos interlocuteurs citent des cas de divorce, d’éclatement familial et même des suicides. « La situation que nous vivons est au bord de l’explosion », ajoute-t-on. De la part de leur ex- employeur, le collectif des travailleurs n’a bénéficié que d’un mois de salaire, « en guise d’indemnités ». « Le séquestre judiciaire s’est engagé à nous indemniser pour trois mois de salaire, mais à condition que le patron d’Air Algérie s’engage à payer les créances de sa compagnie qu’il a lui même reconnu autour de 43 milliards de centimes », affirme-t-on. Et en évoquant la compagnie publique Air Algérie, les représentants du collectif concerné n’ont pas été par trente-six chemins pour s’interroger sur les-dessous « de notre non réintégration au sein d’Air Algérie. »

« Notre démarche pour la réintégration auprès de la Direction générale d’Air Algérie est demeurée sans échos. Tassili Airways que nous avons sollicité également semble adopter le même profil. Fautil penser que l’on veut nous faire payer notre choix d’avoir opté pour une compagnie privée ? Sinon quel est notre tort, sachant que pour les mêmes qualifications, on préfère solliciter des compétences étrangères dont les exigences salariales sont autrement plus élevées ? », s’est-on interrogé. En effet, des indiscrétions font état que les responsables de la compagnie Air Algérie ont engagé des techniciens étrangers, « payés à coup de devise et pris en charge totalement dans un luxueux hôtel de la capitale. D’un autre côté, « pour les mêmes qualifications, on préfère solliciter des compétences étrangères dont les exigences salariales sont autrement plus élevées. » « Que peut justifier ces attitudes ? Ce n’est sûrement pas des actes de gestion visant la rentabilité, car cela semble contraire à toute logique managériale », souligne-t-on.

Et d’ajouter : « Sommesnous le dindon de la farce ? Benouis refuse de nous réintégrer, alors que le chef du gouvernement devant les parlementaires n’a pas trouvé mieux que déclarer qu’ils ont préféré les meilleurs salaires, une manière de nous disqualifier aux yeux de l’opinion publique. Alors que les gens qui ont tué et égorgé ont été réhabilités et réintégrés socialement », soutient-on. Les représentants du collectif des ex-travailleurs de la compagnie privée Khalifa Airways refusent de « payer les conséquences de cette situation. » Etant sans revenus depuis plusieurs mois, notre situation sociale et familiale ne cesse de se dégrader continuellement.

Pressés par notre progéniture et devant notre responsabilité de chef de famille, nous subissons tous les aléas pour pouvoir faire face aux besoins les plus élémentaires de la vie quotidienne. Nous demandons simplement à mettre notre compétence et notre savoirfaire au service de notre pays et participer humblement à l’essor de son économie. En somme, on refuse d’être les dindons de la farce », conclut-on.

Abder Bettache, Le Soir d’Algérie