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Hausse record du prix de la viande en Algérie

La pluviométrie, la viande congelée et... la contrebande

samedi 13 mars 2004, par Hassiba

Le prix des viandes rouges grimpe d’une manière vertigineuse. Conséquence : recul important du pouvoir d’achat des ménages, ruée vers la viande congelée et des bouchers mettent la clé sous le paillasson.

Le phénomène s’amplifie d’une semaine à une autre. En l’espace d’un mois, le prix de la viande de boeuf avec os qui se vendait à 500 dinars est passé 750 dinars, alors que le foie est passé à 1.200 dinars le kilogramme. La hausse, qui varie entre 25% et 30 %, ne se limite pas exclusivement aux revendeurs de détail. Au niveau des abattoirs, la hausse des prix est soutenue par la spéculation des mandataires.

Le phénomène est perceptible depuis novembre dernier, même si les premiers signes de la hausse ont été enregistrés depuis le début de la saison estivale. Les raisons de cette situation sont différemment expliquées, et ce, même si on laisse croire que « le phénomène de la spéculation est l’une des principales causes de cette situation ».

Au niveau de l’abattoir du Pont des Fusillés, situé au Ruisseau, considéré comme le plus important de la région du centre, la demande a nettement reculé depuis un mois. Une source proche de la direction générale de cette structure explique la situation en précisant « qu’une grande partie des éleveurs ont préféré garder leur cheptel, car les zones de pâturage sont assez denses en herbe suite à la bonne année pluviométrique » ; ajoutez à cela, « la baisse des prix du foin et des autres aliments rentrant dans le cadre d’engraissement des bovins et ovins ».

Cette nouvelle situation que caractérisent les marchés à bestiaux prive le consommateur de quantités suffisantes, donnant ainsi libre cours à la surenchère, orchestrée par des « maquignons véreux ». L’autre explication de la hausse de la viande rouge est relative à la présence importante, sur le marché local, de la viande congelée. La demande sur ce type de viande est très importante. La viande congelée a fait une apparition fracassante lors du Ramadhan 2002. Selon des sources proches du ministère du Commerce, à la fin de l’année 2003, il a été enregistré l’importation de près de 30.000 tonnes de viande congelée. La commercialisation de ce produit sur le marché local a atteint son pic à l’approche de chaque mois de Ramadhan. Pour rappel, les importateurs de la viande congelée s’approvisionnent à partir du Brésil, de l’Argentine, de l’Uruguay et de la Nouvelle-Zélande. Ces pays ont les prix à l’importation les plus avantageux. Selon des intervenants dans le circuit, « après déduction de toutes les charges, les grossistes arrivent à tirer un bénéfice qui varie entre 80 et 90 DA au kilo ».

La ruée vers la viande congelée est expliquée par le facteur confiance, étroitement lié au dernier scandale relatif à la commercialisation de la viande des baudets, présentée comme de la viande bovine. Comme il est à noter que la contrebande a énormément soutenu ce phénomène de hausse. En effet, du côté des Tunisiens et Marocains, le prix de la viande connaît en ce moment précis des hausses considérables. Une occasion tout indiquée, pour les contrebandiers qui, avec la complicité de certains éleveurs, avides de gains faciles et plus substantiels, préfèrent vendre de l’autre côté des frontières leur troupeau. « Cette contrebande du cheptel à son impact direct sur les prix à la consommation », soutient-on.

Le phénomène de la hausse des prix ne se limite pas seulement aux viandes rouges. Il touche aussi la viande blanche. Les aviculteurs expliquent cette hausse par deux facteurs.
Le premier est d’ordre météorologique. Les grandes chaleurs de l’été dernier, qui ont persisté jusqu’en novembre, ont obligé les aviculteurs à faire l’impasse. Sachant que le poulet de chair est très vulnérable à la chaleur, ils ont préféré laisser vides leurs batteries que de prendre le risque d’enregistrer de lourdes pertes.
Deuxième facteur : le coût de plus en plus élevé de la protéine. Les producteurs d’aliments avancent que les intrants importés ont subi de plein fouet la révision à la hausse de l’euro de 25 à 30%. A titre d’exemple, le poussin qui valait il y a quelques mois 50 DA est passé à 80 DA. Il faut savoir aussi que les poulets de chair qu’on trouve sur nos étals sont nourris exclusivement de maïs et de soja, des intrants qui composent à grand pourcentage l’aliment du poulet et qui sont à 100% importés.

M. Abdelkader, Le Quotidien d’Oran