Accueil > ECONOMIE > L’Algérie et l’Europe : Sortir du statut de fournisseur énergétique

L’Algérie et l’Europe : Sortir du statut de fournisseur énergétique

jeudi 6 mai 2004, par Hassiba

L’essentiel des échanges commerciaux de l’Algérie se fait avec des pays européens et, principalement, avec les trois pays de l’Europe du Sud, à savoir l’Italie, la France et l’Espagne. Mais la caractéristique principale réside dans la structure des exportations de gaz de l’Algérie. Ces exportations, qui rapportent environ la moitié des recettes en devises de l’Algérie, sont destinées pour environ 95 % à l’Europe.

L’Algérie, qui avait réussi à doubler ses exportations de gaz en les portant de 30 milliards de m3 en 1990 à 60 milliards de m3 durant l’année 2000, a placé 97 % de ces quantités en Europe. Cette situation a transformé l’Algérie en fournisseur majeur de l’Europe en gaz. Sa part dans la demande d’énergie primaire au sein de l’Union européenne a atteint 24 % en 2000, la plaçant parmi les trois principaux fournisseurs extérieurs de gaz naturel de l’Europe aux côtés de la Russie et de la Norvège. Mais la libéralisation du marché européen à travers la directive gaz de 1998 a introduit des données nouvelles qui ont bousculé les équilibres économiques des anciens contrats gaziers qui étaient basés sur le long terme (take or pay). En introduisant des principes d’ouverture et de libéralisation dans un délai très court et sans aucune consultation avec les pays producteurs et exportateurs de gaz, la Commission européenne a créé une situation qui pourrait mettre en danger les intérêts des pays exportateurs, notamment l’Algérie, et remettre en cause la sécurité de ses propres approvisionnements. une vision à sens unique
La spécificité des projets gaziers et les conditions de leur financement supposent une garantie basée sur le marché que les contrats à long terme arrivent à procurer. Après des débats très tendus et une polémique qui a duré deux ans, la Commission européenne a confectionné une deuxième directive dans laquelle l’importance des contrats à long terme est reconnue.

Il faut dire que l’action du Forum des pays exportateurs de gaz, dans lequel l’Algérie a joué un rôle de premier plan, a été déterminante dans les débats. Si ce chapitre des contrats gaziers a été réglé d’une manière souple et intelligente, un autre problème de fond demeure dans le chapitre économique. Si les partenaires européens insistent régulièrement sur la poursuite des réformes économiques en Algérie et une plus grande libéralisation, y compris dans le secteur stratégique de l’énergie, la vision semble être à sens unique. Lors de la Conférence ministérielle euro-méditerranéenne de l’énergie tenue à Rome au mois de décembre 2003, l’Algérie, par la voix de son ministre de l’Energie, avait posé le problème de l’ouverture du marché européen de l’énergie et celui du contenu du partenariat énergétique euro-méditerranéen. Trois principaux cas ont été cités comme entraves à la mise en place d’un marché énergétique euro-méditerranéen intégré.Il s’agit du problème du financement du projet d’interconnexion électrique entre l’Espagne et l’Algérie, du retard mis dans l’octroi des autorisations pour la construction de nouvelles capacités entre l’Europe et l’Algérie dans ce domaine du gaz et l’absence du feu vert de la part de la Commission européenne pour le droit d’établissement en Europe de Sonatrach qui lui permettrait de concrétiser le principe de l’accès au consommateur final. Ces exemples démontrent que si beaucoup de progrès ont été accomplis, l’essentiel reste à faire.

Par Liès Sahar, El Watan