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L’apiculture à Aïn El-Hammam : Un créneau convoité par les jeunes

lundi 13 septembre 2004, par Hassiba

L’apiculture est devenue dans la région de Aïn El-Hammam (Tizi Ouzou) l’activité agricole la plus courtisée et suscite surtout chez les jeunes un intérêt particulier.

Cet engouement est motivé en raison, particulièrement, des avantages importants que procure ce créneau en matière de facilité de financement des projets dans le cadre du programme du Fndra et de la rentabilité des produits de la ruche (miel, pollen, cire, gelée royale...) fortement demandés dans divers domaines, notamment celui de la santé.

Toutefois, par sa position géographique montagneuse, son climat avantageux et sa richesse en couverture florale (biodiversité naturelle appropriée), la région de Aïn El-Hammam est réputée pour la production du meilleur miel à l’échelle nationale. Un miel de qualité naturelle, aux saveurs de fleurs sauvages, aux propriétés médicinales et aux vertus thérapeutiques diverses que seuls les connaisseurs savent apprécier.

Plusieurs chômeurs, qui ont été contraints pendant des années à vivre une situation de marasme et d’indigence sociale, ont pu obtenir, grâce au programme du Fndra, des prêts au niveau de la banque pour se lancer dans ce créneau. À ce propos, un apiculteur nous dira : “Grâce au dossier déposé au niveau des bureaux des services agricoles de la wilaya, j’ai pu avoir un crédit bancaire (Badr) s’élevant à 140 900 DA dont 100 000 DA de subvention du Fndra et 40 900 DA d’apport financier personnel, remboursable dans deux ans.”

Toutefois, malgré les nombreuses opportunités qu’offre ce créneau en termes de facilité du champ d’exploitation et des bénéfices que peut engranger la vente des produits de la ruche (3 000 DA le litre de miel), il n’en demeure pas moins que cette activité d’élevage d’abeilles est parsemée d’embûches, d’entraves administratives et de problèmes inextricables.

Ainsi, selon plusieurs apiculteurs que nous avons approchés en cette saison de récolte, leur activité se trouve désormais menacée d’arrêt si les services agricoles ne viennent pas leur prêter main-forte et assouplir les multiples blocages qui continuent de peser sur leur activité, entre autres l’établissement de l’agrément sanitaire des services vétérinaires de la wilaya et de la direction des services agricoles qui posent (selon eux) des conditions et exigent des mesures draconiennes, au- dessus des moyens de ces apiculteurs, en majorité sans aucune autre ressource complémentaire pour la réalisation “des supports, toits et clôture des ruches en métal”, avons-nous appris auprès de nos interlocuteurs. Ces derniers avouent, par ailleurs, que “ces blocages sont en réalité une volonté délibérée de freiner le développement important que connaît cette activité agricole, devenue rentable et prometteuse dans cette région montagneuse”, nous indiquera un apiculteur, propriétaire de 40 ruches au village d’Aït Sidi Ahmed. Et un autre de s’interroger : “Combien va-t-il falloir de grillage pour clôturer toute la superficie sur laquelle sont entreposées mes 270 ruches, disposées à raison de 5 mètres d’intervalle ? Quant à l’agrément sanitaire, il signifie seulement que les abeilles sont exemptes de maladies après la visite du vétérinaire et pas autre chose”, nous signala cet apiculteur.

Parmi les maladies redoutées par les apiculteurs, signalons, entre autres, la vavroase, la fausse teigne et la loque américaine. Pour éviter ainsi la contamination des essaims par d’éventuelles maladies qui peuvent être néfastes pour les abeilles, les apiculteurs doivent procéder à des campagnes de vaccination (abival, bavarol et apistan) qui coûtent plus de 6 000 DA l’unité.

Maigre récolte de miel et cherté du produit
La production du miel d’abeille a été faible cette année pour les nombreux propriétaires de coopératives d’apiculture et d’essaimage d’abeilles que nous avons rencontrés dans la région de Aïn El-Hammam. Selon les apiculteurs, les conditions climatiques, en général caractérisées par une forte pluviométrie, ont influencé négativement le travail des butineuses. La moyenne de production par ruche est estimée à 3 litres, une moyenne jugée, de ce fait, très faible en comparaison avec les 10 litres enregistrés lors des saisons fastes. Toutefois, ce miel récolté en pleine zone montagneuse de Kabylie est, en effet, très demandé et est recommandé à des fins thérapeutiques, à savoir dans le traitement des rhume, bronchite, angine, cicatrisation des blessures... Le prix d’un litre de ce produits est ainsi fixé par les producteurs à 3 000 DA. Pour Ali Soudani, “il n’est toutefois pas facile de satisfaire toute la clientèle, qui se fait de plus en plus croissante, en miel de montagne”.

Rencontre avec un apiculteur,
Ali Soudani, dit Mouloud, 55 ans, est un apiculteur-arboriculteur pas comme les autres. Du haut de ses 20 ans d’expérience dans cette activité agricole qu’il exerce dans sa propriété de 10 hectares, située au village de Takhelidj (commune d’Abi-Youcef), il est considéré comme un des plus grands producteurs de miel (1 tonne environ par année et plus de 300 essaims d’abeilles) à l’échelle de la subdivision agricole de Aïn El-Hammam. Les jeunes apiculteurs de cette région le courtisent pour ses vastes connaissances dans le domaine et ses qualités humaines irréprochables. Toutefois, pour se consacrer exclusivement à son unique passion, il n’ a pas hésité à troquer son métier d’électricien pour celui d’apiculteur (pratiqué de père en fils). Son unique souci est le développement de son exploitation agricole, composée de 2 hectares d’oliviers, 1 hectare de pêchers et 270 ruches.

Malgré son ancienneté dans cette activité, cet apiculteur est confronté à plusieurs problèmes : l’agrément sanitaire, l’absence de produits de nourrissement (sucre décrassé), non disponible sur le marché national, manque de subventions pour des travaux d’extension agricole...
“Pour nourrir des essaims en période hivernale, qui débute chaque mois d’octobre, je consomme une quantité importante de sucre, estimée à 20 quintaux. En réalité, nous recherchons des facilités administratives et bancaires, la disponibilité des matières premières et des rencontres et journées portes ouvertes sur notre activité pour pouvoir promouvoir l’apiculture”, dira Ali Soudani.

D’autre part, il est à signaler que la subdivision agricole de Aïn El-Hammam qui couvre sept communes (Aïn El-Hammam, Abi Youcef, Aït Yahia, Akbil, Iferhounène, Imsouhal, Illilten) compte, selon le bilan agricole, établi jusqu’au 31août de cette année, 450 apiculteurs recensés sur le territoire de cette région et 87 autres qui vont bénéficier incessamment du programme du Fndra.Concernant le parc apicole de cette région, on apprend de l’administration agricole de la subdivision que le bilan agricole fait état de 7 889 ruches, dont 1 500 vides, sur le territoire de cette localité.

Par Farid Mahiout, Liberté