Accueil > ECONOMIE > La Banque d’Algérie appelle les banques à donner plus de crédits

La Banque d’Algérie appelle les banques à donner plus de crédits

mercredi 13 avril 2005, par Stanislas

L’Algérie n’est pas la seule à tirer profit de l’envolée des prix de pétrole enregistrée sur le marché international tout au long de l’année écoulée.

Les compagnies pétrolières internationales qui opèrent dans le secteur des hydrocarbures en association avec Sonatrach en ont également tiré profit. Au titre de l’exercice 2004, ces firmes ont transféré la somme de 3 milliards de dollars. C’est ce qu’a indiqué la Banque d’Algérie dans sa note de conjoncture sur la tendance monétaire et financière en 2004. Ce volume était en 2003 de 2,3 milliards de dollars et de 1,6 milliard de dollars 2002.

En matière d’exportations des hydrocarbures, « la part des associés de Sonatrach est également haussière avec 10% ». Sur le plan national et tel qu’annoncé déjà auparavant, la conjoncture favorable qui a prévalu sur les prix du pétrole conjuguée à une augmentation dans le volume de production, « le montant des exportations d’hydrocarbures s’est élevé à 31,5 milliards de dollars 2004 ». La Banque d’Algérie a rappelé qu’au courant du deuxième semestre de cette même année, la moyenne du prix du baril était de 42,98 dollars contre une moyenne de 28,9 dollars/baril en 2003.

Pourtant, cette même conjoncture qui a permis à l’Algérie de se consolider financièrement sera source d’autres soucis. En fait, la manne pétrolière a aussi permis au pays d’importer plus. Et ce n’est nullement sous l’effet de la dépréciation du dollar face à l’euro et, donc, du taux de change. Il y a eu bel et bien plus d’importations de marchandises durant l’année écoulée. Dans son analyse de la balance des paiements, la note de conjoncture de la BA affirme qu’effectivement « l’emballement des importations de marchandises est la principale caractéristique de la balance des paiements courants au cours des deux semestres de 2004, à mesure que les prix du pétrole constituent la variable instrumentale dans l’évolution des exportations d’hydrocarbures ».

On apprend que ces importations ont été de 17,95 milliards de dollars, contre 13,32 milliards de dollars en 2003 et 9,35 milliards de dollars en 2000. En pourcentage, les importations de marchandises ont augmenté de 34,8% en 2004 contre une hausse de 10,9% en 2003. Pour le détail, « les postes qui ont progressé sont respectivement les biens de consommation non alimentaires, les biens de consommation alimentaires, les biens d’équipements et les biens intermédiaires », affirment les analystes de la BA. Une même tendance haussière a été enregistrée en matière d’importations des services qui ont « atteint 4,2 milliards de dollars en 2004 contre 2,9 milliards de dollars en 2003 et 2,4 milliards de dollars en 2000 ».

En résumé, l’Algérie affiche 31 milliards de dollars d’exportations d’hydrocarbures, un volume d’exportations hors hydrocarbures qui n’atteint même pas le 1 milliard de dollars et 18 milliards de dollars en importations. Une situation qui inquiète, pour rappel, le chef de l’Etat mais aussi les analystes de la Banque d’Algérie : « L’emballement des importations de marchandises et l’élargissement tendanciel du déficit du poste services font émerger également l’acuité de la question de la compétitivité externe de l’économie nationale, à mesure que la poursuite de l’ouverture s’inscrit dans la perspective de l’entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’Union européenne et de l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce. La faiblesse structurelle des exportations hors hydrocarbures émerge comme vulnérabilité », disent-ils on ne peut plus clairs.

Dans le chapitre réserves de changes, la note de conjoncture de la BA confirme le chiffre de « 43,1 milliards de dollars à fin décembre 2004 contre 32,9 milliards de dollars en 2003 ». Ces réserves mettent l’Algérie dans une position extérieure assez confortable en ce sens qu’elles « constituent aujourd’hui un important élément de sécurité financière extérieure, à mesure que la réduction de la vulnérabilité de l’économie nationale aux chocs externes est très significative ».

En matière de changes, la Banque affirme que « l’effet négatif des fluctuations des principales devises (dollar/euro) sur les marchés de change internationaux sur l’économie nationale est resté limité, grâce à la gestion prudente des réserves de changes menée par la Banque d’Algérie ». En d’autres termes, l’appréciation de l’euro face au dollar a été maîtrisée globalement. Mais la note de la Banque d’Algérie ne donne aucune précision ni détail chiffré sur les retombées des fluctuations, aussi minimes puissent-elles être.

En tous les cas, le ministre des Finances n’est pas du tout tranquille quant à l’effet de la dépréciation du billet vert sur l’économie algérienne. Il y a quelques jours, Benachenhou avait affirmé que cette situation fait qu’aujourd’hui et malgré les réserves de changes qui dépassent les 40 milliards de dollars, l’Algérie a le même pouvoir d’achat qu’en 2000. Mais, les analystes de la BA sont davantage inquiets par la sur-liquidité bancaire. D’ailleurs, affirme-t-on, pour « faire face à l’excès de liquidités sur le marché monétaire interbancaire et asseoir un contrôle efficace de la liquidité bancaire, la Banque d’Algérie a continué d’activer (entre autres, NDLR) au cours de l’année 2004 le principal instrument indirect de politique monétaire dit reprises de liquidités sur le marché monétaire ». Ainsi, durant l’année écoulée, il a été question d’une reprise de pas moins de 400 milliards de dinars. Cette politique a conduit, selon la Banque, « au recul de l’inflation monétaire (elle a été de 2%), à la bonne tenue de l’inflation des prix et à la croissance économique ».

La situation aurait pu être meilleure si les banques publiques avaient augmenté leurs apports en crédits à l’économie nationale : « Malgré cette performance en matière de reprise des crédits à l’économie en 2004, le niveau d’intermédiation bancaire en Algérie, en terme d’allocation des ressources, reste faible vu le développement très important de l’épargne intérieure depuis l’année 2000 », soulignent les spécialistes de la Banque. En 2004, les dépôts dans les banques ont augmenté de plus de 10%. Au total, conclut-on, « une telle stabilité monétaire est bien propice pour une amélioration soutenue des ratios d’intermédiation bancaire, notamment une bonne reprise des crédits à l’économie orientés vers l’investissement productif, les PME et l’habitat ». Pour rappel, ces banques « dorment » sur une dizaine de milliards de dollars.

Par Ghania Amriout, quotidien-oran.com