La vérité sur le taux de chômage en Algérie

Officiellement, le taux de chômage serait de 10% en Algérie. Rarement un chiffre aura fait l’objet de tant de controverses. Contesté par les économistes, il est défendu bec et ongles par l’exécutif qui se targue d’avoir accompli une « performance ». L’Office des statistiques chargé officiellement de donner les indicateurs faisait savoir récemment que l’année précédente s’achevait sur une performance : le taux de chômage se situe à 10,2% contre 11,3% l’année d’avant. L’ONS précisait que ce taux était de 27% en 2001. L’Office ajoutait qu’il existait de grandes disparités entre les deux sexes puisque le taux de chômage masculin en Algérie n’est que de 8,6% alors que chez les femmes, il est de 18,1%. Le chômage touche, par ailleurs, beaucoup plus les plus jeunes. 21,3% des chômeurs ont moins de 25 ans, près de trois chômeurs sur quatre sont âgés de moins de 30 ans et 86,7% ne dépassent pas 35 ans.

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes et que viennent conforter le rapport de la Banque mondiale de l’année 2010. Ce dernier révèle que trois sur quatre des jeunes diplômés algériens de moins de trente ans sont des chômeurs. En effet, sur les 120 000 diplômés qui quittent chaque année les bancs des universités du pays, 50 000 jeunes se retrouvent sans travail, soit 40%. Une réalité totalement occultée par les pouvoirs publics. Se cachant derrière des chiffres peu représentatifs, ils se contentent d’énumérer des statistiques qui ne rendent pas compte de la misère dans laquelle se débattent des milliers de personnes à la recherche d’un emploi. Les spécialistes sont pourtant formels : les mécanismes utilisés par l’ONS sont à revoir car, estiment-ils, ils ne prennent pas en compte l’ensemble des paramètres. Abderrahmane Mebtoul, économiste, estime dans une analyse que les taux annoncés au début de l’année en cours par l’ONS, concernant le chômage et le travail en Algérie, sont loin d’être réels. Il affirme que 10,2% est un taux qui ne répond pas du tout à la réalité et qu’il s’agit d’un chiffre « inventé ». Selon lui, l’Etat ne dispose d’aucune politique salariale pouvant assurer une baisse réelle du taux de chômage en Algérie.

Synthèse de Mourad, www.algerie-dz.com
D’après le Soir d’Algérie