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Le groupe ERIAD Sétif dans le pétrin

mardi 27 avril 2004, par Hassiba

Le groupe ERIAD Sétif, qui était dans un passé récent un des fleurons de l’industrie agroalimentaire du pays, est actuellement en proie à de nombreux et graves problèmes.

Le courant ne passe plus désormais entre le président directeur général du groupe et certains directeurs généraux des filiales ayant été « destitués » de la présidence du Conseil d’administration (CA), pour, nous dit-on, « mauvais résultats ». Le partenaire social qui exige pour sa part, dans sa plate-forme de revendications, le départ du PDG du groupe, s’est mis de la partie. Le bras de fer prend ainsi des proportions sérieuses, dépassant désormais le cadre de cette entreprise cotée en bourse.

Pour diverses raisons, la SGP (ex-holding) CEGRO, un huissier et l’appareil judiciaire ont été sollicités par les parties en conflit. Le déficit de 1,6 milliard de dinars et le non recouvrement des 3 milliards de dinars de créances, l’absence d’une stratégie commerciale et l’abandon du projet de la comptabilité analytique sont les principaux griefs brandis par la coordination syndicale. Il s’agit d’une part de l’inscription sans étude sérieuse des besoins du marché, d’une nouvelle unité de pâtes à Sidi Aïch, l’annulation de délibérations des conseils d’administration des filiales.

D’autre part, l’immixtion dans le travail de la commission des marchés (achat du blé). Le silence radio vis-à-vis du manque de la matière première (blé) ayant entraîné un arrêt de travail de trois mois à certains moulins, ceux d’El Kentra (Les Zibans) notamment, sont les autres reproches faits au premier responsable du groupe qui réfute. Contacté, M. Baba Aïssa, le PDG, renvoie l’ascenseur aux dirigeants des filiales : « En quoi suis-je responsable dans ces histoires de créances impayées ?
En vendant à terme, ces gestionnaires n’ont pas demandé l’avis de la direction générale », nous confie notre interlocuteur qui enchaîne : « Les filiales ont le droit d’acheter directement du blé. Elles ne l’ont pas fait parce qu’elles ne savent pas le faire. »

Pour étayer ses propos, le numéro un d’ERIAD Sétif revient sur les 50 000 tonnes que devaient acquérir les moulins des Hauts-Plateaux (Sétif), Zibans (Biskra) et Soummam (Sidi Aïch), auprès d’un fournisseur privé : « L’implication de la direction générale, et en dernière minute, s’est soldée par un gain de 3,2 milliards. La non concrétisation de la comptabilité analytique, pour laquelle un argent fou a été dépensé, incombe, dit-il, à ces gestionnaires qui ont tout fait pour que cet ambitieux projet tombe à l’eau. » « La réalisation d’une unité de pâtes alimentaires de 1000 qx/jour à Sidi Aïch sera maintenue. Sa rentabilité a été démontrée par une étude des plus fiables. La concrétisation de ce projet et la rénovation des équipements du complexe Lahmar Cherif de Sétif rentre dans le cadre d’un partenariat chapeauté par l’Etat. » La situation financière du groupe aux 5000 actionnaires, qui a enregistré, pour rappel en 1998, 1,6 milliard DA de bénéfices et plus de 2,3 milliards DA une année après et autant en 2000, n’est pas bonne. Au 31 décembre 2002, le déficit a atteint, nous dit-on, 2,74 milliards DA.

Pour certains moulins, les clignotants sont au rouge.
Ceux de Sidi Aïssa et Touggourt, dont l’actif net est inférieur au quart du capital social, sont passibles de l’article 715 bis 20 du code de commerce qui stipule : « Si du fait des pertes constatées dans les documents comptables, l’actif net de la société devient inférieur au quart du capital social, le conseil d’administration ou le directeur, selon le cas, est tenu dans les quatre (04) mois qui suivent l’approbation des comptes ayant fait apparaître cette perte de convoquer l’assemblée générale extraordinaire à l’effet de décider, s’il y a lieu, la dissolution anticipée de la société. Si la dissolution n’est pas prononcée, la société est tenue, au plus tard à la clôture du deuxième exercice, celui au cours duquel la constatation des pertes est intervenue, et sous réserve des dispositions de l’article 594 ci-dessus, de réduire son capital d’un montant au moins égal à celui des pertes qui n’ont pu être amputées sur les réserves, si dans ce délai, l’actif net n’a pas été reconstitué à concurrence d’une valeur au moins égal au quart du capital.

Dans les deux cas la résolution adoptée par l’assemblée générale est publiée selon les modalités prévues par voie réglementaire. A défaut de réunion de l’assemblée générale, comme dans le cas où cette assemblée n’a pu délibérer valablement sur dernière convocation, tout intéressé peut demander en justice la dissolution de la société. »

Cette situation risque, si elle perdurait, de mettre non seulement en péril l’outil de travail de 2000 personnes, mais aussi les économies de toute une vie de milliers d’actionnaires
nargués par les parties en conflit...

Par Kamel Beniaiche, El Watan