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Les actions de Khalifa Bank rachetées par la Société Générale

mercredi 12 mai 2004, par Hassiba

Considéré comme l’un des pôles phares du paysage financier français, la Société Générale se serait adjugé les 29% que détenait la défunte Khalifa Bank dans le capital social de la Société Générale Algérie. Le Groupe bancaire vient d’asseoir ses positions au sein de sa filiale algérienne.

C’est le très sérieux journal économique français Les Echos qui a rapporté l’information dans son édition de lundi. Aucune indication confirmant ou infirmant l’information n’a pu être obtenue, hier, de sources bancaires en France. Aucune précision n’était également disponible sur la valeur du chèque signé par la Société Générale pour acquérir les 29%. Engagée dès l’été 2003, quelques mois après l’avènement de la crise au sein du conglomérat de Abdelmoumène Khalifa, l’opération a fini par aboutir voici trois semaines, selon Les Echos. Au terme de plusieurs rounds de négociations avec les autorités monétaires algériennes - en charge du dossier de liquidation de Khalifa Bank -, le groupe français est, à quelques actions près, dans la configuration du propriétaire social exclusif.

Avec le rachat des parts de ce qui devait être le fleuron du Groupe Khalifa, la Société Générale détient aujourd’hui 90% des valeurs mobilières de SGA, contre 61% à la création de la filiale courant 2000. La structure sociale de la filiale ne devrait pas en rester là. Si l’on en croit Laurence Tovi, la spécialiste des questions algériennes au sein du journal, le groupe bancaire ne serait pas loin de mettre la main sur les 10% restants. Cette quote-part est la propriété d’une filiale de la Banque mondiale, la Société financière internationale. Si aucune échéance n’est avancée, Les Echos n’exclut pas une finalisation imminente de l’opération de rachat. Curieusement, la participation de Khalifa dans le capital social de la Société Générale Algérie n’a été sue publiquement qu’après la chute du groupe éponyme de Abdelmoumène Khalifa.

C’est le quotidien Le Figaro qui en avait fait état le premier en juin 2003. L’information a été confirmée juste après par Les Echos, avant de faire le tour des milieux économiques et financiers franco-algériens.

A Alger comme à Paris, il était de notoriété publique, avant cette révélation, que les actionnaires de SGA étaient au nombre de trois : la société mère (Groupe SG, 61%), la SFI (10%) et FIBA (29%), un holding de participation enregistré au Luxembourg et composé, en majorité, d’opérateurs privés. Son conseil de surveillance était présidé par Ali Benouari, ministre délégué chargé du Trésor sous Sid Ahmed Ghozali.

Ajoutées aux informations rapportées l’été dernier par Le Figaro, les précisions des Echos permettent d’en savoir un peu plus sur le sujet. Les parts de la FIBA ont été vendues à Khalifa à l’automne 2002. C’était une période où, ambitieux à souhait, le groupe étendait son rayonnement en prenant des actions dans des entreprises à l’étranger.

C’est le cas, entre autres, du numéro un du BTP allemand. Selon Les Echos, la cession des parts de FIBA à Khalifa n’a pas été du goût de la Société Générale. Au moment de prendre connaissance des faits, le groupe français avait estimé que l’opération s’est faite « au mépris d’un pacte d’actionnaires prévoyant un droit de préemption ». C’est, convaincu de la justesse de ce droit, que le groupe Société Générale s’était lancé, dès juillet, dans une opération de rachat du portefeuille de Khalifa.

D’entrée, les pourparlers ont achoppé sur un point : le montant que la Société Générale doit puiser de sa poche pour glaner les 29% dans le cadre de la liquidation de la première banque privée algérienne. Une banque dont l’opinion publique ignore, jusqu’à ce jour, tous les tenants et aboutissants de sa mise en liquidation et le préjudice qu’elle aurait causé au Trésor public. Officiellement, on estime à 100 milliards de dinars (1,2 milliard de dollars) le total des pertes.

A en croire Les Echos, Khalifa a dû débourser huit milliards de dollars pour l’acquisition des 29% d’actions, alors que les 61% détenus par le groupe Société Générale valaient au même moment sept milliards de dollars.

De quoi nourrir les divergences entre négociateurs du groupe français et autorités monétaires algériennes. Arguments contre arguments, les deux parties ont déployé tous les artifices avant de parvenir à un « compromis » dont les termes n’ont pas été précisés par le journal spécialisé.

Par Sarah Raouf, Le Quotidien d’Oran