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Les prix du pétrole toujours en hausse

Dopés par les craintes de pénurie d’essence et les attentats de Madrid

samedi 13 mars 2004, par Hassiba

Déjà situés à niveau élevé en raison des craintes de pénurie d’essence, les cours du pétrole ont été soutenus dans leur hausse hier après les attentats meurtriers qui ont frappé la capitale espagnole Madrid. Ces derniers ont latéralement plombé les places financières à la faveur des matières premières jugées moins à risque.

Outre les craintes d’une insuffisance des stocks américains d’essence pour la période estivale, les opérateurs sont également attentifs aux nouvelles en provenance du Venezuela. Dimanche dernier, le président vénézuélien Hugo Chavez avait demandé à Washington de ne pas intervenir dans la politique intérieure de son pays, faute de quoi il pourrait réduire les exportations en direction des Etats-Unis.

On note par ailleurs que l’Arabie saoudite a annoncé qu’elle allait réduire de 5% la production de l’un de ses principaux champs de pétrole. Ainsi, vers 11h00 GMT, le prix du baril de brent de la mer du Nord pour livraison en avril, référence sur l’International Petroleum Exchange (IPE) de Londres, valait 32,96 dollars, après avoir ouvert à 33,13 dollars et clôturé jeudi à 32,83 dollars. Sur le New York Mercantile Exchange (NYMEX), le prix du baril de brut pour livraison en avril prenait 17 cents à 36,95 dollars, lors des échanges électroniques précédant l’ouverture officielle.

Selon les analystes, les attentats de Madrid, sans précédent en Espagne, soutiennent les prix du pétrole, car les investisseurs cherchent des valeurs refuges dans lesquelles investir, le pétrole en faisant actuellement partie.Les investisseurs ont en revanche délaissé les marchés boursiers, qui se sont effondrés après les attentats à la bombe de jeudi, qui ont fait plus de 198 morts et 1 400 blessés trois jours avant des élections législatives. « Les opérateurs relient la hausse actuelle des cours aux événements tragiques de Madrid », a rapporté Frédéric Lasserre, analyste à la banque Société Générale, cité par l’AFP.

Mais cet analyste a relativisé l’impact des attentats : « Les attentats terroristes pèsent sur l’activité économique et la confiance des consommateurs, donc ils devraient plutôt faire baisser les cours », a-t-il dit. « La dynamique de hausse des cours avait commencé bien avant [les attentats], et s’est simplement poursuivi après les événements tragiques », a-t-il souligné. « En réalité, c’est plus l’essence américaine qui a poussé les prix à la hausse », selon lui. Les cours de l’essence ont beaucoup progressé aux Etats-Unis cette semaine, grimpant à des niveaux largement supérieurs à ceux de l’an dernier à la même époque (qui étaient déjà très élevés).

« Cela traduit une situation très tendue sur le marché face à des stocks plus maigres que l’an dernier et une demande qui devrait être encore plus forte que l’an passé » pendant la pleine saison de consommation cet été, a noté Frédéric Lasserre. Les stocks d’essence ont de nouveau diminué la semaine dernière aux Etats-Unis : dans son rapport hebdomadaire publié mercredi, le département américain de l’Energie (DoE) a rapporté une baisse -supérieure aux attentes- de 1,6 million de barils des réserves d’essence lors de la semaine achevée le 5 mars.

Par ailleurs, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a estimé jeudi dernier, dans son rapport mensuel, que « les stocks d’essence aux Etats-Unis ont rétréci en février, ce qui laisse présager un mauvais départ pour le renflouement des stocks avant la saison des départs en vacances ». « Le rapport a accru les craintes de pénurie, notamment d’essence, avant la saison des vacances pendant l’été », ont indiqué les analystes de la maison de courtage Sucden.Autre facteur de soutien, selon ces analystes : l’AIE a relevé de 220 000 barils par jour (bj) son estimation de croissance de la demande mondiale de pétrole en 2004, à 1,65 million de bj, en raison d’une forte progression de la demande chinoise. Le prix officiel du panier de l’OPEP, moyenne de sept bruts mondiaux, s’est établi à 31,95 dollars le baril jeudi, contre 31,67 dollars mercredi, selon l’OPECNA, l’agence d’information du cartel

Rafik Elias, La Tribune