Accueil > ECONOMIE > Marché du médicament en Algérie : Levée d’interdiction pour 8 importateurs
Marché du médicament en Algérie : Levée d’interdiction pour 8 importateurs
jeudi 1er juillet 2004, par
Près de deux ans après être interdit d’importation sur le marché national, le laboratoire danois Novo Nordisk vient d’être réhabilité dans l’exercice de ses activités. Spécialisé, entre autres, dans l’insuline, ce laboratoire peut désormais importer vers l’Algérie toute sa gamme de produits notamment les cartouches, les stylos, les formes sèches...
La décision d’autorisation du programme a été signé ce mardi par les services concernés au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPRH).
Une telle mesure vient ainsi effacer celle prise en 2002 par le Pr Aberkane, alors ministre de la Santé. Celui-ci a en effet refusé de renouveler le programme d’importation de 2002 à une dizaine d’importateurs de médicaments dont Aldaph composé de trois actionnaires en l’occurrence, Novo Nordisk, Pierre Fabre (France) et Saïdal. Cette décision n’était en fait qu’une application pure et simple de la loi. Ces opérateurs importaient depuis plus de deux ans sans avoir toutefois investi pour la création d’un projet industriel.
Les clauses du cahier des charges paraphé pourtant par ces importateurs stipulent qu’après 24 mois d’activité, donc d’importation, l’intéressé doit impérativement construire une usine de production.
Des antidiabétiques pour un million de malades dès septembre 2005.
Or, force est de constater que les délais ont été largement dépassés sans que le moindre projet n’ait été lancé. Sur la centaine d’importateurs, plus de 60 %, estime une source fiable, vivent la même situation. Ce qui avait poussé, à l’époque, l’ex-ministre de la Santé à bloquer leurs activités. Depuis une année, Novo Nordisk, qui est resté le seul actionnaire après le retrait des deux autres, n’a pas échappé à ce verdict. Devant les tergiversations qui entourent le projet d’insuline prévu initialement dans la zone industrielle de Oued Aïssi à Tizi Ouzou, le Pr Aberkane était intransigeant. Il a veillé au strict respect de la loi de la République. Quant à la concrétisation du projet d’usine d’insuline en Algérie, les pouvoirs publics ont recouru aux compétences locales en l’occurrence le groupe Saïdal. Cette entreprise a pris en charge, seule, ce projet qui sera réalisé à Constantine. Le laboratoire Aventis lui fournira la matière première, c’est-à-dire les cristaux avec lesquels Saïdal fabriquera son insuline 100% algérienne. Quelques mois plus tard, le principal actionnaire de la société Aldaph revient avec une nouvelle conception du projet. Il arrive en nouvel investisseur détenteur d’un projet de construction d’une usine de fabrication de médicaments en Algérie. C’est l’ancien projet d’insuline de Oued Aïssi qui a été en fait reconfiguré.
Le laboratoire danois a pu convaincre le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière en s’engageant immédiatement à mettre en œuvre son projet et produire des médicaments. Ses arguments à lui sont : une assiette de terrain achetée dans la zone industrielle de Oued Aïssi, la garantie de l’existence des fonds propres en banque et la fourniture d’informations mensuellement sur l’état d’avancement des travaux sur chantier. Ainsi, le terrain est, selon le PDG de Aldaph, M. Abane, d’ores et déjà viabilisé et aménagé, l’installation du chantier effectuée et le permis de construire a été demandé depuis le 28 avril dernier. Les dirigeants de cette société viennent d’entamer une série de consultations pour le démarrage des travaux prévu dans les quelques jours qui viennent. Le coût de l’investissement est estimé à 700 millions de DA. Dès le mois de septembre 2005, l’usine fabriquera la gamme des antidiabétiques oraux sous le label et la garantie de Novo Nordisk. Progressivement, d’autres gammes d’antihypertenseurs, d’anticholestérol viendront enrichir la production d’Aldaph. Parallèlement à cela, Novo Nordisk est actuellement à la recherche d’un partenaire algérien pour la fourniture des cristaux destinés à la fabrication de l’insuline. Une proposition a été faite dans ce sens pour l’entreprise de distribution de médicaments Endimed.
Redjimi : “L’insuline de Saïdal sera protégée et privilégiée”
Étant une entreprise publique, ses responsables ont soumis le dossier au Comité des participations de l’État (CPE) et attendent une réponse. Pour cela, le laboratoire danois propose son assistance technique pour la réalisation, la production et la formation du personnel. Sur la base d’un tel projet, le ministre de la Santé a fini par donner une seconde chance au danois après avoir consulté le CPE, les ministères des Finances, de l’Intérieur, des Affaires étrangères. Le Pr Redjimi estime que Novo Nordisk est revenu avec un nouveau statut d’importateur-investisseur et qu’il s’est engagé à se conformer à la loi. D’ailleurs, argue-t-il, il commencera à produire dans un délai d’une année. Le ministre a tenu à préciser qu’il encouragera la production nationale notamment l’insuline que fabriquera Saïdal. La priorité voire l’exclusivité sera donnée à l’insuline de Saïdal. D’abord, l’insuline d’Aventis sera, promet-il, importée pour que la malade s’y habitue. Celle de Saïdal sera produite en quantités suffisantes et le temps sera accordé au groupe pour qu’il puisse maîtriser la production, se placer sur le marché et gagner enfin la confiance du consommateur algérien. Les quelques importations qu’effectuera Novo Nordisk, souligne-t-il encore, seront destinées à la régulation du marché.
Mieux, le ministre a décidé de (ré)autoriser les huit importateurs frappés d’interdiction pour peu que ces derniers s’engagent à se conformer à la réglementation en vigueur, c’est-à-dire, ils justifient leur retard, lancent un projet d’investissement tout en annonçant les délais de début de production. “Je ne peux pas hypothéquer l’avenir de l’industrie pharmaceutique en Algérie”, argumente-t-il.
Par Badreddine Khris, Liberté