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14 millions de pauvres en Algérie

mardi 9 novembre 2004, par Hassiba

Combien existe-t-il de pauvres en Algérie ? Djamel Ould Abbès relance la polémique autour des chiffres.

Il a remis en cause le standard établi par la Banque mondiale (BM) de un dollar par jour. « Cette mesure n’est pas valable », a-t-il estimé. Les personnes qui gagnent moins d’un dollar par jour sont, d’après la BM, considérées comme pauvres. Nous avons établi une cartographie des démunis dans le pays qui démontre que le nombre des pauvres est moins important », a-t-il annoncé. Selon cette « cartographie », qui recense les personnes déclarées démunies assurées sociales ou non, il existe 1 141 676 pauvres en Algérie. Le nombre de « cartes » de démunis non assurés sociaux est estimé à 68 385. Chlef est la région où, d’après le même document, se concentrent les pauvres. Elle est suivie d’Alger-Centre, El Bayadh, Sétif, Oum El Bouaghi, Bouira, Djelfa, Khenchela et Tlemcen. Le ministère a établi cette « cartographie » en fonction des données communiquées par les Directions de l’action sociale (DAS) des wilayas.

Il est utile de souligner qu’en Algérie l’analyse de la pauvreté n’a, à ce jour, pas fait l’objet d’études précises et détaillées. La seule étude disponible est celle relative aux niveaux de vie des populations, réalisée en 1995 par l’Office national des statistiques (ONS) et la BM. Aux yeux du ministre, l’Algérie est en bonne position par rapport à d’autres pays. Il a cité l’exemple de la France où le nombre de personnes déclarées pauvres est de 3,4 millions. « Mais c’est relatif », a-t-il reconnu. Il a annoncé que l’Etat a dépensé, en cinq ans, 25 milliards de dollars en transferts sociaux (retraites, handicapés, chômeurs, préemploi...). « Plus de 100 milliards de dinars sont consacrés aux œuvres universitaires. En Algérie, 51% des étudiants sont hébergés dans des cités universitaires et 80% d’entre eux bénéficient d’une bourse. Le prix du ticket de restauration universitaire (moins de 1,5 DA, ndlr) est toujours le même », a-t-il dit.

3300 mères célibataires
Durant ce Ramadhan, l’Etat a déboursé 1,9 milliard de dinars pour la distribution des repas. « Nous n’avons pas remarqué de rush dans les restaurants de la rahma. Les gens sont moins angoissés. Le nombre des restaurants a été revu à la baisse. Nous voulons moins d’implication de l’Etat et une présence plus accrue des citoyens », a indiqué Ould Abbès. Le ministre ne voit pas de « limites » imposées au mouvement associatif dans les opérations de solidarité. « Nous ne voulons pas d’actions politiciennes », a-t-il dit. Selon lui, certaines APC n’ont pas été injustement mises à l’index dans la distribution douteuse des couffins de Ramadhan et d’autres opérations d’aide. « Des cadres du ministère se sont déplacés dans les régions pour superviser les opérations de distribution des dons », a-t-il déclaré. Ould Abbès, qui dit n’être ni mère Thérésa ni le Père Noël, a estimé que la solidarité ne signifie pas charité. « Pas question d’agir à fonds perdus. A l’avenir, il y aura moins d’argent qui sera mieux dépensé », a-t-il dit. Le budget alloué au département de solidarité est fixé à 34 milliards de dinars. « J’ai demandé une rallonge de 2,5 milliards pour réussir toutes les opérations », a indiqué le ministre.

Reconnaissant l’existence de certaines irrégularités dans la distribution des allocations scolaires (2 000 DA), Ould Abbès a annoncé qu’il fera appel aux enseignants pour recenser les élèves dans le besoin. L’administration en charge de la distribution de cette aide est-elle coupable ? « C’est la faute au système de dix ans de non-droit », a répondu le ministre. Jusque-là, l’Etat a accordé 6 milliards de dinars en allocations scolaires distribuées sur 3 millions d’élèves. Sur un autre chapitre, Ould Abbès a révélé que l’Algérie, selon les dernières estimations, compte 3300 mères célibataires (ou ce qui est appelé « naissance hors mariage »). Il a affirmé que l’Etat, à titre de proposition, s’est engagé de verser l’équivalent du SMIG (10 000 DA) aux grands-parents disposés à accueillir les bébés qui sont souvent abandonnés. A propos de la kafala, le ministre a annoncé que des enquêtes serrées seront engagées par son département avant de remettre les bébés aux familles d’accueil. « Le bébé n’est pas un joujou. C’est un être humain qui doit être sous la responsabilité de gens sérieux », a-t-il prévenu.

Fier d’avoir « créé » 396 000 emplois, Ould Abbès a annoncé que 500 millions de dinars ont été dégagés pour lancer l’Agence nationale de gestion du microcrédit (ANGM). Il n’y voit aucun chevauchement avec les prérogatives de l’ANSEJ. Le dispositif ANGM est destiné aux personnes de plus de 18 ans. « Sans limite d’âge. Il est destiné autant aux femmes au foyer qu’aux handicapés. Le taux d’intérêt des crédits varie entre 1 et 2% et l’apport personnel ne dépasse pas les 5% du montant global du crédit », a-t-il indiqué. Des instructions « fermes » ont été données, selon lui, aux banques publiques pour faciliter l’opération. Les prêts accordés, dans le cadre de l’ANGM, varient entre 50 000 et 400 000 DA. Ils sont remboursables entre un et cinq ans. « L’Etat ne va plus recruter. Il va le faire par le truchement des entreprises publiques viables », a-t-il dit.

Par Metaoui Fayçal, El Watan