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Abdelmalek Guenaïzia à la Défense Nationale

lundi 2 mai 2005, par Stanislas

Après quinze années à Berne, le général-major Abdelmalek Guenaïzia revient aux plus hautes fonctions de la Défense après avoir démissionné de l’état-major de l’ANP en 1992. Un retour aux affaires militaires synonyme de confiance présidentielle.

En nommant le général-major Abdelmalek Guenaïzia (cité sans

Abdelmalek Guenaïzia

son grade dans le communiqué de la Présidence) au poste de ministre délégué auprès du ministère de la Défense nationale, le président Bouteflika semble avoir trouvé un compromis astucieux et inattendu dans la gestion des dossiers militaires. Etant ministre de la Défense et Chef suprême des armées, le président Bouteflika avait certainement quelques réticences à placer ce portefeuille entre les mains d’un officier supérieur en qui il n’a pas entière confiance. L’homme de la situation a été trouvé en... Suisse. C’est à l’ambassade d’Algérie à Berne que le général Guenaïzia avait poursuivi sa carrière étatique, passant de l’état-major de l’armée au rôle d’ambassadeur. La reconversion aura duré longtemps pour celui qui faisait partie des hommes forts de l’ANP durant la décennie 80 aux côtés des généraux Belhouchet, Chelloufi, Beloucif et Nezzar.

De toute cette promotion des premiers généraux de l’armée de l’époque de Chadli Bendjedid, il a été celui qui avait lancé, en compagnie du général Khaled Nezzar, le chantier de la professionnalisation de l’armée en 1984. Abdelmalek Guenaïzia connaissant parfaitement les rouages de l’armée pour avoir été de tous les postes qui conduisent logiquement à l’état-major, en occupant plusieurs fois celui de chef de région militaire ou de commandant des Forces terrestres, considéré comme l’antichambre du ministère de la Défense. Il fut notamment chef de la fameuse division blindée de Sidi Bel-Abbès (8ème DB), a même fait la guerre de 1973 au Moyen-Orient contre l’armée israélienne et a également été commandant des Forces aériennes.

Le général Guenaïzia fait également partie des durs de l’armée qui avaient prôné une ligne de fracture avec l’islamisme en janvier 1992. C’est en compagnie des généraux Abbès Ghezail (Gendarmerie nationale), du ministre de la Défense, Khaled Nezzar, et du général Touati qu’il décida d’une riposte militaire à la violence islamiste. Reste que sa démission en 1992 du poste de chef d’état-major de l’ANP l’a écarté des centres décisionnels et le général Guenaïzia accepta sa nomination en tant qu’ambassadeur en Suisse sans rechigner, à l’inverse du général Liamine Zeroual qui refusa de demeurer en poste en Roumanie. Le général Guenaïzia avait été alors remplacé par l’ancien CEM/ANP, le général de corps d’armée Mohamed Lamari, considéré à l’époque comme étant plus jeune et plus prompt à diriger la lutte antiterroriste. Sa nomination, qui est une surprise totale pour les observateurs, recèle toutefois une logique.

La propension du président Bouteflika a faire confiance aux « anciens cadres » chevronnés, à l’instar de Bedjaoui au MAE, a probablement joué en faveur de Guenaïzia. Ce dernier avait organisé la première sortie à l’étranger du président Bouteflika en 1999 au forum de Crans Montana, où il apparut aux côtés du président de la République et du Premier ministre suisse. Après un « intérim » tacite du ministre de l’Intérieur, Yazid Noureddine Zerhouni, déjà lourdement en charge de l’Intérieur et des Collectivités locales, il devenait urgent pour l’ANP d’avoir une figure à même de le représenter au niveau international.

Le chef d’état-major, le général- major Ahmed Gaïd Salah, et le secrétaire général du MDN, Senhadji, seront dorénavant coiffés par le général-major Abdelmalek Guenaïzia, qui sera le parfait corollaire du président Bouteflika aux Tagarins. L’homme connaît les dossiers, a travaillé avec la majeure partie de l’encadrement de l’armée actuel et possède une réputation intacte au sein des jeunes officiers de l’ANP comme étant un des officiers ayant prôné la modernisation.

Avec le retour du général-major Guenaïzia dans une conjoncture marquée par le dialogue avec l’OTAN, la coopération antiterroriste avec l’EUCOM, le raffermissement des liens avec d’autres armées, notamment américaine, et la politique de rééquipement militaire, l’ANP privilégie l’expérience et la connaissance interne de l’appareil militaire. En la défaveur du général Guenaïzia, une éclipse d’une dizaine d’années des affaires militaires. En sa faveur, un profil de diplomate et de politique qui dépasse le seul cadre militaire, qui sera utile pour représenter l’ANP aux niveaux régional et international.

Par Mounir B., quotidien-oran.com