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Algérie-Egypte : Polémique autour de la Ligue arabe

jeudi 13 mai 2004, par Hassiba

La polémique enfle entre Alger et Le Caire à propos de « la réforme » à introduire à la Ligue arabe. L’Algérie entend convaincre les membres de cette structure, à la faveur du prochain sommet arabe prévu les 22 et 23 mai à Tunis, d’accepter un changement de nationalité du secrétaire général.

Un poste dominé par les Egyptiens. Cette semaine, dans les colonnes du quotidien saoudien Echark Al Awsat, Abdelaziz Belkhadem, ministre des Affaires étrangères, a rappelé que l’Algérie défend le principe de l’alternance aux postes de responsabilité. « Ce n’est pas une attaque contre l’Egypte ou contre le secrétaire général de la ligue. Nous sommes des pacifistes. Ce n’est pas la position algérienne qui suscite l’étonnement, c’est l’autre position. Comment peut-on parler de démocratie et d’alternance et s’étonner, au même moment, de la passation des responsabilités qui garantit le succès », a déclaré le chef de la diplomatie algérienne.

Alger estime que les réformes dans le monde arabe, devenue à la mode depuis que Washington a lancé l’idée du Grand Moyen-Orient, ne doivent pas concerner uniquement les sociétés, mais aussi les institutions. « La volonté d’occuper le poste de secrétaire général de la ligue existe dans tous les Etats arabes. Certains l’expriment et d’autres pas. La différence réside donc dans l’expression ou non de leur volonté dans ce domaine. Notre proposition a pour objectif de faire évoluer le système d’interaction arabe, pratiquer la démocratie et éviter tout monopole », a déclaré, dans une récente interview au journal égyptien Al Ahram, Abdelaziz Belkhadem. Le chef de la diplomatie algérienne a expliqué que cette idée est un aspect de la pratique démocratique « que nous réclamons dans l’ordre arabe ». « S’il y a une volonté arabe réelle de provoquer un changement global dans la vie et les relations interarabes, la réforme doit commencer par notre ombrelle politique qui est la Ligue arabe, ainsi que par le secrétariat général de celle-ci », a précisé M. Belkhadem.

Empreinte de courage, la proposition algérienne s’assimile à une véritable remise en cause d’un acquis. Aussi est-elle mal reçue au Caire. Curieusement, Ahmed Maher, ministre égyptien des Affaires étrangères, a, cité hier par Echark Al Awasat, déclaré n’avoir pas entendu parler d’une demande algérienne pour une alternance au poste de secrétaire général de la Ligue. « Cette question ne se traite pas à travers des déclarations de presse », a relevé M. Ahmed Maher. Selon lui, l’habitude a fait que ce poste revient à l’Egypte. « Sauf dans un contexte exceptionnel défini dans la charte de la Ligue arabe », a-t-il tenu à préciser. Il est donc évident que Le Caire est irrité par la proposition algérienne. Comment la question sera-t-elle abordée lors du sommet arabe qui, déjà, a eu toutes les peines pour se tenir ? « La réforme de la Ligue arabe va redynamiser l’action arabe commune et aider à introduire des mécanismes pouvant rendre plus efficace la coopération interarabe », a indiqué dernièrement M. Belkhadem.

Mardi, le président tunisien a estimé, cité par l’agence italienne Ansa, que la Ligue arabe « doit hâter son processus de réforme et de modernisation pour demeurer l’espace idoine reflétant une volonté arabe commune ». Sera-t-il le cas lors du sommet arabe ? La polémique entre Alger et Le Caire, qui n’est qu’une face de la profondeur des divergences entre les capitales arabes, n’arrangera pas les choses. Déjà Alger a annoncé que le président de la République n’assistera qu’au premier jour du sommet. Motif avancé : « Les engagements africains » de l’Algérie.

Par Fayçal Métaoui, El Watan