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Algérie - Europe : Alger pose ses conditions

samedi 16 décembre 2006, par Samir

L’Algérie conditionne la signature d’un accord de réadmission avec l’Europe par un appui de la Commission européenne à la facilitation des visas et à son accession à l’Organisation mondiale du Commerce.

Alger - Algérie

C’est ce que nous avons appris mardi dernier à Bruxelles, où l’on nous précise qu’Alger a convenu avec l’Union européenne (UE) de traiter en priorité deux dossiers, à savoir « Industrie », Commerce et Services » et « Justice et Affaires intérieures (JAI) ». C’est à l’issue d’une réunion à Alger (5 et 6 décembre 2006) de deux groupes de travail informels, chargés d’examiner les thématiques de ces deux dossiers, que cette priorité et cet intérêt mutuel ont été exprimés. Ceci même si on note que « de part et d’autre, priorité est donnée à l’application de tout le potentiel de l’accord d’association ». Mis en oeuvre le 1er septembre 2005, l’accord a comme objectif, selon nos interlocuteurs communautaires, « d’aboutir à un dialogue politique et économique plus approfondi, à l’établissement progressif d’une zone de libre-échange et à une coopération dans les domaines économique, social, culturel, ainsi qu’en matière de justice et d’affaires intérieures ». Ce dernier thème (JAI), faut-il le rappeler, a fait grincer bien des dents, que ce soit du côté algérien ou celui européen. C’était tout au long du processus de négociations de l’accord d’association (AA).

Les deux parties ont eu en effet du mal à s’entendre sur l’approche, le contenu et la mise en pratique de ce dossier épineux. Et même après avoir signé l’AA, l’Algérie n’a jamais été convaincue du bien-fondé du JAI et de la bonne foi des Européens à lui donner forme selon ses convictions, sa vision des choses en la matière et ses intérêts. La libre circulation des personnes et l’assouplissement des procédures d’octroi des visas en constituent à ses yeux en évidence l’ossature. C’est d’ailleurs pour cela qu’aujourd’hui Alger le met dans la balance pour qu’elle accepte de procéder à la signature d’un accord de réadmission. Accord dont l’importance pour l’UE n’est nullement à démontrer. La réadmission étant ce procédé qui consiste en l’acceptation par l’Algérie du renvoi vers ses frontières de ses ressortissants en cas de séjour illégal dans l’un des pays membres de l’UE et même s’ils ont pas de papiers d’identité qui prouvent qu’ils sont algériens.

La mise en oeuvre de l’AA est actuellement suivie par les représentants algériens et européens selon un calendrier qu’ils ont arrêté d’un manière conjointe. L’évaluation des différentes étapes est faite par les structures appropriées, à savoir le conseil d’association institué au niveau ministériel, le comité d’association au niveau des fonctionnaires et des sous-comités de celui technique. Si le premier conseil d’association s’est réuni le 16 mai dernier non sans tergiversations du côté européen qui a voulu plutôt « l’expédier », l’Algérie rechigne quelque peu aujourd’hui à mettre en place les sous-comités d’association. L’on nous précise à Bruxelles qu’un projet pour un feu vert à leur institution formelle lui a été remis par la Commission européenne CE), « mais on attend la réponse de ses autorités ». La CE se veut néanmoins rassurante en retenant que le premier conseil d’association a débouché sur la finalisation d’un agenda politique « positif ».

D’ailleurs, l’on souligne « qu’il s’est agi d’une occasion unique pour affirmer notre engagement à relancer nos relations bilatérales dans un cadre rénové et équilibré et donner à l’Algérie la place qui lui revient dans le cadre du processus Euro-Med ». L’énergie est justement ce dossier qui lui donne cette place puisqu’il oblige les Européens à se rapprocher davantage d’elle. « L’UE et l’Algérie sont d’accord sur le fait que la coopération bilatérale dans le domaine de l’énergie pourrait être considérablement renforcée au bénéfice des deux parties », commence-t-on par dire à cet effet. Parce que, estime-t-on, « l’énergie est aussi un élément essentiel pour l’UE qui voit en l’Algérie un partenaire stratégique qu’il convient de ne plus négliger ». Qualifiée de « fournisseur essentiel de gaz de l’UE après la Russie et la Norvège », l’Algérie est considérée aujourd’hui comme étant « un appui indispensable afin d’assurer une sécurité d’approvisionnement énergétique ». C’est pour ces considérations qu’à Bruxelles, l’on juge aujourd’hui qu’un dialogue énergétique stratégique UE-Algérie est devenu un sujet prioritaire pour les deux parties ».

Restent les questions inhérentes à la politique européenne de voisinage (PEV), à propos de laquelle Bruxelles reste sur sa faim tant que l’Algérie la refuse, et ce depuis l’année 2000 où elle lui a été proposée comme nouvelle doctrine du partenariat euro-méditerranéen. A la CE, l’on tente de justifier ce refus en rappelant que « la ratification de l’accord d’association a été un exercice difficile pour le pouvoir algérien, qui a principalement misé sur l’ancrage politique de l’UE plutôt que le libre-échange qui, en termes économiques, ne représente pas vraiment une valeur ajoutée pour l’Algérie ». Ainsi, estime-t-on, du côté de Bruxelles, « qu’à ce stade, il est prématuré d’anticiper l’adoption d’un plan d’action de voisinage avec l’Algérie, dont la valeur ajoutée reste encore à démontrer auprès de ses autorités ». L’UE assure avoir pris « bonne note de cette position et reste disponible pour entamer un dialogue sur un plan d’action quand les autorités algériennes l’estimeront approprié ».

Synthèse de Samir, algerie-dz.com
D’après le Quotidien d’Oran