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Commerce des baraques à Annaba

lundi 11 avril 2005, par nassim

Un réseau de commerçants de baraques s’est mis en place à Annaba, avec des prix oscillant entre 15 et 30 millions de centimes l’unité. La baraque reste le seul moyen d’accéder au logement social, estiment certains.

L’image des bidonvilles continue à coller à la ville de Annaba, laquelle, pourtant, s’était débarrassée durant les années 1980 des cités fantômes, à l’exemple de celle de “Bouhamra” où des milliers de baraques donnaient un aspect de désolation et de misère. La réapparition des bidonvilles, qui ceinturent aujourd’hui l’antique “Bouna”, a été constatée quelques années après avec l’avènement du terrorisme intégriste qui a contraint les populations des localités isolées à l’exode vers les grandes villes.

Ainsi, d’El-Bouni à Aïn Berda,

Commerce des baraques à Annaba

en passant par les communes de la daïra d’El-Hadjar (Sidi Amar, Hadjar Eddis, Oued El-Nil), ainsi que dans une partie de la région d’Oued El Aneb et Treat, les baraques de différents types de constructions poussent comme des champignons. Si l’on se réfère à des déclarations des habitants de ces régions, chaque nuit, notamment durant l’été, “naissent” une dizaine de “bicoques”, un peu partout sur le territoire de la wilaya de Annaba. Aussi, de véritables réseaux spécialisés dans la réalisation des baraques existent à Annaba. L’unité est écoulée pour une somme variant de 15 à 30 millions de centimes, selon nos sources. “Le prix des baraques diffère d’une région à une autre.

Les plus chères sont celles de la plaine ouest et, à un degré moindre, celles de Sidi Salem. À Sidi Herb, par exemple, la baraque est cédée entre 25 et 30 millions de centimes”, explique un “kacher” (courtier) versé dans ce créneau. Décidément, aujourd’hui rien n’arrête la poussée des bidonvilles. À Annaba, où ce phénomène qui a énormément porté préjudice à l’image de marque de La Coquette, a atteint en quelques endroits, surtout dans la périphérie de la ville, des proportions alarmantes.

L’on dénombre, par exemple, du côté de la forêt située sur les hauteurs des 378-Logements de Hadjar Eddis, dans la commune de Sidi Amar, plus de trois cents baraques dont la plupart sont construites en dur. Pis, toujours à Hadjar Eddis, et quelques pas plus loin, des trottoirs de la cité des 440-Logements ont été carrément squattés par des individus, qui ont construit en dur des locaux commerciaux, au vu et au su de tout le monde.

Les lieux choisis sont situés généralement loin des yeux. Autrement dit, des terrains propices à l’implantation de baraques sans être dérangé. Une fois les 10 premiers bidonvilles construits, le reste suit comme sur des roulettes et c’est ainsi que poussent de nouvelles cités de bidonvilles. Selon certaines indiscrétions, la majorité de ces constructions illicites a été réalisée durant ces deux dernières années seulement. Cependant, la complicité des services techniques des communes est flagrante. Aujourd’hui, à Annaba, la “naissance” d’une nouvelle cité de bidonvilles attire les gens tels des charognards autour d’une proie. Une situation où les “kachara”, les entrepreneurs en bâtiment et les “clients”, trouvent leur compte.

Dès leur création, ces cités de bidonvilles ne souffrent que du manque d’établissements scolaires, car l’alimentation en énergie électrique est assurée à partir des locaux des immeubles des cités limitrophes, à l’aide de câbles dépassant parfois deux kilomètres de longueur, alors que pour l’AEP, les gens optent en majorité pour des puits.
À ce sujet, El-Bouni, la plus importante agglomération de la wilaya de Annaba, détient, dans ce cadre, un triste record. L’on peut la qualifier carrément de la “ville des mille et une bicoques.” El-Bouni (ex-Sonatiba), synonyme également de drogue et de prostitution, a dépassé tous les pronostics.

Cependant, une première tentative de lutte contre les bidonvilles a été lancée la semaine écoulée par la commune de Berrahal, en détruisant plus d’une quinzaine de baraques. Mais beaucoup reste à faire pour l’éradication totale des bidonvilles.

En conclusion, ce n’est pas pour demain que La Coquette se débarrassera de ces bidonvilles. Une mission très difficile, voire même impossible dans les 10 prochaines années, car, pour beaucoup, la baraque est, de nos jours, le seul moyen d’accès à un logement social, estiment certains.

Par B. Badis, liberte-algerie.com