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Des membres de la LADDH en danger de mort en Algérie

lundi 17 mai 2004, par Hassiba

Un appel au secours et une demande de protection de personnes en danger de mort. C’est à cela que se résume l’alerte lancée hier par les membres de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), animateurs du mouvement des citoyens du Sud pour la justice.

Dans un communiqué rendu public, ce mouvement désigne le wali et la police de Djelfa comme auteurs de ces menaces. Les plus hautes instances politiques et militaires du pays ainsi que les organisations de la société civile nationales et internationales ont été destinataires du même document dans lequel il est fait état d’une véritable mobilisation des structures de l’administration de l’Etat et de ses services de sécurité dans le seul objectif de menacer, humilier puis décourager les concernés dans leurs opérations de sensibilisation citoyenne.

« Beaucoup de dossiers impliquant les autorités locales ont été révélés dernièrement au grand public », explique Hafnaoui Ben Ameur Ghoul, coordonnateur régional de la LADDH à Djelfa et porte-parole du mouvement citoyen. Ce sont les motivations de la cabale dont il est une des principales victimes. Filatures, écoutes téléphoniques, harcèlements judiciaires, contrôles policiers systématiques, domiciles surveillés, tel est le quotidien des citoyens qui ont osé un jour dévoiler les pratiques douteuses des responsables locaux. Depuis cinq ans, en effet, un groupe de journalistes correspondants dans la région, dont fait partie M. Hafnaoui, a décidé d’intégrer la LADDH puis de créer les premières cellules du mouvement citoyen du Sud pour dénoncer l’arbitraire subi par les citoyens à tous les niveaux. D’où le mécontentement des officiels qui redoutent l’émergence d’un véritable contre-pouvoir capable d’exiger une meilleure gestion de leurs affaires. L’acharnement de l’administration locale s’exacerbera davantage et prendra des proportions gravissimes à la fin de la première quinzaine de mai lorsque ces défenseurs des droits de l’homme ont fait état d’un grave dérapage à l’hôpital de Djelfa en annonçant la mort suspecte de 13 bébés.

La révélation n’est pas du goût des autorités. Des actions de représailles sont organisées. De retour d’Alger, où il avait assisté à la réunion du bureau national de la LADDH, M. Hafnaoui s’est vu infliger les pires humiliations de la part des policiers. L’homme est arrêté, ses papiers confisqués, puis conduit de force au commissariat de la ville. A l’intérieur, ses « ravisseurs assermentés », pour reprendre son expression, l’ont menacé carrément de mort s’il « s’entêtait à s’intéresser à des choses qui ne le concernent pas ». Les policiers ne s’arrêtent pas à ce niveau. Ils promettent à la victime « de liquider et de kidnapper les membres de sa famille ». Chose qui a poussé le concerné à déménager et à chercher secrètement un refuge pour sa famille. « On dirait que l’Etat a mobilisé ses services de sécurité pour mettre hors d’état de nuire des terroristes », lit-on dans le communiqué qui mentionne, par ailleurs, des dépassements inadmissibles qu’ont subis les correspondants locaux lors de la précédente campagne électorale pour avoir dénoncé les perturbations des meetings de Saïd Sadi, de Benflis et de Mme Louisa Hanoune organisées par l’Administration. D’autres militants du mouvement citoyen du Sud ont relevé que des éléments de la police disposant d’une liste où figurent leurs noms ont été affectés pour dresser des barrages de contrôle aux quatre coins de la ville de Djelfa.

Face à cette situation, la LADDH avertit que « la vie de défenseurs des droits de l’homme et de la liberté d’expression est réellement menacée par une mafia et les détenteurs de privilèges après que le wali, ses agents et les responsables des services de sécurité sont devenus les protecteurs des parrains de la contrebande et les marchands du trabendo ». « Le wali et ses collaborateurs, comme son chef de cabinet, le responsable du protocole, des responsables administratifs, des officiers de police, de gendarmerie, de l’armée et de l’appareil judiciaire se sont transformés en de véritables businessmen qui disposent de la vie des citoyens », note le document de la LADDH.

Source : Le Matin