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Entre l’Algérie et le Maroc, les différends persistent

vendredi 29 septembre 2006, par Rédaction

Les relations entre l’Algérie et le Maroc semblent au plus bas en raison du différend entre les deux pays sur la question du Sahara Occidental.

Entre l’Algérie et le Maroc, les différends persistent

Dans une récente étude sur les liens bilatéraux entre les deux pays, la chercheuse Khadija Mohsen-Finan, spécialiste du monde arabe à l’IFRI, revient sur les causes profondes de cette mésentente. Pour elle, ce sont deux conceptions radicalement différentes de l’Etat, du territoire et du droit international qui s’affrontent. « L’Algérie a délimité son territoire sur le front de l’époque coloniale. La Nation algérienne s’est bâtie dans la lutte contre la colonisation et l’Etat est né en 1962 d’un référendum d’autodétermination. Au Maroc, le roi est le centre de gravité du système, on lui fait allégeance et on considère que la décolonisation n’est pas finie », explique-t-elle. Résultat : ces deux conceptions se cristallisent sur le dossier du Sahara occidental.

Alors que le Maroc estime que le Sahara lui permettrait d’avancer dans le parachèvement de son intégrité territoriale, l’Algérie juge que le royaume pourrait peut-être le récupérer mais après un référendum d’autodétermination. Et Khadija Mohsen-Finan de souligner : « Le Maroc et l’Algérie ne sont pas des “frères” mais des “voisins” qui n’ont en commun qu’une frontière. Ce n’est pas parce qu’ils ont eu le même colonisateur qu’ils doivent se ressembler. L’erreur de l’Occident est là : vouloir les regrouper, par exemple économiquement, au sein d’un marché maghrébin uni. On voit bien que c’est impossible car chacun des deux pays s’ancre dans la mondialisation en développant des liens économiques et politiques avec l’Occident de son côté et non ensemble ».

Avec un tel différend jamais traité, l’incompréhension réciproque a amplement eu le temps de nourrir les rancœurs. Le Maroc reproche toujours à l’Algérie ce fameux discours du président Boumediène accusant la monarchie marocaine de tourner le dos à la modernité. Il garde aussi en travers de la gorge l’attitude blessante d’Alger qui, après les attentats de Casablanca, ne manquait pas de souligner que le « paisible royaume chérifien » était lui aussi confronté au terrorisme. En retour, les militaires algériens en veulent à Hassan d’avoir comparé leur pays à un « laboratoire » alors qu’il était en proie à la barbarie islamiste. En dépit de ces rancœurs mutuelles, du temps de Hassan II, les deux pays parvenaient à entretenir un dialogue lointain et à coopérer sur les lignes rouges à ne pas dépasser de part et d’autre. De surcroît, l’Algérie a toujours considéré que la monarchie est l’une des clés de la stabilité du Maroc. A en croire ce fin connaisseur de l’Algérie, il n’en serait plus ainsi depuis la disparition d’Hassan II.

Synthèse de Mourad
D’après Le Journal Hebdo