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Euromed à Dublin : Le processus de Barcelone en déclin

jeudi 6 mai 2004, par Hassiba

Les ministres des Affaires étrangères des pays engagés dans le processus euroméditerranéen, passés à trente-sept depuis le 1er mai dernier, se retrouvent aujourd’hui à Dublin (Irlande) pour leur réunion ordinaire. A l’ordre du jour de cette réunion, des questions majeures comme un bilan de ce qui a été accompli depuis la précédente rencontre, le terrorisme et l’immigration clandestine. Autant dire les questions qui constituent les fameuses trois corbeilles de la déclaration dite de Barcelone.

Mais cette fois, les choses sont appelées par leur nom, surtout depuis les attentats de septembre 2001 aux Etats-Unis et plus récemment encore en Espagne. On n’ose plus contrarier des pays qui comme l’Algérie soulevaient cette question avec beaucoup d’insistance au lancement du processus et pendant les années suivantes. Alger a dû batailler également pour empêcher l’amalgame entre terrorisme et lutte de libération nationale. Ce n’était pas un simple glissement sémantique. Mais, qui se souvient du processus euroméditerranéen lancé en grande pompe en novembre 1995 à Barcelone, dans la foulée de l’accord de principe palestino-israélien conclu deux années auparavant ? La question revient sans cesse, et seuls les officiels ont la tâche ardue d’entretenir afin de la maintenir en vie, une idée qui a suscité l’enthousiasme des deux côtés de la Méditerranée.

Ils nous le rappellent encore aujourd’hui à l’occasion de la réunion de Dublin qui a accueilli le 1er mai dernier la cérémonie solennelle d’élargissement de l’UE (Union européenne). On rappellera alors que si le processus de Barcelone a été mis en veilleuse, c’est justement à cause de cette question d’élargissement qui accaparait aussi bien les efforts que les moyens financiers que l’Europe des Quinze allait débloquer pour permettre la mise à niveau. Mais on n’hésite pas à dire de ce processus qu’il est mort. Le constat peut paraître sévère au regard de l’activité diplomatique qui continue à être déployée et des moyens mis en œuvre ou sur le point de l’être comme le fameux programme MEDA. On en est au deuxième du genre, et cela ne veut pas dire que tout marche comme sur des roulettes. Ce serait mentir que de le faire. Le premier était un échec dans sa gestion et faible dans son ampleur. Le second, adopté en novembre 2000 lors de la conférence tenue à Marseille, a surtout été victime des lenteurs administratives, entendre par là les innombrables mesures de précaution pour se prémunir des détournements et autres sociétés-écrans. Ce qui constitue une question propre à l’UE même si cela tend avant à éliminer l’idée bien ancrée selon laquelle, la corruption se passe ailleurs qu’en son sein.

Cela étant, il se dégage de ce processus que l’Europe l’a mis délibérément en veilleuse pour mener à son terme le plus grand élargissement de son histoire. Mais la cause de l’échec est multiple. Elle découle principalement de la politique israélienne marquée par une succession de reniements de ses engagements à l’égard des Palestiniens et de la communauté internationale, en ce sens que le processus de Barcelone avait pour ambition de « faire de la Méditerranée une zone de paix et de prospérité partagée ». Ce n’est pas la guerre, mais il serait faux de croire que l’inverse est vrai. D’autant plus que le volet politique de la déclaration prévoyait une coopération politique et ce qu’on appelle des mesures de confiance en attendant la conclusion d’un Pacte de stabilité. Ce qui suppose une paix totale et une normalisation entre les pays arabes et israël. L’absence de paix au Proche-Orient même si l’on se plaît dans les capitales européennes à vouloir séparer cette question de celle du partenariat euroméditerranéen, empêchait tout progrès. Ne reste alors de ce processus et au seul plan du principe que son volet économique alimenté par la succession d’accords de partenariat, ce qui devrait donner naissance, à la fin de cette décennie normalement, à la zone de libre-échange.

Ce qui n’est là qu’un projet susceptible d’être dynamisé ou à l’inverse d’être contrarié aussi longtemps que subsisteront des points de divergence, comme cette idée jamais énoncée comme telle il est vrai, de faire des pays de la rive sud la nouvelle frontière de l’Europe où seront combattus tous les genres de trafic à destination de l’Europe. Chaque réunion devenait une nouvelle bataille pour évacuer tous les non-dits, ou les questions soulevées de ce côté de la Méditerranée comme la circulation des personnes, objet d’âpres débats lors de la deuxième réunion ministérielle tenue à Malte en 1997. Les diplomates trouveront toujours la parade pour ne pas parler d’échec ou pour l’éviter. La régularité avec laquelle se tiennent les réunions exclut d’ailleurs cette idée, mais le bilan fait nettement oublier l’euphorie de 1995.

Par T.H., El Watan