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Fermeture de l’Ambassade Britannique à Alger

L’explication “diplomatique” de Belkhadem

mardi 23 mars 2004, par Hassiba

Vingt-quatre heures après l’annonce, curieuse, du déménagement des services de l’ambassade de Grande-Bretagne à Alger, de l’avenue Souidani-Boudjemaâ vers l’hôtel Hilton, le mystère demeure entier quant aux mobiles exacts de ce changement de “domicile”.

Le ministère algérien des affaires étrangères qui devait éclairer l’opinion sur cette “affaire” a plutôt rajouté une couche supplémentaire au doute qui s’est installé.
En effet, et contrairement aux suggestions, voire aux affirmations des autorités britanniques à Alger et depuis Londres, qui évoquent l’hypothèque sécuritaire,

Abdelaziz Belkhadem a relégué ce dossier à un simple désagrément, voire presque à une histoire de tapage... diurne. Dans une déclaration à la télévision, hier, le ministre des Affaires étrangères estime, en effet, que compte-tenu de la proximité de la chancellerie britannique à la place Addis-Abeba où des travaux de creusement d’un tunnel durent depuis une année, l’ambassade a demandé la suspension des travaux et la déviation de certains tracés de la rue. Proposition vite refusée par les autorités algériennes arguant que ces travaux étaient importants pour l’aménagement de la place Addis-Abeba.

“L’ambassade de la Grande-Bretagne a demandé que l’on suspende les travaux ou qu’on dévie certains tracés de la rue, car les piétons étaient obligés de longer l’entrée - de l’Ambassade - pour passer, ce que nous avons refusé, étant donnée l’importance de l’aménagement de ce carrefour”, explique Belkhadem. Cependant, le ministre cache mal une arrière-pensée sécuritaire qui a sous-tendu le changement d’adresse de la représentation diplomatique de la Grande-Bretagne quand il précise que les autorités de ce pays exigent depuis l’attentat contre leur consulat à Istanbul en Turquie, en novembre dernier, que leurs ambassades soient situées à au moins 30 mètres de la rue. En clair, le souci des autorités de sa Majesté est moins le désagrément causé par les travaux publics que celui d’une fatale promiscuité avec des piétons algériens. Cela dénote assurément d’une crainte sérieuse d’un attentat contre l’ambassade britannique. Cette thèse est d’autant plus plausible que les travaux d’aménagement de cette avenue ont commencé, depuis longtemps, avec quasiment les mêmes désagréments et la même distance sans que la chancellerie britannique n’ait pensé à changer de domicile.

C’est dire qu’il est difficile de prendre pour argent comptant l’argument des “travaux publics” de Belkhadem pour justifier cette soudaine panique des diplomates anglais. Surtout qu’une source du Foreign Office, citée par l’AFP précise bien que ce transfert est motivé par des “raisons de sécurité”, tandis que le porte-parole de cette même institution a préféré observer une réserve sur la question.

Hassan Moali, Liberté