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L’Algérie attire moins d’investisseurs technologiques que le Maroc

samedi 7 mai 2005, par Stanislas

Seulement 13% des projets d’investissement à contenu technologique à destination des pays de la région MEDA ont atterri en Algérie entre la période 2003 et début 2005 ; contre 21% pour le Maroc.

Les chiffres publiés par l’Observatoire de l’investissement en Méditerranée (MIPO) ont été rapportés dans le cadre d’une étude publiée récemment et intitulée « Innovation, pôles technologiques et attraction de l’investissement la Méditerranée intelligente ».

Selon cette étude, les IDE à contenu technologique ne représentent que 14 % (137 sur 957) des projets d’IDE vers les pays MEDA, soit deux fois plus en proportion que vers les nouveaux pays membres de l’UE. La géographie de ces IDE montre que les Etats-Unis et la France sont les grands pays émetteurs et qu’Israël, le Maghreb et la Turquie sont les destinations les plus fréquentes.

Selon la même source, la région MEDA a attiré 4,57 milliards d’euros dans le secteur des télécommunications (principalement en raison de l’acquisition des licences et du développement des réseaux), soit environ 2 milliards par an entre janvier 2003 et le début de 2005.

Les autres domaines liés aux TIC et à la biotechnologie ont attiré 2,49 milliards d’euros. L’étude propose une analyse de la situation de l’innovation et de la recherche dans les pays méditerranéens, en insistant sur la région MEDA.

Ainsi, concernant l’Algérie, la publication relève quelques points positifs mais aussi négatifs. Son premier constat est que chez nous, « il n’existe pas à proprement parler de politique nationale de la recherche ». Un domaine où l’action gouvernementale reste limitée et où les structures en place semblent davantage « bureaucratiques ».

De plus, il n’y a pas véritablement de place pour les associations de chercheurs ou d’ingénieurs. Au milieu de ces carences, la création du parc technologique de Sidi Abdellah dont le coût est d’environ 100 millions d’euros est perçue comme une bonne initiative dont le but est de créer « un district d’innovation ».

Parmi les points positifs, l’étude note qu’au niveau de l’offre technologique, l’Algérie est en train de « rattraper très vite son retard ». On en veut pour preuve qu’en 2002 la télédensité du pays était la plus faible dans la région MEDA, alors qu’aujourd’hui ce taux caracole à plus de 20 %.

La satisfaction ne va pas plus loin, puisque l’étude déplore le fait que le marché des capitaux à risque qui commence à se développer dans quelques pays comme le Maroc et la Tunisie est encore « quasi embryonnaire en Algérie » et « guère favorable aux start-ups » dans le domaine de la technologie.

Pourtant, selon les auteurs du document, le faible développement du marché des capitaux n’est pas lié au manque de ressources financières, puisque les banques commerciales sont très « liquides », mais à « l’absence de systèmes de garanties pour des PME, en particulier technologiques » et les banques commerciales ne sont pas en mesure de répondre aux besoins des PME pour les financements longs.

Les insuffisances du marché des capitaux se posent de ce fait comme obstacle à une présence plus élargie de partenaires étrangers, note la publication. Une cause à laquelle viennent s’ajouter « des pratiques comptables locales qui n’offrent pas suffisamment de garanties sur la véracité des chiffres et un nombre encore faible de fonds spécialisés dans le capital-risque ».

Tout cela fait que « les flux d’investissement vers l’Algérie et plus généralement vers les pays MEDA se caractérisent par l’importance, d’une part, des projets publics (infrastructure, éducation, santé, logement...) et, d’autre part, des projets des multinationales (à l’origine de la plupart des IDE).

L’enquête établit, en gros, que les techno parcs du nord de la Méditerranée sont dotés davantage de moyens et de contenu que leurs homologues du Sud. Une plus grande variété de domaines de recherche et de développement existe côté européen, alors que dans la région MEDA une forte polarisation est observée sur les technologies de l’information.

Par Safia Berkouk, jeune-independant.com