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L’ENIE : Situation explosive

Sidi Bel -Abbés

dimanche 14 mars 2004, par Hassiba

L’Entreprise nationale des industries électroniques (ENIE), en proie à des tiraillements depuis longtemps, a été, dans la matinée d’hier, le théâtre d’incidents qui ont failli prendre une tournure grave pour le directeur et son staff dirigeant, lorsque des employés, soutenant leurs collègues grévistes de la faim, se sont attroupés devant l’entrée de l’usine de Sidi Bel-abbès.

Un groupe de travailleurs aurait, selon des déclarations du DG et des cadres de l’entreprise, intercepté des membres de la direction générale pour prendre possession de leurs véhicules, téléphones portables et argent. Toujours selon leurs déclarations, ils auraient été empêchés de regagner leurs postes de travail, indiquant encore qu’ils ont été malmenés par leurs « agresseurs », contre lesquels des plaintes ont été déposées à titre individuel. Pour éviter tout dérapage, les services de sécurité, qui ont déployé un important dispositif, ont préféré procéder à l’évacuation de l’usine. Mais une bonne partie des opératrices a refusé de quitter la chaîne pour assurer la production. Le DG a affirmé devant la presse que la production des téléviseurs 74 cm et 55 cm n’a pas été interrompue.

Jusqu’à hier, les produits ont été livrés aux clients. Quant à la situation qui prévaut actuellement à l’ENIE, aucun responsable n’a été en mesure de fournir les véritables raisons de cette agitation, pour avancer toutefois une guerre syndicale comme la face apparente qui cacherait des manipulations visant la liquidation de l’entreprise à l’avantage de « concurrents qui convoitent des parts du marché ».

Devant la détermination dans leurs positions des deux parties en conflit, la situation de l’ENIE semble aller vers l’aggravation si rien n’est fait dans l’immédiat. Outre les revendications socio-professionnelles, les syndicalistes grévistes et membres du CP qui ont fait l’objet de licenciement demandent en priorité une enquête approfondie sur les finances, notamment les oeuvres sociales, au sujet desquelles les contestataires accusent les responsables d’ »irrégularités ». Les grévistes, qui semblent convaincus de leurs dires, avec preuves à l’appui selon eux, réclament que soit faite toute la lumière sur cette question à propos de laquelle beaucoup de choses ont été avancées. Les grévistes demandent, d’autre part, une commission d’enquête, la réintégration des sections syndicales récemment élues par les travailleurs, tout en rejetant le comité provisoire mis en place par l’administration, un jour férié selon eux. Il est également exigé la levée des sanctions frappant les quelques représentants des travailleurs, au moment où des mises en demeure pleuvent sur des travailleurs soutenant la cause de ces derniers.

S’agissant des points d’ordre socio-professionnel, il est revendiqué l’application des conventions de branches, portant augmentation de 5% depuis 1997, la régularisation des salaires des opératrices, l’augmentation des salaires non revalorisés depuis 25 ans, en plus de l’encouragement des promotions internes et l’application du plan de carrière pour chaque employé.

F.M. Et M.D., Le Quotidien d’Oran