Accueil > ALGERIE > L’affaire Hassiba Belbachir

L’affaire Hassiba Belbachir

mardi 29 mars 2005, par nassim

L’affaire Hassiba Belbachir est en train de prendre des proportions diplomatiques.

Alors que la famille de cette Algérienne décédée dans une prison américaine compte intenter un procès contre les Etats-Unis, des mouvements associatifs algériens aux Etats-Unis envisagent d’organiser un rassemblement devant le siège de l’ONU à New York.

« Suite aux événements malheureux que les membres de la communauté algérienne sont en train de subir de la part des autorités américaines et l’ignorance et l’absence d’une représentation à Washington », les membres de la communauté algérienne aux USA ont décidé d’organiser un rassemblement, le 8 avril prochain, devant le siège de l’ONU et auprès de la mission algérienne à New York. Les organisateurs de ce rassemblement de l’ »Algerian American Association of Greater Washington » (AAAGW), comptent adresser une lettre ouverte au Président Bouteflika par l’entremise de l’ambassadeur Baâli, représentant algérien aux Nations unies. Une autre lettre ouverte sera adressée au secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan « sur les conditions et l’injustice que les Algériens d’Amérique endurent chaque jour ». L’onde de choc de l’affaire Hassiba Belbachir, inhumée dimanche à Oran, se fait ressentir auprès des Algériens résidant aux Etats-Unis qui veulent se mobiliser pour alerter les autorités algériennes sur les conséquences fâcheuses de l’absence d’un ambassadeur algérien à Washington et son corollaire, le sort des Algériens arrêtés dans le cadre du « Patriot Act » et détenus dans des prisons américaines.

« Sitôt la nouvelle apprise (la mort de Hassiba. NDLR), nous avons pris contact avec le consul d’Algérie qui s’est rendu sur place pour s’informer des circonstances de la mort de notre compatriote »,

Hassiba Belbachir

souligne M. Abdelkader Benfriha, membre du staff de l’AAAGW, un comité d’Algériens très actif à Washington, ainsi que celui de l’ »Algerian American Community Of Massachusetts » (AACM) de Lahouari Adli, qui n’ont eu de cesse, ces derniers mois, de revendiquer la présence d’un ambassadeur algérien à Washington du fait de l’accumulation d’affaires concernant des Algériens en situation irrégulière aux Etats-Unis : « Quand est-ce qu’un ambassadeur sera nommé pour revoir ces problèmes avec le département d’Etat américain ? » s’interroge l’AACM qui précise que dans le seul Etat de Massachusetts « 57 Algériens sont détenus en prison pour des raisons non claires ». Depuis près de 7 mois, les Algériens des Etats-Unis attendent la nomination du successeur de Driss Djazaïry, en poste actuellement auprès de la représentation algérienne à Genève. Après l’annonce prématurée d’une permutation avec Mohamed Salah Dembri, actuellement sans poste diplomatique et probablement « victime » des réticences américaines et les spéculations sur la nomination du conseiller du Président sur les affaires de sécurité, Amine Kherbi, un maître-diplomate à Washington, le poste demeure toujours sans titulaire : « les affaires consulaires se déroulent normalement et c’est un chargé d’affaires qui fait office d’ambassadeur », atténuent des sources au ministère algérien des Affaires étrangères qui ajoutent que, dans le cas de Hassiba Belbachir, les services consulaires ont « fait le nécessaire ».

D’ailleurs, c’est un ancien directeur central au MAE, M. Moktefi qui est le chargé d’affaires et qui a eu l’initiative, le 19 mars dernier, de rencontrer la communauté algérienne à New-York, qui verra le rassemblement des associations d’Algériens. Une mission spéciale menée par le diplomate Mounir Belfiroud, relayée par le président de l’Association algérienne de New-York (AANA), a abordé les questions relatives aux demandes d’immatriculation et aux cas d’Algériens en situation irrégulière. D’ailleurs, la famille Belbachir a tenu à remercier les autorités consulaires algériennes aux Etats-Unis pour leur aide relative au transport de la dépouille de Hassiba et à la prise en charge de sa soeur.

Une procédure qui va être élargie puisqu’une procédure de rapatriement est entrée en vigueur en contractant une assurance spéciale à la CAAR.

Du côté américain, c’est par contre le black-out. Aucun communiqué officiel n’a abordé cette affaire et les services de l’ambassade américaine à Alger ont préféré ne pas réagir et semblent attendre les déclarations officielles de la famille algérienne endeuillée. Rien n’indique que le département d’Etat ou les services de l’immigration vont enclencher une enquête sur les circonstances de cette mort mystérieuse dans la prison de Mac Henry, alors que la famille Belbachir accuse directement les Américains d’avoir tué Hassiba.

Par Mounir B., quotidien-oran.com