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La femme algérienne, entre citoyenneté et enjeux électoraux

lundi 8 mars 2004, par Hassiba

Paraît-il, le président de la République sortant s’intéressera à la condition de la femme algérienne à l’occasion de la Journée internationale de la femme. S’il advient, l’on ne s’étonnera du tout pas, à plus forte raison quand on sait les dividendes électoraux qu’une telle initiative pourrait engranger.

Il reste cependant à savoir par quoi, en termes d’actes et d’engagements, se manifestera l’intérêt présidentiel à la condition féminine. On peut déjà soutenir, sans risque d’être démenti, que le candidat-président n’annoncera pas l’abrogation du code de la famille, qui, depuis 1984, emprisonne la femme dans le statut de mineur.

Tout juste, peut-être, consentira-t-il quelques réaménagements au texte, comme le recommande « la commission pour la révision du code de la famille » qu’il a installée en octobre 2003. Des réaménagements qui n’émanciperont pas pour autant la femme, cette dernière continuant toujours à faire l’objet d’un statut particulier discriminatoire : le code de la famille.

Elle le restera tant que les pouvoirs politiques et
législatifs ne se seraient pas affranchis du schéma qui voudrait que, compte tenu de certains référents religieux et idéologiques, la femme ne soit pas éligible au statut de citoyenne à part entière.

Elle le demeurera surtout tant qu’elle-même, à travers l’acte militant politique ou associatif, ne mène pas combat pour l’abrogation pure et simple du code de la famille. Faut-il, souligné cela, rappeler que le règne de Bouteflika à la tête de l’Etat s’est accompagné d’une démobilisation flagrante des mouvements féministes, certains mis en difficulté d’activer, d’autres, qui furent les plus prépondérants, se sont reconvertis, beaucoup plus par opportunisme que par remise en cause, en défenseurs zélés du « moindre acquis », c’est-à-dire en partisans de l’amendement du code de la famille.

Que n’a-t-on pas vu des Zohra Drif, qui manifestait, en 1984, devant le palais Zighout- Youcef, pendant qu’à l’intérieur son défunt mari présidait au vote du texte scélérat, se satisfaire aujourd’hui d’une retouche superficielle au code de la famille.

Que n’a-t-on pas vu Khalida Messaoudi, hier militant farouchement pour l’abrogation du code en question, se contenter d’une révision superficielle du texte.

Est-ce parce que l’une comme l’autre ont appris à fréquenter Bouteflika qu’elles n’osent plus être ce qu’elles étaient ? On est en droit de le croire. A moins que ce ne soit, chez elles, du reniement. Ce serait encore plus grave

Source : Le soir d’Algérie