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La peine de mort en débat en Algérie

mardi 16 décembre 2008, par Rédaction

Un débat sur l’abolition de la peine de mort en Algérie a été organisé par le RCD au siège de l’APN.

L’Algérie n’a pas encore abolie la peine de mort.

Le RCD a organisé une journée parlementaire sur le thème d’actualité « l’abolition de la peine de mort » en Algérie. Profitant du 60e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme, le groupe parlementaire du RCD a convié du monde. Activistes de droits et abolitionnistes étaient nombreux hier à la salle de conférences de l’APN. Le débat quant à lui était ballotté entre le passionnant et le passionnel. Les interventions étaient nuancées et les positions plus ou moins tranchées. Celles des militants abolitionnistes étaient précises. Les Ali Yahia, Guechir, Bouchachi, Brahimi et Bourayou sont unanimes autour d’une nécessaire législation décrétant la suppression de la peine de mort aux fins de mettre en adéquation le discours officiel et la loi algérienne en quête d’avancée sur ce chapitre. Selon le président du RCD, « dans le monde et à l’exception du cas notable des USA, les nations qui ont mis un terme à cette sanction figurent parmi celles qui ont connu un foisonnement culturel des plus féconds, une grande émancipation sociale et une prospérité économique substantielle », ajoutant que l’abolition de la peine de mort suppose un niveau d’éducation et de culture qui permet aux sociétés de ne pas céder à la tentation de la vengeance contre un sujet qui s’est rendu coupable de crimes souvent odieux. Et de s’interroger au nom de quoi un dirigeant ou une institution peut se donner cette emprise absolue et irrémédiable sur la vie d’autrui ?

Les intervenants s’accordaient à dire qu’ôter la vie dépasse le cadre de la décision juridique et pose une problématique philosophique. Laquelle dimension a focalisé les débats et chacun y va de sa propre approche du sujet pour condamner ou tolérer cet « acte punitif » qui est unanimement « pas une fin en soi mais un moyen de dissuasion de forfaits contre l’humanité ». Pour certains, la problématique relève de la volonté politique. D’autres encore supposent qu’il faut se référer à la conscience du juge. Le RCD a pris l’initiative de proposer un projet de loi abolissant la peine capitale et remis en cause la loi exigeant un minimum de 20 députés pour prendre l’initiative d’introduction de projets de loi. Saïd Sadi s’est dit obligé de solliciter l’appui d’autres députés pour dépasser le seuil des 19 députés que compte son groupe parlementaire et faire passer. Ce n’était pas peine perdue puisqu’il a acquis, quoique péniblement, l’adhésion de trois députés dont deux du ME (mouvement de l’espérance) et une femme. Curieusement, l’adhésion de députés intervenus hier était acquise aux thèses du RCD. Mais il reste beaucoup à faire du côté sensibilisation tous azimuts, estime-t-on. C’est la énième fois qu’un parti politique tente d’introduire un projet de loi. En 2005, c’était le PT et en 1989 des députés FLN ont vainement lancé l’initiative d’abolition. Les annales de la justice regorgent de verdicts ordonnant le châtiment extrême contre les crimes crapuleux. Mais en respect aux droits de l’homme, un moratoire existe en Algérie depuis des années qui a fait que les peines sont substituées à la perpétuité. Conscient des remparts subjectifs, les initiateurs estiment que le dogme religieux peut réaffirmer le caractère inviolable de la peine de mort. Cela reste, de l’avis de Me Bouchachi, « une question relevant du projet de société et une société ne se civilise qu’en s’humanisant ». Mais le président du RCD en a tiré une conclusion hâtive en disant qu’en Algérie « nous sommes autorisés uniquement à discuter de la manière de se faire décapiter et pas de sacraliser la vie ».

Synthèse de Mourad, www.algerie-dz.com
D’après Le Jour d’Algérie