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Le rapport du CNES sur le développement humain en Algérie

lundi 6 décembre 2004, par Hassiba

Selon le CNES, la déperdition scolaire en Algérie reste importante : 500 000 élèves ont quitté l’école l’année dernière.

La population, qui vit en deçà du niveau minimal d’apport calorique de 2 100 calories, qui correspond au seuil de pauvreté alimentaire, amorce une tendance à la baisse depuis 1995, passant de 5,7% à 3,1% pour atteindre 1,9% en 2003. C’est du moins, ce que constate le Conseil national économique et social (Cnes) dans son
5e rapport sur le développement humain. En termes absolus, lit-on dans le document, le nombre de pauvres en Algérie est passé de 1,6 million en 1995 à 951 000 en 2000 pour arriver à 605 112 personnes en 2003. Selon le Cnes, la pauvreté extrême a pu être partiellement jugulée par les différents programmes alternatifs mis en œuvre par les pouvoirs publics. Les estimations réalisées par le Commissariat général à la planification et à la prospective (CGPP) indiquent que l’objectif de réduire de moitié la pauvreté extrême entre 1990 et 2015 a été atteint par l’Algérie en 2000.

Une relance soutenue par les cours élevés du pétrole
Avec 605 112 pauvres en 2003, la population disposant de moins de 1 dollar/jour est passée de 1,9% en 1988 à 0,8% en 2000. Si l’on assimile le seuil de pauvreté extrême en Algérie à l’allocation forfaitaire de solidarité (AFS) destinée notamment aux personnes sans revenus, il serait égal en 2003 à 1 000 DA/personne/mois soit 33 DA/jour. Ce seuil serait donc supérieur au (seuil) international de pauvreté de 1 dollars qui, converti en DA a été estimé à 25 DA par le CGPP.

Le rapport du Cnes montre en outre que le revenu disponible des ménages à prix constants a augmenté entre 1990 et 2003, en moyenne annuelle d’environ de 4%. Sur la période de 1999 à 2003, il atteint 9,37%. Cet accroissement des revenus est, semble-t-il, selon le Cnes, dû à la fois à l’augmentation de 6% des salaires et aux transferts de la protection sociale des dispositifs de soutien aux réformes. L’amélioration des revenus a donné lieu à une hausse de la consommation des ménages entre 1990 et 2003 de 1,68% et de 3,2% entre 1999 et 2003. Cependant, la répartition des ressources s’effectue, relève le conseil, sans mécanismes d’ajustement des revenus des différentes catégories sociales visant à réduire les écarts dans la rémunération et stimuler la productivité et l’efficacité du travail, et qui donne un caractère stimulant et prioritaire au salaire. Le Cnes constate également “la faible intégration sectorielle, les dysfonctionnements qui affectent des pans entiers de l’économie et de l’économie informelle concourent à une affectation des ressources incompatibles avec les normes et les objectifs sociaux”, est-il mentionné dans le même document. Celui-ci propose une politique de répartition en tant que vecteur stimulant de la création de richesses fondées sur le travail et sa rémunération objective.

Le Cnes avoue que la relance économique a été soutenue par la consolidation des réserves de change qui ont atteint plus de 32 milliards de dollars en 2003. Entre 1990 et 2003, la politique monétaire et financière a, selon le rapport, connu une évolution importante à partir de la promulgation de la loi sur la monnaie et le crédit qui a permis au système bancaire de fonctionner selon les règles de la commercialité.

C’est ainsi que les banques, suggère le Cnes, devraient s’impliquer davantage dans les activités productives. Ce qui laisse supposer, soutient le conseil, un encadrement efficace de la croissance économique par les taux d’escompte et d’intérêt. “Ainsi, il échoit à la politique monétaire l’appui de la relance économique saine qui bénéficie des crédits nécessaires et dépourvus de tensions inflationnistes”, précise-t-on encore dans le rapport.

Période 1990-2003 Une croissance économique moyenne annuelle de 2,43 %
Sur la période 1990-2003, la croissance de la masse monétaire en moyenne annuelle a atteint 19,17% et l’inflation (moyenne) n’a pas dépassé annuellement, selon le Cnes, le cap des 13,5%.

Deux éléments ont, estime le Cnes, marqué la politique budgétaire. Il s’agit du Plan national du développement agricole (Pnda) et du Plan de soutien à la relance économique (Psre) qui, relève le conseil, ont permis au pays de renouer avec la croissance économique et d’imprimer une inflexion de la tendance du chômage. Sur un autre registre, les dépenses budgétaires sont, précise-t-on, passées de 138,5 milliards de DA en 1990 à 1 516,3 milliards de DA en 2001 soit une augmentation en moyenne annuelle de 24%. Ces dépenses ont été prises en charge par la fiscalité pétrolière à hauteur des 60%. Et 30% proviennent de la fiscalité ordinaire.

La croissance économique entre 1990 et 2003 a, selon le Cnes, atteint 2,43% en moyenne annuelle et l’accroissement démographique a été de 1,88%. Le PIB en dollars/habitant est passé d’environ de 1 543,37 dollars en 1994 à 2 136 dollars en 2003, soit une amélioration moyenne de 3,6%. En termes de structure, la contribution à la croissance des activités productives place, estime le Cnes, en tête les hydrocarbures et les services qui fournissent 60% de la richesse nationale. L’agriculture et le BTPH participent à hauteur de 30% alors que la part de l’industrie baisse de 13,3% en 1990 à 8,6% l’année dernière. Par secteur, on note que le poids de l’agriculture dans les activités productives est passé de 13,3% en 1990 à 18,6% en 2003 avec une croissance moyenne stable de 5,37%.

La contribution des industries hors hydrocarbures à la production nationale a régressé donc de 5 points. Selon le Cnes, le secteur de l’habitat commence à renouer avec la croissance qui s’est située ces dernières années à 6%.
Les réalisations de logements sont en moyenne annuelle de 100 mille unités face à une demande estimée à 1,2 million de logements. Par ailleurs, en matière d’alimentation en eau potable, la dotation domestique par habitant et par jour pour l’année 2003 a, selon le Cnes, atteint 170 litres.
Les déperditions scolaires enregistrées sont, estime le rapport du Cnes tous cycles confondus, de 6,2% en 2002 alors qu’elles étaient de 5,5% en 2001. En 2003, 556 526 élèves ont quitté l’école dont 58% sont des garçons.

Par Badreddine Khris, Liberté