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Le retrait de Gaza laisse les Palestiniens sceptiques

jeudi 28 octobre 2004, par nassim

Le plan Sharon (retrait de Gaza) est vu comme un redéploiement de l’armée israélienne.

« Une ration de miel avec un peu de fiel ou une potion de fiel avec un peu de miel ? » C’est avec cette formule imagée qu’Elias Znaniri, conseiller de presse de la Coalition de la paix, le pendant palestinien des Accords de Genève, a accueilli mercredi le plan d’évacuation des colonies de Gaza adopté par le parlement israélien.

Pour l’heure, l’opinion palestinienne n’a en tête que les dégâts de la dernière opération israélienne dans le nord de Gaza et les 16 morts, dont 5 civils, tués lundi à Khan Younès, dans le sud de ce territoire. Les hauts cris de la droite israélienne contre Ariel Sharon impressionnent peu les responsables palestiniens : « Ça, c’est pour la galerie, pour l’opinion mondiale, pour montrer à quel point c’est douloureux... », ironise un membre important du Front populaire de libération de la Palestine. « Hypocrisie », titre la presse palestinienne. Pour elle, le bilan est vite fait : il s’agit, tout au plus, d’un redéploiement de l’armée israélienne, avec un contrôle absolu des frontières du Gaza. Avec cette hantise : que ce plan s’arrête à « Gaza seulement », sans évacuation d’autres colonies en Cisjordanie et, surtout, sans dialogue avec l’Autorité palestinienne.

Cependant, selon Nabil Abou Roudeïna, principal conseiller de Yasser Arafat, l’Autorité palestinienne « est prête à assumer sa responsabilité dans la bande de Gaza si Israël s’en retire », tout en estimant que ce retrait « doit faire partie de la feuille de route et s’accompagner d’un retrait de Cisjordanie ». « Nous sommes favorables à tout retrait, même d’un seul centimètre d’un territoire occupé. Ce n’est pas le vote à la Knesset qui est important mais l’application sur le terrain », a-t-il précisé.

Pour sa part, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a lancé cette mise en garde : « Si ce retrait ne s’inscrit pas dans le cadre d’une opération plus large vers l’instauration d’un Etat palestinien, cette affaire sera absurde... » Plus triomphaliste, le Hamas, par la voix de l’un de ses porte-parole, Mouchir Al-Masri, estime que « le retrait de l’ennemi de la bande de Gaza est un succès pour [notre] peuple, son Intifada et sa vaillante résistance » et comme « un pas vers libération du reste des territoires palestiniens ».
Selon lui, « l’ennemi sioniste ne peut plus supporter le fardeau sécuritaire résultant de sa présence dans la bande de Gaza et Sharon a opté pour cette mesure car il n’a pu mettre fin à l’Intifada et à la résistance comme il l’avait promis à ses électeurs ».

Par Jean-Luc ALLOUCHE, www.liberation.fr