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Le suicide en Algérie

samedi 16 juillet 2005, par Ahlem

En Algérie, ce sont environ 10 000 personnes qui tentent de mettre fin à leurs jours chaque année, pour la plupart des adolescents. L’état algérien ne semble pas mesurer la gravité de la situation.

Les victimes de tentatives de suicide en Algérie manquent de soutien psychologique.

Un certain nombre d’entre elles, environ un millier chaque année, y réussissent, leurs appels au secours, leurs différents messages de détresse n’ayant trouvé aucune oreille attentive, ni au niveau institutionnel de celui du cercle familial. Un drame tragique, dont les proportions à travers toutes les régions d’Algérie ont pris les dimensions d’un phénomène de santé publique.

Ce phénomène qui a pris aussi des proportions alarmantes dans certains pays dans le monde entre 700 000 à un 1 million de personnes meurent des suites d’une suicide. Malgré cette hécatombe, le sujet reste largement frappé de tabou dans de nombreuses sociétés. Pour sensibiliser sur ce fléau qui prend des proportions alarmantes ces dernières années, un professeur psychiatre exerçant à la clinique Frantz-Fanon de Blida et ayant participé au symposium en 2004 sur ce thème d’actualité nous révélera que “s’il y a déjà une vingtaine d’années, de nombreux experts prévoyaient une explosion de pathologies psychosociales dans la majorité des pays à travers le monde dans les années 2000, y compris notre pays, dont il n’est pas en marge de ce cataclysme”, avant d’ajouter : “Les motifs de consultation étant pour 75% de nature psychologique, particulièrement chez les jeunes”. D’ailleurs, l’OMS dans son dernier rapport consacré exclusivement à la santé mentale, il est indiqué que la dépression figure parmi l’une des principales causes de morbidité, sinon la première, est que parmi les dix principales causes des handicaps et d’invalidités, cinq sont de nature neuropsychiatrique.

Le suicide donc fait partie de ce qu’on appelle “Les nouvelles morbidités”, au même titre que les autres comportements à risque prédominant chez les adolescents et les adultes jeunes, en l’occurrence “l’abus des drogues, les toxicomanes, les conduites suicidaires, les accidents et les traumatismes, les violences intentionnelles, et non intentionnelles, qui ont désormais leur place dans la nosographie médicale. “La classification internationale des maladies” (CIM). La plupart des spécialistes dans le domaine que nous avons interrogés s’accordent à dire que dans 80% des cas, le candidat au suicide présente des troubles psychiatriques ou des troubles de la personnalité, pas forcément pathologiques, mais facilement décelables par un professionnel de la santé mentale”.

A la lumière de toutes ces explications, la tragédie du suicide dans notre pays serait donc aisément évitable pour peu qu’un réseau de centres d’écoute médico-psychologique soit largement déployé dans la communauté, c’est-à-dire dans des dispensaires de quartiers, villages, écoles, centres de formation et même dans les universités...
La multiplication de ces espaces thérapeutiques de proximité dans les établissements éducatifs permettraient à coups sûrs de traiter la souffrance morale des sujets en détresse.

Encore faudrait-il que dans la représentation sociale de la pathologie, la maladie mentale soit considérée en tant que telle et non pas comme une “honte”, juste bonne à cacher et à stigmatiser. Selon nos nombreux interlocuteurs, le contexte sécuritaire aussi des dernières années, notamment l’explosion de la violence, peut avoir des conséquences, des séquelles sur la santé mentale, dont l’ampleur reste largement méconnue.

L’absence de politique claire en matière de soins et de prise en charge sur la santé mentale, notamment une déperdition grave des infrastructures de soins psychiatriques et de législation adéquate, a été également soulevée par ses spécialistes. A quand le juste essor de la psychiatrie, spécialité de la santé publique par excellence restée, hélas, le parent pauvre de la médecine ?

Par La Dépêche de Kabylie