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Les Algériens préfèrent les cigarettes "Fumer tue"

vendredi 23 avril 2004, par nassim

La vie nocturne a repris un cours normal à Alger et dans les grandes villes algériennes après 10 ans de terrorisme. Les fumeurs algériens peuvent ainsi s’adonner à leur tabagie sans aucune restriction dans les lieux publics et préfèrent souvent les cigarettes importées en contrebande de France.

Reconnaissables à leurs larges bandeau de mise en garde sanitaire rédigés en français ("Fumer tue", "Les fumeurs meurent prématurément", "Fumer nuit à votre entourage", "Fumer nuit à la mobilité des spermatozoïdes") ces paquets de cigarettes européennes ou américaines, importés clandestinement, se vendent dans tous les restaurants, palaces, hôtels et cabarets d’Alger ou d’Oran. "Achetez des ’Fumer tue’ si vous voulez être tranquille", explique à ses clients étrangers Zaki Laribi, 22 ans, vendeur de cigarettes à la sauvette dans une ruelle du centre d’Alger.

"Etre tranquille" signifie payer plus cher et avoir l’assurance de ne pas acheter des cigarettes de contrebande en provenance d’autres pays, comme la Mauritanie, le Niger ou le Mali voisins. Appelées "cigarettes-mazout", en raison de leur goût, ces cigarettes entrent le plus souvent clandestinement en Algérie, dissimulées dans des camions-citernes de carburant dont elles s’imprègnent de l’arôme "particulièrement infect", selon les spécialistes algérois des blondes.

Vendues entre 50 et 60 dinars (50 à 60 centimes d’euro) de plus que les "mazout", les "Fumer tue" connaissent surtout le succès dans leur déclinaison Marlboro (Philip Morris) et Gauloises blondes (Altadis), proposées entre 160 et 200 dinars (1,6 à 2 euros). Les mentions "Fumer entraîne des dysfonctionnements érectiles" semblent en revanche plus difficiles à écouler.

Cette situation, qui témoigne de l’imbrication de la contrebande dans l’économie informelle algérienne, est rendue possible par l’incapacité de la SNTA (Société nationale des tabacs et allumettes), qui détient le monopole d’importation des cigarettes étrangères, de fournir en quantité un marché algérien en pleine croissance, comme dans la plupart des pays en voie de développement.

Seules les cigarettes fabriquées localement par la SNTA, comme la "Nassim", une "brune pleine de caractère", selon Zaki Laribi, échappent à la concurrence déloyale des "Fumer tue".

Au Maroc voisin, où les autorités estiment que chaque année près d’un milliard de cigarettes entrent clandestinement, la privatisation en 2003 de la Régie des tabacs au profit du groupe franco-espagnol Altadis devrait bouleverser les circuits de distribution clandestins qui font le bonheur des jeunes revendeurs de Tanger, Casablanca ou Laâyoune. Altadis, qui devrait participer à la lutte contre le marché noir, vient d’introduire dans le royaume ses Gauloises blondes au prix compétitif de 25 dirhams (2,4 euros). Sans la mention "Fumer tue".

source : Associated Press