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Les Berbères ont fait leur choix

samedi 14 août 2004, par Hassiba

Il est vrai que la Constitution algérienne garantit la liberté de culte, mais ne stipule en aucun cas sur la liberté de convertir et... d’apostasier des musulmans convaincus de longue date en chrétiens et plus est en terre d’Islam !

Cette christianisation est l’œuvre non pas de nos respectables chrétiens vivant chez nous et qui sont en plus théologiens de formation, mais de ceux « qui ont quitté Mohamed (QSSS) et qui furent reniés de Aïssa (Alaihi Essalem) » pour reprendre, textuellement, un proverbe du terroir ! Quoique étant une religion par essence de conviction et de libre choix, l’Islam ne permet pas la trahison et le... changement de camp après avoir..., lu et approuvé ses préceptes ! Chose bien connue, car les traîtres sont punis et par les lois terrestres et par celles des cieux ! Le soldat engagé, de son propre gré, qui déserte son poste en temps de guerre est jugé et passé parfois par les armes ! Les échos, que nous souhaitons non fondés et sans conséquences, qui nous parviennent de Kabylie faisant état de choses pas du tout... islamiques feront retourner dans leur tombe nos ancêtres Berbères !

En effet, des sources dignes de foi, car émanant de ces régions mêmes et aussi de gens jaloux de leur appartenance au sublime Islam, font état d’une campagne évangélisatrice sans précédent et digne des époques des Pères Blancs en Kabylie ! Des faits, par ailleurs, que vous ne devez certainement pas ignorer, car un quotidien bien connu pour ses penchants et ses couleurs en a déjà fait écho, il y a quelque temps, en faisant croire que des ... dizaines de milliers de gens ont quitté l’Islam pour embrasser le christianisme... ! Seulement, la nouvelle n’a pas trop fait sensation car mise sur le compte de faits isolés et anodins ne méritant pas un grand intérêt !

Mais la persistance de « nouvelles croisées » m’ont sorti de mon mutisme surtout quand j’ai buté sur une ... affiche au centre-ville informant la clientèle de la reproduction et des commandes à passer pour l’achat de cassettes vidéo de « Zmen N Sidna Aïssa » (Alaihi Wa Alla Nabiyyina Essalem). Ce film retrace la vie de Jésus en langue... berbère ! Toute une série d’ailleurs existe et pardon, en tamazight ! N’est-ce pas Messieurs nos dirigeants ? La répression et l’interdiction du murmure et chuchotement amazighs et de ses promoteurs, à une époque, ont enfanté une frange d’extrémistes redoutables prêts à tout ! Ne dit-on pas, à juste titre, qui sème le vent récolte la tempête ? Une haine dévastatrice, si elle ne vient pas à être cernée non pas par les forces antiémeutes mais par des décisions politiques courageuses, comme l’a si bien exprimé le président de la République lors de sa visite à Tizi Ouzou !

La question identitaire est l’affaire du peuple algérien, car la Kabylie en est une partie intégrante, et doit, si la nécessité l’exige, faire l’objet d’un référendum « cheffaf et nazih » dans son véritable étymologie. La haine à l’égard de l’Islam et de son véhicule linguistique, la langue arabe, est née depuis la nuit de la sanglante répression dont a fait l’objet la langue berbère et ses sympathisants ! Nous récoltons donc, aujourd’hui, tous les amers fruits, à commencer par ces fruits... bibliques !

La diffusion non réglementaire de films tournés là-bas chez nous en... tamazight... et dupliqués chez nous, ici en Algérie, par des assoiffés de gain facile qui n’ont pourtant ni le droit commercial de le faire, ni l’aval du ministère des Affaires religieuses, ni le consentement de l’ONDA ! Le culot et la défiance sont allés jusqu’à l’affichage d’une annonce promotionnelle du produit de la haine : passez vos commandes ici pour le film berbère... Zmen N Sidna Aïssa !!! Je suis tenté de dire : où est Zmen N Sidna Mohamed ? Il est vrai, peut-être, que le ministère a d’autres chats à fouetter, en ces temps de misère qui ne dit pas son nom, que de s’occuper de ces... futiles choses au moment où le pauvre imam, comme nous tous d’ailleurs, n’arrive pas à joindre le ... bout et non les deux avec ce salaire qui, en d’autres lieux où le respect et les conditions de l’être humain sont leur seul et unique leitmotiv, ne suffirait pas à l’entretien d’un gentil et adorable caniche comme ceux que nous rencontrons non pas à Bab El Oued et à La Casbah mais là où vous savez !

Le film en question n’a pas été réalisé par notre « Unique » ou par un de nos quelconques organismes cinématographiques pour information, mais par ceux qui ne lésinent sur aucun moyen et ne ratent aucune occasion pour propager leurs idéaux ! C’est légitime et logique et nous n’avons qu’à nous en vouloir, car nous perdons notre temps à insulter l’obscurité au lieu d’allumer cette bougie démocratique, non pas celle de façade, mais l’authentique, qui dissiperait le brouillard linguiste, religieux et autre ! Ces pratiques se passent dans notre capitale. Qu’en est-il alors dans les collines oubliées et les montagnes des Genêts ?

Le sujet auquel je vous convie est sans conteste très sensible et parfois même tabou, mais j’ose l’aborder au risque de voir tous les foudres de guerre s’abattre sur ma pauvre personne ! Je prends le risque et j’assume les conséquences de mon... forfait ! Pour ma consolation, j’aurai, je l’espère bien, en guise de circonstances atténuantes, mon désir de voir ma chère patrie, je n’en ai qu’elle pour m’abriter, sortir de ses marasmes et aspirer à une quiétude et à une prospérité que notre pauvre peuple mérite bien pour ce qu’il a enduré et continue d’en
endurer ! Une entreprise, que même les plus dévoués des croisés... que sont Lavigerie et père... Valois ou si vous voulez, Sidhi Belois, n’ont jamais réussi à faire aboutir en dépit de tous les efforts logistiques mis à leur disposition lors de la conquête de l’Algérie en 1830 !

La conversion et la transformation de centaines de mosquées en églises ou tout simplement en amas de pierres n’ont pas fait avancer d’un iota leur projet de christianisation. Ce que ces gens-là ignoraient dans le passé et que continue à ignorer leur progéniture d’aujourd’hui, c’est que les profondes convictions et sincères croyances n’élisent pas domicile dans les mosquées aussi splendides soient-elles, mais prennent racine dans les fervents et chaleureux cœurs et dans les âmes pieuses et sincères des croyants ! Ils ont toujours buté sur une fin de non-recevoir de nos villageois, ces Berbères authentiques qui ont fait leur choix sans contrainte aucune et qui ont tranché depuis des millénaires leur identité et leur amour pour cet Islam qui rayonne depuis sur notre environnement socioculturel en solo sans concurrence aucune, non pas une quelconque hégémonie mais par sa force de persuasion et pénétration dans nos âmes et dans nos corps !

Je profite de l’occasion pour lancer un appel urgent à ... Da Idir, l’animateur de la chaîne chrétienne Sat 7 destinée à l’évangélisation de l’Algérie (chaque mardi soir) tout particulièrement région sensible qu’est la Grande Kabylie, que c’est peine perdue d’essayer, mon cher ! En dépit de toute votre bonne volonté et des... louables efforts que vous ne cessez de déployer, votre entreprise est vouée à l’échec !

A ceux qui nous taxent de « Baâthistes » dès qu’il s’agit de cette merveilleuse symbiose qui lie nos deux cultures, notre culture ancestrale et la culture... arabe et islamique, pour ne pas reprendre un terme que je réprouve de toute mon âme, car tellement fredonné par des haineux en quête de troubles et de désunion dans notre chère Algérie ! A ces allergiques et malades, je dirai que nulle autre appartenance ne convient et ne sied aussi admirablement à un peuple profondément conservateur qu’est le nôtre, que ce mariage cultuel qui réunit deux patrimoines certes distants géographiquement mais proches moralement. La relative facilité de la conquête de l’Algérie par les Fatihine réside là, dans la communion et la similitude de nos us et valeurs qui siéent si bien à un peuple algérien noble et conservateur au plus profond de son être, n’en déplaise à tous ceux qui ont connu et à qui est arrivé et ce à leurs dépens, la fameuse légende du corbeau qui voulait tant imiter la perdrix et qui, en fin de compte, s’est retrouvé boiteux ne sachant plus comment... remarcher comme avant ni maîtriser la nouvelle marche !

L’Islam a certes connu au début de son avènement chez nous une farouche résistance ce qui est, vous en convenez avec moi, tout à fait compréhensible quand on se remémore toutes les invasions qu’a connues cette région depuis la nuit des temps ! Seulement, une fois les épées rangées dans leurs fourreaux, la raison a fini par l’emporter sur l’effet de surprise et les craintes et appréhensions nourries à juste titre dans des cas pareils ! La reine Kahina a scellé définitivement et béni le mariage arabe et berbère en faisant cuire « thahboult bwaghroum » et presser son sein pour la tremper symboliquement dans son lait et donnant à manger à son fils et le conquérant arabe en signe de fraternité dont nos jouissons, El Hamdou Lillah, à nos jours ! Cet événement n’est nulle part ailleurs rapporté, car l’objectivité et l’impartialité historique ne sont pas le fort de nos « maîtres » en la matière, s’agissant de notre histoire qu’ils nous distillent toujours amputé et déformée à des desseins et fins facilement perçus par le commun des mortels André Julian n’en a soufflé mot sur l’événement en question ! Il se trouve malheureusement aujourd’hui une frange berbère qui souille leur mémoire et la nôtre par là même et fait fi de notre rayonnant passé.

La Kabylie n’a jamais été le fief de la débauche ou de la délinquance ! Thajmaât a toujours veillé au respect de nos valeurs ancestrales en imposant une législation morale et pratique dans ce domaine : « Asthaksith widh yachfan adhawninine. » Le libertinage, confondu malheureusement avec liberté, n’a jamais été l’apanage de l’Algérien berbère !
« Annif annagh wardjin yakhnounas ». En sachant la contribution berbère pour le développement de l’Islam, non seulement sur nos chères terres d’Algérie mais aussi au-delà de nos étroites frontières, nous dirons aux pêcheurs en eaux troubles et à tous les asservis... « francophiles » et non francophones, que vos désirs ne deviendront jamais réalité tant que ce peuple procrée et fait passer le saint et sacraliste flambeau que nous ont remis nos aïeuls en nous disant :« Hadhrath adhawnighli ». Il est temps que les véritables Amazighs se démarquent définitivement de... l’ivraie culturelle ! Il est grand temps que le Berbère secoue son burnous au sens large du mot, que symbolise au figuré le burnous kabyle ! Les pseudo-Berbères ne cherchent point l’épanouissement de notre patrimoine culturel amazigh, loin de là, mais simplement assouvir une haine toujours insatiable et toujours aiguisée ! Nous reviendrons un jour sur les raisons et les origines de cette haine subite envers l’Islam et tout ce qui s’y rattache !

En conclusion, je lance un appel urgent à toute la bonne volonté de nos différentes compétences dans les domaines anthropologiques et linguistiques en question. Ces personnalités doivent être connues de tous et qui ne doivent souffrir ni du syndrome « tricolore » ni de complexe maladif qu’ont nos intellectuels s’agissant de leur culture et de ses véhicules linguistiques ! Les invités au débat d’une telle sensibilité et d’importance qui engage le devenir de nos enfants doivent impérativement répondre aux critères contenus dans la Constitution, et refléter fidèlement le profil de l’Algérien amazigh musulman et arabe, c’est-à-dire le triptyque de la Constitution algérienne.Toutes les nations, même les plus laïques, ont des constantes, n’est-ce pas... ! Ils doivent encore, ce n’est pas terminé, jouir de l’estime de tous ou au moins d’une majorité de notre société aussi non pas seulement pour leur compétence qui, certes, vaut son pesant d’or. Ils peuvent être compétitifs mais servir des intérêts occultes ! L’Algérie a grand besoin, en ce moment, de ceux qui l’aiment et sont prêts à se sacrifier pour elle et à défendre bec et ongles les valeurs ancestrales de leur nation. C’est enfin cette race d’intellectuels que nous invitons à débattre et à se concerter, loin des passions aveugles et des intérêts mesquins et éphémères et à réfléchir à la question cruciale de l’appartenance culturelle afin de la consacrer définitivement pour barrer la route aux nombreux plumitifs qui s’érigent en anthropologues avérés et en linguistes attirés ! Bonne chance à tous et soyez sûr que l’Algérie saura reconnaître et plébisciter ses véritables fils... légitimes.

Par Noureddine Seddiki

L’esprit séparatiste est absurde
Non Saâd Lounes, l’évangélisation n’est pas un danger puisque Jésus a dit : « Tu ne tueras point » et a prescrit d’aimer son prochain comme soi-même.

En fait, si danger il y a, c’est pour ceux qui se convertissent, et votre article, M. Saâd, est un appel à peine déguisé à la répression. Vous reprochez au gouvernement algérien de ne pas réagir à ce que vous considérez comme une entreprise internationale, sous-entendu américaine, d’évangélisation du monde musulman en général, de la Kabylie en particulier. Pourquoi n’appelez-vous pas à une déclaration de guerre aux Etats-Unis ? Confronté à un phénomène spontané, vous accusez la main de l’étranger. Cela s’est déjà vu à l’époque coloniale. Alors on accusait l’Egypte d’inciter les Algériens à se révolter. Pendant la guerre de Libération, les colonels français accusaient le communisme international de soutenir le FLN. Aujourd’hui, vous vous en prenez aux églises protestantes. Vous affirmez que, dans le passé, les missionnaires ont travaillé pendant plus de 40 ans sans avoir converti un seul musulman au christianisme. C’est faux. Je peux vous citer des dizaines de noms de Kabyles devenus chrétiens au temps des Pères Blancs. Vous citez Boumediène qui disait que l’Algérien musulman n’a que faire des nouveaux prophètes d’où qu’ils viennent. Sachez que, de nos jours, l’Algérien n’aime pas qu’on lui impose de prophètes, nouveaux ou anciens. Il veut choisir sa propre spiritualité selon sa raison et selon les valeurs qui sont les siennes. C’est pourquoi en Kabylie toutes sortes de croyances et d’incroyances cohabitent pacifiquement.

Vous faites un amalgame entre évangélisation, autonomie de la Kabylie et risque de sécession. Que l’idée de l’autonomie fasse son chemin en Kabylie qu’elle soit la solution d’avenir, c’est certain. Le fédéralisme et l’autonomie des régions ne nuisent pas à la cohésion des Etats concernés (Allemagne, Belgique, Suisse, etc.). Pourquoi en irait-il autrement en Algérie ? Accuser les Kabyles d’esprit séparatiste, c’est simplement absurde. Ils ont payé un tribut trop lourd pour l’indépendance de l’Algérie ; ils ne seraient pas prêts à renoncer à leur algérianité même s’ils devaient tous devenir chrétiens. N’oubliez pas que sans les sacrifices des Kabyles, l’Algérie serait encore une colonie française. Vous concluez en ces termes : « Le temps des nationalistes farouches, conquérants et proches des aspirations populaires, est-il vraiment révolu ? » Qu’est-ce à dire ? Faut-il comprendre que vous appelez à la répression du phénomène d’évangélisation ? Depuis l’indépendance, l’Islam est la religion de l’Etat.

Voyons la situation de l’immense majorité des Algériens, les Kabyles comme les autres, 42 ans après l’indépendance : une guerre civile ravageuse, une société déchirée, une minorité super-riche, une majorité pauvre, des injustices, des dénis de droit, la fuite des cerveaux et le désir effréné d’émigrer vers des pays chrétiens.

Par Hocine Benhamza, El Watan