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Les OGM à l’ordre du jour en Algérie

lundi 18 avril 2005, par Salim

Les organismes génétiquement modifiés (OGM) ont pris leur place dans l’actualité algérienne, grâce, encore une fois, à l’Association de réflexion d’échange et d’action pour l’environnement et le développement (AREA-ED).

AREA-ED a organisé conjointement avec la Bibliothèque d’échanges de documentation et d’expérience (BEDE) de Montpellier, du 12 au 14 avril 2005, à Tipasa, un atelier international consacré aux « options pour la construction des cadres réglementaires de contrôle des organismes génétiquement modifiés (OGM) et de protection des ressources génétiques ».

Cet atelier s’est fixé quatre objectifs : établir un état des lieux sur les législations et les cadres réglementaires sur les OGM et les ressources biologiques ; analyser les options à adopter pour mettre en place en Algérie un système réglementaire fort ; formuler un système de biosécurité en adéquation avec les stratégies de développement agricoles et de promotion des ressources biologiques ; formuler des éléments de réponse à la nécessité de construire des droits collectifs sur les ressources génétiques et les savoirs associés.

En droite ligne de l’atelier, l’AREA-ED et BEDE ont lancé une série de manifestations culturelles et scientifiques sur les OGM en Algérie qui se déroulent du 16 au 27 avril 2005, à Blida, Alger, Annaba, Boumerdès, Ghardaïa et Tizi Ouzou. Ces manifestations consistent en une exposition pédagogique intitulée « OGM en question », un forum public et des conférences, appuyés par une projection de films documentaires, ainsi qu’une pièce de théâtre, « le péché ogémique ».

Le principe d’un débat sur les OGM qui associera députés, experts algériens et membres de l’AREA-ED a été acquis et ne saurait tarder. Il permettra aux députés de se préparer aux discussions qui auront lieu autour du projet de loi sur les OGM quand celui-ci sera de nouveau sur le bureau de l’Assemblé populaire nationale.

Il faut rappeler qu’en avril 2003, à Oran, le président Abdelaziz Bouteflika avait annoncé la mise en place d’un cadre législatif et réglementaire visant, notamment, à contrôler la mise sur le marché des OGM. Les choses n’ont pas beaucoup avancé sur cette voie depuis ce jour. Pour le moment, seul un texte réglementaire du ministère de l’Agriculture et du Développement rural interdit l’importation, la distribution, la commercialisation et l’utilisation du matériel végétal génétiquement modifié dans le but d’éviter tout risque d’érosion génétique du patrimoine phytogénétique (semences et plants) lié aux effets du flux génétique associé à l’utilisation des OGM et de réunir toutes les conditions techniques préalables à une production agricole naturelle (produits biologiques) qui répondrait aux nouvelles exigences du commerce international.

En outre, l’Algérie a ratifié le protocole de Carthagène sur la prévention des risques biotechnologiques, appelé protocole de l’ONU sur la biosécurité. Mais, auparavant, à la fin 2003, le gouvernement a déposé, devant l’Assemblée nationale, un projet de loi sur les OGM, retiré en novembre 2004 pour des motifs liés à des considérations juridiques. Ce projet de loi, présenté par le ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, traite de la circulation des ressources biologiques, du contrôle des OGM et de la prise en charge des risques liés à l’utilisation des nouvelles biotechnologies. Il s’inspire du principe universel reconnu aux Etats, d’organiser la protection des espèces et de favoriser un développement qui utilise d’une manière durable les ressources biologiques. Le projet de loi vise à prémunir les réserves de la biodiversité en Algérie contre les manipulations génétiques, non contrôlées et non organisées, qui risquent de provoquer une réduction du patrimoine d’espèces et de se répercuter négativement sur la santé humaine.

Dans cette perspective, c’est la loi qui aura à déterminer les conditions de collecte, de circulation et d’utilisation des ressources biologiques et des connaissances qui leur sont associées. Elle aura également à fixer les conditions de détention et/ou d’usage d’OGM, ainsi que les règles de sécurité liées à la prise en charge des risques découlant de l’utilisation des biotechnologies modernes. Il est prévu la création d’une autorité nationale des ressources biologiques. Les rédacteurs de ce texte ont tenu à rappeler que la culture des OGM représente un enjeu important en termes de commerce international.

Les experts affirment que ce siècle est celui des biotechnologies avec ce qu’ils appellent la géno-économie. Mais, pour les législateurs algériens, l’introduction des OGM n’est pas anodine du point de vue de la santé et de l’environnement. Ils soulignent, notamment, que la consommation des aliments OGM est susceptible d’entraîner « des risques inconnus pour la santé humaine car l’ajout d’un nouveau gène dans un organisme vivant peut provoquer l’expression d’un ou plusieurs gènes inactifs à l’état normal » D’où la nécessité de prévenir ces risques.

Par M’hamed Rebah, lanouvellerepublique.com