Accueil > ALGERIE > Les algériens et les vacances

Les algériens et les vacances

mardi 20 juillet 2004, par Hassiba

Le mercure ne cesse de grimper, rappelant aux plus réticents qu’il est temps de plier bagage pour un moment d’évasion. L’envie y est certainement, mais le citoyen algérien se retrouve, en définitive, confronté à un véritable dilemme : où aller et à quel prix ?

Se reposer convenablement en “saignant à blanc” sa bourse ou rester cloîtré chez soi avec pour seule consolation sauvegarder son budget familial ? La difficulté pour l’obtention du visa vient s’ajouter pour dissuader les plus motivés. Les agences de voyages et de tourisme sont pourtant là à s’adonner, tant bien que mal, à une véritable gymnastique pour assurer leur rentabilité tout en offrant un produit de qualité au moindre coût.

Grèce, Tunisie, Bulgarie, Inde, Chine, Thaïlande, Turquie, Égypte, Liban, Maroc, Malte ou encore la France sont autant de destinations d’évasion que font miroiter les agences de voyages et de tourisme. Mais à quel prix ? Un séjour entre 50 000 DA et 100 000 DA en moyenne et par personne pour une période de 8 à 15 jours n’est pas à la portée de tout un chacun. Les Algériens préfèrent alors se débrouiller et organiser eux-mêmes et partir à l’aventure. Pour ceux qui ont le visa Schengen, c’est inéluctablement la ruée vers l’Espagne avec pour grande majorité des jeunes. Les autres se rabattent sur les pays arabes avec une grande préférence pour la Tunisie.

Ils sont environ un million d’Algériens à choisir chaque année cette destination de vacances par excellence. La Tunisie est belle, accueillante, mais surtout pas chère et, en plus d’être accessible car ne nécessitant pas de visa. C’est aussi le produit proposé par les agences de voyages qui réalisent le chiffre d’affaires le plus intéressant sur cette destination talonnée par l’Espagne et l’Égypte.
M. Ziad Benhassen, représentant de l’Office national du tourisme tunisien en Algérie défend son produit en arguant plusieurs critères, dont notamment la proximité qui favorise une multitude de moyens de transport. Nombre d’Algériens ont la possibilité de partir en voiture avec toute leur famille sans avoir trop de kilomètres à sillonner. C’est valable pour les Annabis et les Tébessis et toutes les autres villes frontalières. Il y a moyen aussi de partir en bateau, ce qui semble intéresser de nombreuses familles pour pouvoir emmener son véhicule et sillonner la Tunisie. Celle-ci offre des produits diversifiés en tenant compte du rapport qualité-prix sans négliger les touristes aux bourses moyennes. Ces derniers ne manquent pas d’être très exigeants et s’avèrent être de grands dépensiers.

La longue expérience des Tunisiens leur a permis d’inclure plusieurs paramètres pour varier les prestations. Il est prévu toutes sortes de logis avec 900 hôtels (classés entre 3 et 5 étoiles) avec une capacité d’accueil de 210 000 lits. La saison estivale (fin juin-début septembre) bénéficie d’un programme spécial avec un 43 charters entre juillet-août à raison de deux vols par jour assurés par Air Algérie et Tunis Air. Cela facilite énormément le travail des agences de voyages qui arrivent à proposer, dans leur majorité, cette destination à des prix abordables, voire même les moins chers. D’autres destinations sont développées par les agences comme la Thaïlande qui est proposée par Chréa Tours. Le séjour se compte à 180 000 DA par personne. Plusieurs formules sont disponibles pour la Tunisie à partir de 30 à 80 000 DA pour 15 jours. Le Maroc (Alger-Casa-Agadir) pour lesquels un charter est réservé (pas de vol direct) est proposé de 69 à 99 000 DA pour 13 jours. Il y a aussi la Turquie pour laquelle sont réservées également plusieurs formules. Il s’agit de 5 nuits à Istanbul avec une croisière sur le Bosphore pour découvrir le prestigieux côté de la ville d’Istanbul avec les deux ponts suspendus qui relient en fait l’Europe à l’Asie. Vient ensuite le château du sultan M’hamed Fatih et la colline de Camjilia, le point le plus élevé d’Istanbul, le tout est proposé à 126 000 DA pour 15 jours dans un hôtel trois étoiles en demi-pension en plus du transport et un guide touristique. Au même prix est proposé un autre circuit pour visiter l’ancien hippodrome, la mosquée Bleue, Topkapi où se trouvent, selon les Turques, les reliques du Prophète Mohamed et les quatre califes ou alors partir à Canakkale pour admirer les ruines légendaires de la ville de Troie après avoir traversé le détroit des Dardanelles, qui relie la mer de Marmara à la mer Égée.

SunShine Algérie propose quant à elle Hammamet à 38 000 DA pour 8 jours et 7 nuitées ainsi qu’à Sousse et Monastir. Élite Voyages propose le Liban à 69 000 DA pour 8 jours et 85 000 DA pour 15 jours, le Maroc à 75 000 DA et l’Égypte à 51 600 DA pour 8 jours et 83 200 DA pour 15 jours. Select Tours propose, à son tour, plusieurs produits, dont Charm Al-Cheikh (Égypte), qui semble susciter un véritable engouement. Dix nuits pour cette destination sont proposés à 70 000 DA dans un hôtel quatre étoiles, pieds dans l’eau. Jade Voyage, pour sa part, investit un terrain inexploité et propose un séjour en France pour jeunes scolarisés avec au programme des visites aux parcs d’attractions (Disney, Futuroscope, Astérix) sur une période 15 jours à 140 000 DA pour une prise en charge totale (billet et frais de visa).
Au menu, on retrouve également une randonnée en Europe à partir de Marseille en passant par les parcs d’attractions de la France à ceux d’Allemagne, ainsi que des visites au Danemark durant 18 jours à 140 000 DA. Malte, quant à elle, est proposée à 48 800 DA (tarif de base dans un hôtel trois étoiles) jusqu’à 85 000 DA dans un hôtel 5 étoiles pour 8 jours et 7 nuitées en demi-pension. Des propositions aussi tentantes les unes que les autres, mais combien sont-ils réellement à se permettre le rêve ?

Témoignage d’un professionnel
Chek-Tours : pour un tourisme de communication
Dès qu’on franchit le seuil de l’agence Chek-Tours, on se sent tout de suite plongé dans un univers de voyages et pris par l’envie irrésistible de bourlinguer à travers le monde. Des objets disposés çà et là, sur les murs, sur les bureaux et dans les moindres recoins de l’agence, témoins d’une nuée de souvenirs de voyage, sont la preuve tangible d’une longue expérience dans le domaine. La parfaite illustration d’une véritable passion pour ce métier. Quoi de plus normal. Le maître des lieux n’est autre que Mouloud Chekaoui, ancien cadre de l’ONT, qui compte à son actif de nombreuses années au sein de la famille du tourisme. Pour lui, l’aventure n’est pas à épiloguer. Elle se poursuit à travers Chek-Tours, son agence de voyages et de tourisme, au boulevard des Martyrs. Également ancien homme de médias, Chekaoui perpétue la passion du journalisme en mixant dans une parfaite osmose “tourisme et communication”. Un nouveau concept introduit en ces temps difficiles où le touriste, étranger ou algérien, est devenu l’oiseau rare pour plusieurs raisons. Le témoignage de ce professionnel résume la situation actuelle des agences de voyages et de tourisme.
“Malgré l’instabilité qu’a connue le pays, la destination Algérie peut facilement retrouver ses lettres de noblesse car la clientèle intéressée par le marché algérien reste omniprésente. Pour les agences de voyages et de tourisme, la difficulté dans l’obtention des visas se révèle être un obstacle important et limite sensiblement les offres de voyage. Du coup, la Tunisie représente pour les agences une bouée de sauvetage pour réaliser des taux record en été et se rattraper sur le reste des saisons. Le tourisme religieux (omra et hadj) permet à son tour aux agences de subsister mais ne peut en aucun cas être véritablement salvateur. Une agence est confrontée à des charges auxquelles elle doit faire face en plus du souci de rentabilité”, nous dit ce professionnel qui, au passage, n’omet pas d’aborder le problème du transport aérien ou même terrestre dans toute sa dimension.
Le manque d’infrastructures n’est pas non plus étranger, de l’avis de M. Chekaoui, à la flambée des prix exercés par les hôtels et les complexes qui, en l’absence de toute concurrence, s’adonnent à des pratiques qui ne favorisent en aucune façon l’essor du tourisme. Mais que faire alors ? S’adapter ou disparaître ? Pour Chek-Tours, c’est le souci de qualité avant tout. Cap alors sur de nouveaux créneaux tels que s’investir dans le tourisme des congrès et séminaires. Que peut bien vouloir dire ceci ? Chekaoui parle de l’idée de joindre l’utile à l’agréable en incitant les organismes à tenir leurs manifestations en dehors d’Alger ou carrément en dehors de l’Algérie. Une manière de découvrir le pays, comme c’est le cas de la tenue du congrès des médecins ORL à Ghardaïa en 2000 ou encore celui des ophtalmologues organisé à El-Oued. D’autres séjours sont concoctés pour le compte de laboratoires médicaux, du Pnud ainsi que des personnalités diplomatiques qui, au vu du sérieux de cette agence, n’hésitent pas à faire appel à ses services. Chek-Tours organise aussi des séjours en Tunisie dont les prix varient selon le choix du client et de la durée du voyage. Les séjours dans le désert sont réservés pour la période allant d’octobre à avril.

Par Nabila Saïdoun, Liberté