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Les ârouch veulent poursuivre le dialogue

Les Délégués attendent un geste de Bouteflika

lundi 8 mars 2004, par Hassiba

Le processus du dialogue entre les ârouch et le chef du gouvernement pourrait être relancé. C’est du moins l’espoir des délégués du mouvement citoyen qui rappellent que cette suspension ne veut pas dire rupture définitive des ponts.

Ali Gherbi considère que c’est à l’Etat de faire un effort et de montrer plus de volonté à régler la question. Estimant positives les dernières sorties du chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, il relève, néanmoins, que la position de l’Etat sur la question identitaire est paradoxale. « Tout le monde est contre la proposition d’un référendum, y compris l’Etat », a-t-il déclaré au Quotidien d’Oran. Il compte également sur « l’intelligence de l’Etat pour faire avancer le processus mis en branle ».

Le mouvement citoyen attend donc « quelque chose » de positif de l’Etat, notamment du président de la République qui a encore toutes ses prérogatives jusqu’au 8 avril prochain. Ali Gherbi pense qu’un geste dans ce sens de la part du Président pourrait apaiser les inquiétudes. « Cela d’autant que, a-t-il affirmé, la situation en Kabylie est électrique ». Il y a un sérieux risque d’affrontements durant la campagne si aucune initiative n’est prise, a-t-il ajouté.

Réticent au dialogue au départ, Ali Gherbi déclare s’être soumis à la volonté de la population et indirectement à l’appel du chef du gouvernement dont l’objet était la mise en oeuvre de la plate-forme d’El-Kseur. « Maintenant que le processus est enclenché, il faut y aller jusqu’au bout », a-t-il dit en souhaitant qu’une solution soit trouvée à l’obstacle de l’officialisation de tamazight qui, rappelle-t-il est un point parmi les 15 de ladite plate-forme.

Quant au contact avec Ahmed Ouyahia, il considère que les portes restent ouvertes malgré le blocage. Parce que, a-t-il estimé, dès le moment où le rejet de tout contact avec l’Etat a été supprimé du code d’honneur, il n’y a plus aucune raison de refuser le dialogue. « Rien ne pourra justifier l’arrêt du dialogue », a-t-il souligné. Tout en restant ouvert à passer à une autre étape du dialogue, Gherbi refuse que l’Etat « décrète seul l’arrêt des négociations ». Toutefois, il réclame des « concessions » pour reprendre langue avec Ahmed Ouyahia. Il s’agit notamment pour le chef du gouvernement, exige d’une certaine manière le délégué d’El-Kseur, « de rectifier son tir ». La solution selon Belaïd Abrika passe par la voie parlementaire. Le principe du refus de la solution référendaire est indiscutable, a déclaré le délégué de la CADC de Tizi Ouzou. La mise en oeuvre sera facilitée, une fois que l’écueil de l’officialisation de tamazight acquise, les autres revendications seront faciles à régler. Mais malgré son optimisme, Belaïd Abrika a relevé que les incidences ne connaissent pas encore les résultats escomptés. Des travailleurs ne sont pas réintégrés, les élus sont encore en poste et la commission fiscale n’avance pas.

Celui qui donne l’air d’un radical adopte un discours plutôt conciliant en affichant une position très modérée de pacifiste. « Nous posons des problèmes réels auxquels nous voulons de vraies solutions », dit-il. Le fait d’accepter de dialoguer est en soi, selon lui, un signe de bonne volonté.

Pour l’instant, la campagne de sensibilisation contre le vote se poursuit à travers toutes les localités de la région où des meetings sont régulièrement organisés. Mais cela ne veut pas dire, précisent nos interlocuteurs, que l’option est définitive. Cela participe des pressions sur le pouvoir pour qu’il n’occulte pas la crise de Kabylie dans « cette conjoncture électorale ». Ce qui explique l’insistance de Gherbi pour la reprise du dialogue avant le scrutin. Et c’est parce que seul un geste du Président peut être considéré comme une décision.

Les autres candidats, affirme Abrika, ne peuvent faire que des promesses. La conjoncture est donc favorable, d’autant que si le Président fait un pas, estime Gherbi, il ne pourra pas reculer. Autrement, c’est le retour à l’option adoptée : le boycott qui sera une démonstration de « notre algérianité tronquée », a-t-il souligné.

Les regards sont braqués maintenant sur Ouyahia « sommé » de répondre à cette volonté de poursuivre le processus du dialogue.

Djilali B., Le Quotidien d’Oran