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Les évènements qui ébranlèrent l’Algérie en 1988

samedi 4 octobre 2008, par Rédaction

A ce jour, nul n’a pu identifier précisément les origines de l’étincelle qui, aux premiers jours d’octobre 88, embrasa l’Algérie toute entière.

Les évènements du mois d’octobre 1988 en Algérie.

Contrairement à une idée reçue, les manifestations, incontrôlées et d’une rare violence, durant lesquelles des foules de jeunes déchaînées se déchaînèrent contre tout ce qui pouvait représenter l’autorité de l’Etat en Algérie, débutèrent réellement le 4 et non pas le 5 octobre 1988. Dans la capitale, et plus précisément dans la quartier de Bab El Oued, des centaines d’entre eux s’attachèrent à vider consciencieusement les magasins d’Etat, les tristement célèbres « Souk El Fellah », synonymes de pénuries à répétition, des denrées et produits électroménagers qui y étaient stockés et qui, habituellement, étaient particulièrement difficiles de se procurer. Fut également enfoncé et totalement vidé un important entrepôt d’une manufacture spécialisée dans la confection des produits en cuir, d’importantes quantités de chaussures de sport destinées à l’exportation et introuvables, alors, sur le marché. C’est également dans ce quartier populaire et populeux que commencèrent à être incendiés les premiers véhicules appartenant à des entreprises et à des organismes de l’Etat. Le 5 octobre 1988 en Algérie, les saccages et les exactions gagnèrent la majorité des quartiers de la capitale. Des magasins d’Etat tout comme ceux appartenant à des privés furent, là aussi, défoncés et leur contenu emporté ou jeté dans la rue. Des permanences du parti unique de l’époque, le FLN, les mairies, les commissariats, les daïras, les bureaux de poste, les hôtels de luxe, les agences de compagnies aériennes ainsi que les sièges d’organismes officiels furent saccagés ou incendiés par des marées humaines. Curieusement, à ce moment, aucune force de police ne se décida à intervenir pour tenter de chasser les émeutiers.

Petit à petit, et comme par l’effet d’une traînée de poudre, le mouvement de protestation gagna les agglomérations de l’intérieur de l’Algérie. Après Alger, il paralysa les activités de presque toutes les villes, à l’image de Blida, Constantine, Oran, Bordj Bou Arréridj, Sétif, Chlef, Annaba, Aïn El Hammam, Mostaganem, Boufarik, Zéralda, Sidi Bel-Abbès, Djelfa, Ouargla… Le 6 octobre et devant la tournure que prit cette flambée de violence incontrôlée, l’état de siège est officiellement décrété. Tout comme dans la capitale, des contingents de l’armée sont dépêchés pour tenter de ramener l’ordre. Les tout premiers chars font leur apparition dans le quartier de la Grande poste. Cette nouvelle donne ne dissuada pas, pour autant, les manifestants. Les pillages et les destructions s’amplifièrent. Des armes sont dérobées des commissariats. Les affrontements ont lieu entre les militaires et les insurgés. Des pelotons de l’armée, apparemment paniqués, ouvrent le feu, à diverses reprises. Octobre commença à ce moment à compter ses premiers morts et blessés. Les morgues des hôpitaux sont, à un moment, débordées. Le vendredi 7 octobre, des groupes d’intégristes qui, jusqu’alors, avaient adopté une position d’observateurs, décident de s’impliquer pour prendre la direction de ce mouvement. Les heurts se multiplient entre les manifestants et les contingents de l’armée. Ils provoquent de nouveaux morts et blessés parmi les civils. Des bruits alarmistes font état de milliers de morts et de blessés. Partout des tirs d’armes automatiques se font écho. Des personnes installées à leurs fenêtres sont tuées ou blessées. Dans la journée de dimanche une manifestation organisée à l’initiative du FIS, lequel a, entre-temps, commencé à récupérer le mouvement de protestation, débouche à proximité du lycée Emir-Abdelkader, à Bab El Oued. Des tirs dont on n’a jamais expliqué l’origine sont entendus. Croyant peut-être être pris à partie, les militaires présents sur les lieux tirent sur la foule. On relèvera une trentaine de morts et plusieurs dizaines de blessés. Un témoin arrivé là par hasard et qui recevra à ce moment pas moins de 9 balles dans le corps racontera comment au moment où il tentait de prêter secours à une jeune fille blessée, la boîte crânienne de cette dernière explosa littéralement « et me couvrit de cervelle en bouillie ». Le 12 octobre, le Président Chadli Bendjedid annonce l’organisation d’un référendum constitutionnel marquant la fin de l’ingérence dans les affaires de l’Algérie, de l’Etat-FLN. Après la cessation des émeutes, des sources difficilement vérifiables, contrariant en cela les chiffres officiels, feront état du décès de 500 à 600 manifestants ainsi que de quelque 4 000 arrestations.

Synthèse de Mourad, www.algerie-dz.com
D’après Le Jour d’Algérie