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Les réformes politiques en Algérie vu par des experts américains

mardi 26 avril 2005, par Stanislas

Les pays arabes ont, en tout temps, motivé leurs hésitations, s’agissant des réformes politiques, en ayant comme alibi la violence en Algérie, survenue lorsque le pays s’est ouvert il y a 15 ans à la démocratie. Un motif que les Etats-Unis, chantres des réformes dans le monde arabe et au Maghreb, tentent, ces derniers temps, de contrecarrer en soutenant que l’Algérie a su se redresser et corriger ses errements depuis 1999.

C’est la thèse qui sert, désormais, de paravent à l’administration américaine pour convaincre de la justesse de sa démarche de réformes dans le monde arabe, selon des experts cités par le Financial Time dans un récent dossier consacré à l’expérience algérienne en matière de réformes.

Aux yeux des responsables américains, le cas algérien est un exemple « vendable », en dépit des craintes de dérapages suscités chez les dirigeants arabes. Le risque d’une montée au pouvoir du courant islamique dans le monde arabe est perçu comme le scénario du pire par les dirigeants arabes, même si cette mouvance bénéficiait d’une large assise populaire.

Les experts américains soulignent que la percée du Front islamique du salut (FIS dissous) en Algérie a laissé une trace indélébile dans l’histoire politique de la région. Toutefois, l’Algérie a su se ressaisir des années de violence et de chaos pour se diriger vers des réformes qui contredisent désormais les « visions autocratiques » des dirigeants arabes, commente, de son côté, le journal des milieux de la finance.

Beaucoup considèrent, estime le journal, que l’Algérie a besoin encore de plus de libertés et de davantage d’efforts en vue de promouvoir les réformes en cours. La réélection à une très large majorité du président Bouteflika en avril 2004 est certes un motif d’assurance bien que le président avait eu recours à des mesures qui ont empêché ses principaux rivaux d’émerger.

La stabilité est de retour quoique les Algériens, note le journal, s’interrogent s’il s’agit d’un retour véritable de la démocratie ou d’une mise en scène soigneusement préparée d’une démocratie de façade. Les experts cités encore par le journal estiment que l’absence de l’Algérie de la liste des pays arabes pressés par Washington d’engager des réformes politiques est un indicateur que ce pays bénéficie du quitus américain.

La position américaine à l’égard de l’Algérie en matière de réformes est qualifiée de « grossesse silencieuse » par un responsable d’une organisation de défense des droits de l’homme américaine. Selon lui, cette position reflète la considération que porte l’administration américaine au traumatisme vécu par l’Algérie ces dernières années et au fait que le pays s’est relevé de ses blessures avec ses propres moyens en vue de se diriger ensuite vers un système pluraliste.

Les Etats-Unis ont, en outre, relégué tous les scepticismes en proclamant l’Algérie comme leur allié stratégique dans la lutte contre le terrorisme international et un partenaire tout indiqué dans la promotion de la démocratie dans le monde arabe.

Les Américains en veulent pour preuve la liberté de manœuvre que possèdent la presse et la société civile en matière de liberté de ton et de modernité. Entre autres arguments retenus par Washington, le retrait progressif de l’armée de la scène politique et l’intention déclarée des autorités algérienne de recourir à l’amnistie pour engager le pays dans la réconciliation nationale.

Ces démarches sont autant de principes développés par l’administration américaine pour défendre l’exemple algérien face aux réticences des régimes arabes qui ne cachent pas leurs craintes, relèvent des experts, que les réformes algériennes ne soient que de la poussière que l’on cache sous le tapis.

Par Zouaoui Mouloud, jeune-independant.com