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M. Mechatti scandalisé par les évènements de Sfax

"Je suis pour le boycott vers la Tunisie"

jeudi 11 mars 2004, par Hassiba

Graves sont les révélations faites hier à propos des pratiques de la police tunisienne à l’égard des Algériens par Mohamed Mechatti, ancien consul à Tunis (1978-1982) et membre du groupe historique des 22.

« Ce qui s’est passé à Sfax lors de la Coupe d’Afrique des nations était prémédité. Je connais les procédés des policiers tunisiens et je sais comment ils font pour provoquer les Algériens. Quand j’étais à Tunis, des centaines d’interpellations et d’expulsions y avaient eu lieu », a déclaré Mohamed Mechatti lors d’une conférence de presse animée hier au siège du Matin.

L’orateur, qui était consul à l’époque où le Président tunisien actuel Zine El Abidine Ben Ali était directeur de la Sûreté nationale, a jugé scandaleux le silence des autorités algériennes après les incidents de Sfax.

« Je suis scandalisé, outré après ce qui s’est passé. Ce qu’a déclaré Zerhouni est encore plus scandaleux. Dans pareille situation, il aurait fallu penser à la fermeture des frontières algéro-tunisiennes », recommande M. Mechatti qui n’a pas manqué de s’attaquer aux décideurs algériens. « Ils sont préoccupés par la course au pouvoir au lieu de se pencher sur cette affaire qui a pourtant coûté la vie à de jeunes supporters », regrette le conférencier.

Agé aujourd’hui de 83 ans, M. Mechatti se rappelle toujours d’un incident qui s’était produit en Tunisie, il y a de cela 24 ans, lorsque les vacances d’un groupe d’étudiants de l’université d’Annaba se transformèrent en cauchemar. Partis pour des vacances de fin d’année en décembre 1980, près de 70 universitaires ont vite fait de regagner le pays après le drame qu’ils ont vécu.

Ayant tracé l’itinéraire de leur voyage en consultation avec les représentants du consulat tunisien à Annaba, les touristes algériens se sont retrouvés à Monastir où certains d’entre eux ont fait l’objet d’une bastonnade au commissariat de la ville. Il y avait eu même une tentative d’enlèvement d’une jeune fille par deux policiers en civil alors qu’elle se promenait avec son ami avant que d’autres étudiants (une vingtaine selon l’orateur) ne soient interpellés pour être conduits au commissariat et séquestrés.

Sans l’intervention de M. Mechatti - informé par le reste du groupe sur la bastonnade - auprès du gouverneur de Monastir et après moult tentatives de le joindre par téléphone, les étudiants n’auraient pas été libérés. « 

Heureusement que j’étais au consulat le 31 décembre 1980 pour prendre en charge le dossier. J’ai même fait établir des certificats médicaux aux étudiants », raconte M. Mechatti tout en notant qu’un rapport détaillé sur cette affaire a été adressé au gouvernement algérien qui « a bien réagi à l’époque puisqu’il y a eu fermeture des frontières », dit-il, avant de conclure : « Les évènements de Sfax sont une grave récidive mais il n’y a eu aucune réaction officielle. Et pourtant, c’est une affaire d’autorité nationale.

Je suis pour le boycott de cette destination pour infliger au Pouvoir tunisien une bonne punition. »

Samira Imadalou, Le Matin