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Mouloud Hamrouche : “Le scrutin présidentiel est verrouillé”

jeudi 1er avril 2004, par Hassiba

Mouloud Hamrouche est la seule voix dissonante de cette élection présidentielle. Hier, au Forum de Djazaïr News, organisé à l’hôtel Sofitel, l’ancien Chef de gouvernement, sous Chadli Bendjedid, a persisté et signé : “le scrutin présidentiel est verrouillé. Ses résultats sont connus d’avance”.

De toute vraisemblance, il n’accorde pas beaucoup de crédit à la neutralité de l’armée, puisqu’il a affirmé que “le changement ne viendrait que de cette institution, quand elle le voudra bien”. Celui qu’on appelle le père de l’ouverture démocratique a ajouté que cette fois-ci, “nous ne sommes pas devant un choix populaire, mais devant le choix du régime auquel doit adhérer le peuple”.

Il n’y va pas par quatre chemins pour asséner une autre de ses vérités : “Je risque de choquer l’opinion publique, mais je redis qu’il n’y aura pas de changement, en dehors de la volonté de l’armée et aussi parce qu’il n’y a pas de partis politiques assez forts pour gouverner”. À partir de là, il eut des mots très durs pour les six candidats qui s’affrontent dans la bataille électorale. “Les candidats évoluent dans une bulle, en déphasage avec la réalité”. De l’avis de Mouloud Hamrouche, aucun d’eux ne fait des propositions concrètes, ni n’aborde les véritables préoccupations des citoyens. “Ils font dans la démagogie”.
“En conséquence, les deux tiers des électeurs se désintéressent de l’élection présidentielle”, a-t-il rapporté.

Il a précisé que la valse des déclarations de soutiens à un candidat ou à un autre “entre dans le cadre de surenchères politiques et de guerre psychologique. La réalité du terrain est totalement différente”. Commentant les dérapages qui émaillent la campagne électorale, l’ancien Chef de gouvernement a estimé le phénomène naturel s’il ne franchit pas les limites du tolérable. “En l’absence d’un discours politique chez les candidats, l’adversité s’oriente vers les personnes. Il est donc naturel que cela déborde sur la violence physique”, affirme l’ancien Chef de gouvernement.

Sur les attaques du président de la République, candidat à sa propre succession, contre la presse privée, Mouloud Hamrouche s’est dit gêné de s’exprimer sur ce propos. En fin diplomate, il s’est limité, en fin de compte à rappeler que des articles virulents contre lui ont été publiés, durant la période où il assumait les charges de Chef de gouvernement (1989 -1991). “Je me suis toujours refusé, pourtant, à critiquer la presse”. Il s’est montré, par contre, peu amène pour le front contre la fraude, appelé communément “groupe des dix”. Il a soutenu que l’objectif principal de ce groupe consistait à la mise en place de conditions idoines, dans lesquelles devrait se dérouler le scrutin présidentiel.

“Malheureusement, les membres du groupe ont changé de position. Le résultat, nous le connaissons”.

S.H., Liberté